Saga de l’empire du mal.
Par cette après-midi maussade, Zéphir et Vénus, les deux petites minettes fraichement adoptées regardent à la fenêtre, tomber la pluie. Soudain intriguées par les allées et venues dans le passage Albert Premier, elles s’interrogent et dissertent sur leur condition de chat domestique.
- Rohhh, tu as vu les nouveaux voisins ? Ils ont l'air bizarre !
- Rohhh. Qu’est- ce qu’il fait, l’empereur ?
-J’en sais rien mais depuis un moment que je l’observe, il a pas bougé d’un poil.
On dirait qu’il est à l’affût de quelque sournoiserie, encore !
-Tiens ! Voilà le jeune trou duc qui rapplique !
C’est pas vrai ! Ils installent une trappe sous le chêne là-bas.
- Celui, où tout le monde va chasser les mulots ?
-Oui ? Celui où Biscotte va faire la sieste.
-Oh va falloir faire gaffe ! Ça ne me dit rien qui vaille toutes leurs manigances !
Ils ont capturé Lalita notre douce voisine qui s’était échappée de chez la Bécassine dernièrement.
Je peux te dire qu’elle a pas mis longtemps à finir en civet !
-La pôvre ! Mais comment tu sais ça toi ?
-J’ai trouvé la peau au fond de sa grange, l'autre jour qu'ils m'avaient enfermée.
-Ah !
- Elle était pendue à un clou. Tu n’imaginerais pas tout ce qu’il y a là-dedans !
Des machines à tordre, des machines à détordre, des machines à couper l’herbe, des machines à tondre, des machins que tu sais même pas à quoi ça sert…
Bref de tout et de n’importe quoi.
Frimousse le gros me disait qu’il fallait faire très attention car il ne nous aime pas. Il m’a parlé de Tigri, le gros chat gris qui était son frère.
Un jour, il a disparu, plus personne ne l’a jamais revu. Mais il se murmure chez les chats, qu’un certain Albert Premier en a fait une carpette.
La vieille peau, l’impératrice, lui lançait des cailloux pour le faire fuir, elle ne supportait de le voir courir dans les près.
-Elle est pourtant pas bien leste, la vieille !
-Oui, maintenant, qu’elle marche à 4 pattes, mais avant ! Frimousse me disait qu’elle se promenait partout dans la campagne à fouiner chez les uns et chez les autres, pour voir s’il n’y avait rien à « rapiner ».
- A « rapiner » ?
- Oui, à dérober, elle prospectait pour sa tribut, quoi !
- Je suppose qu’elle marchandait à bon prix !
- Tu penses bien, que ce n’était pas pour acheter, tu peux me croire ! Elle repérait les trucs intéressants, comment s’en accaparer sans être vu, les habitudes des gens, l’accessibilité des lieux, une vraie détective, quoi !
- Regarde ! Ils ont fini leur installation ! Ils reviennent !
- Ils vont dans la grange !
- Oh ! C’est Lalita !
- Sa peau, tu veux dire ! Tiens, ils vont l’installer dans le piège. Les renards et les blaireaux n’ont qu’à bien se tenir.
En tout cas, moi, je vais dire au Patou de ne pas nous laisser là, il faut qu’on déménage, ici c’est trop dangereux, et la Scandélia sera contente, elle qui n’aime pas être ici !!
-Oui, on ira en Auvergne, las bas, c’est bien, il y a de la place et les voisins ne manquent pas de piquants !
-Rohhh Il y aura des festins de rats, et le grenier est immense !
- Ou alors en Ardèche, on retrouvera le Robert, c’est chouette
!