Indignez-vous, braves gens ! Indignez-vous, quand la misère humaine rencontre l’infamie humaine.
Dans des conditions précaires, ils sont venus de loin, de très loin par delà les montagnes, les déserts et les océans, de leur Bangladesh natal. Pour fuir, qui la misère, qui la répression, attirés par un mirage, une illusion vite déçue par la brutale réalité. La France n’était pas, ne pouvait pas être, le pays de Cocagne dont ils avaient rêvé.
Qu’importe, ils s’en sortiraient, ils attendraient sans faire de vague la régularisation de leurs papiers, gage d’une relative tranquillité d’esprit. Pour se fondre dans le décor, ils ont déniché un petit boulot de vendeurs de fleurs à la sauvette. A la sauvette ! L’expression dit bien ce qu’elle veut dire : en vitesse, sans autorisation et la fuite en cas de problème !
Se frayer un chemin, le soir, entre les tables, pour proposer des fleurs à la terrasse des cafés ou des restaurants dont le patron ne vous a pas jeté dehors, n’est pas une sinécure. Rares sont les clients qui acceptent de débourser 1,20 € ou 1,50 € pour une rose qui finira, oubliée sur la table. Le romantisme se perd… Invariablement les couples font « non » de la tête, certains ne daignent même pas répondre. Pourtant, bon an, mal an, depuis quelques années déjà, ils subsistaient et parvenaient même à envoyer quelques maigres économie vers leurs familles restées au pays. C’était déjà un espoir…
Mais voilà ! A Lille, ils sont tombés sur deux crapules, investies, qui plus, est de l’autorité avec un grand A. Deux canailles, chargées en principe de protéger les plus faibles… deux agents de la police aux frontières. Non contents de leur extorquer leur recette, des sommes parfois dérisoires, ils ont fait subir aux victimes des brimades physiques, les emmenant dans des endroits déserts pour leur faire vider leurs poches, au besoin à coup de gifles et de menaces. L’un des Bangladais s’est vu voler ses économies au cours d’une perquisition à son domicile dont il avait donné l’adresse dans un moment de panique, et certains réfractaires se sont même fait confisquer leurs roses ! Je n’ose penser que les deux dévoyés comptaient les offrir en rentrant à leur femme !
Le manège a duré plusieurs mois, voire plusieurs années. Porter plainte n’est pas chose facile quand on est en situation irrégulière, il faut du courage. L’un d’entre eux l’a eu, et les deux fripouilles ont été mises en examen et écrouées. Ils risquent sept ans de prison et plusieurs milliers euros d'amende, dont on peut se demander à qui ils profiteront…
Indignez-vous, braves gens ! Indignez-vous, quand la misère humaine rencontre l’infamie humaine.