Les mots qui prient
La foule bigarrée, ondoie
Patchwork de couleurs, qui tournoie
Lentement, doucement, un chant
S’élève, brut, bouleversant.
Sur la place de terre nue,
C’est un air déjà bien connu,
Qui s’échappe en un souffle chaud,
Porte leur cri, toujours plus haut.
Sur le sol, les pieds martèlent
Les consciences jusqu’à l’autel,
Les corps réveillent la terre,
la fouillent, priant leur mère,
Pour que d’outre-tombe, viennent
Les mots lancinants de l’antienne,
Murmure ténu, de vie tapie
Dans les entrailles assoupies.
La musique s’enfle, cesse
Repart, les mots sont en liesse,
Les gorges s’ouvrent, se dénouent,
Les corps tremblent, tombent à genoux.
Partout les timbres s’unissent,
Pour que la terre se plisse
Et reçoive ce don précieux,
Liquide fertile des dieux.