Nuit du réveillon
Nuit des grands frimas
Nuit où la grande étoile luit
Nuit où tous les vœux sont permis
Cette nuit – depuis 2012 ans (+ ou – 7) elle bouscule l’humanité une fois l’an - apporte dans ses bagages un invité d’office. Chacun, secrètement, semble espérer sa venue, y attache tout son cœur. Mais c’est un être très fragile ; il lui faut des conditions spéciales pour pouvoir prendre sa place, d’où la déception profonde parfois quand la chaise reste vide malgré elle. Certaines personnes osent y croire chaque année, un espoir ténu mais très résistant, d’autres éteignent d’avance la bougie de ce beau rêve, la porte à peine entrebâillée se refermant sur un cœur en souffrance.
Alors malgré les bûches qui crépitent dans la cheminée, malgré les cantates de Noël égrenant leurs mélodies en arrière-fond, malgré le repas délicieux et fumant, les plats raffinés, malgré la présence des amis ou des membres de la famille autour de la table, le cœur souffre en silence: un espace de tristesse, un lac de larmes gelées, une forêt de pensées sombres et ténébreuses, une montagne d’injustices ravalées, un coin secret, rempli d’amertume, des blessures cachées. On fait semblant ou bien on s’emporte carrément ! La vraie joie cependant, celle qui nourrit et ressource, n’y est pas. Le lendemain, on entend beaucoup de soupirs: ouf, c’est derrière nous !
Pourquoi le bonheur simple et chaleureux a-t-il autant de peine à s’installer en nous un soir de réveillon? Les attentes sont-elles trop grandes, trop démesurées ? La vie est-elle trop lourde à porter ? Que s’est-il passé avec nos cœurs d’enfants ? Où s’en est allée l’étincelle du merveilleux?
Il doit bien pourtant y avoir un endroit secret, dans un repli du cœur, où se trouve la clé du bonheur. La nuit de Noël, quand sonnent les douze coups de minuit, peut-être cette petite clé magique a-t-elle le pouvoir d’ouvrir une porte secrète. En tendant fort l’oreille, en faisant silence en nous, le temps d’un espace insoupçonné, peut-être entendrons-nous, tel un souffle léger, la mélodie du bonheur traverser l’espace sacré.