Liturgie d'automne

Imagine les vallées enivrées d’encens,
Nappées de brume,
Dépouillement hivernal.

Illuminé de gris, saigne le silence d’un ciel voilé.

Giboulées d’effroi,
Noirceur des sapins, aux branches assoiffées de neige.

Epargner l’instant, l’aube va se lever ;
Zébrures diaphanes de la hêtraie endormie.

Vérité crue de l’automne, le chêne torturé dévoile sa fragilité,
Ombres et lumières, la part cachée de nos vies.

Un veilleur, à la croisée des chemins, néant de l’homme seul ;
Suspendre le temps, tout est grâce, l’été hier, l’automne aujourd’hui.

S’étonner toujours des nuées tourmentées du soir,
Traverser ses ténèbres, cultiver la joie,
Evidences voilées des cailloux du Petit Poucet.

Plages de silence d’un matin d’hiver,
Humeurs noires des temps du labour,
Attendre la pluie, pour refleurir au printemps, au cœur des pierres.

Naissent les boules de gui, annonces d’Avent.

Epaisseur du chemin, requiem pour une feuille morte, mécanique de la chute.

Humilité des bois nus, la brume se lève dès l’aurore, élégance des eaux.

Ecouter la terre, entendre la louange fauve des feuilles endormies.

Soudain la lumière traverse les ténèbres,
Soupirs d’allégresse, la vigne a donné son fruit.

Enroulée au vide d’un balcon déserté,
La forêt d’automne, compte, aux rides de l’étang, ses printemps enfuis.