Je ne sais pas trop pourquoi j’ai décidé de venir m’enterrer dans ce trou. Pour prendre l’air, le frais, le large, ouhai, c’est ce qu’on dit dans ces cas là, je suppose.
Inutile de nier, je commençais à saturer dans mon bureau-appartement trois pièces. Et puis les nuits sans sommeil, les planques interminables dans la bagnole à manger des frites froides à deux heures du matin.
Tout ça pour choper en flag’ un mari en goguette, une épouse infidèle, ou un employé qui truande sa boîte.
La vie trépidante d’un détective privé dans toute sa splendeur. On est bien loin des séries télé habituelles avec des zorros qui résolvent un crime par épisode.
Ben, en attendant, me voici dans ce gîte rural, à me demander ce que je vais bien pouvoir faire de ma journée.
Les propriétaires sont plutôt sympas, bien qu’un peu curieux, à mon goût. Manquerait plus que je leur raconte mon job, et tout le village rappliquerait pour discuter avec le détective, non merci !
J’observe les chats de la maison, plantés sur le rebord de la fenêtre depuis un long moment. Ils restent immobiles comme des statues, imperturbablement sérieux, en train d’épier dehors.
Je parie qu’ils sont en train de se dire :
« Rohhh, tu as vu les nouveaux voisins ? Ils ont l'air bizarre ! »
C’est ça, ils observent le voisinage, rien n’échappe à leur regard acéré et averti. De vrais limiers ces deux là.
Décidemment, je ne peux pas m’empêcher de penser au boulot, même ici au fin fond de nulle part ! Je ferais mieux d’aller me balader dans la campagne, c’est pour ça que je suis venu, après tout !
Tiens, j’entends des sirènes, des fourgons de gendarmerie approchent.
Bizarre, ils se garent chez les voisins, dans un fracas de crissements de pneus.
Tiens, les chats bondissent brusquement de leur poste de gué, sortent en trombe par la porte de derrière et courent vers la maison d’en face.
Je crois que les coupables sont faits comme des rats.