J’en avais complètement marre de la voir se prélasser au soleil avec pour unique horizon son nombril à poils . Elle foutait en l’air ma vie, mes amours, mes emmerdes, faisant de moi ce que je ne voulais pas ,mais ce qu’elle voulait, elle.
J’avais pourtant déjà presque tout essayé pour la chasser. J’avais déclaré la guerre à l’alcool, aux pilules et aux mauvaises idées.
Mais quand elle revenait avec son sourire enjôleur me vanter les délices cachés de son panier, je ne pouvais longtemps résister devant tant de tentations exhibées sous mon nez et je succombais.
J’en étais arrivée à me demander qui de nous deux était la plus cinglée, la plus vicieuse , la possédée .
J’ai donc pris les grands moyens : J’ai consulté.
Mais pas n’importe qui. J’ai choisi le meilleur, le plus cher, le plus connu des psychiatres, des docteurs en sorcelleries parallèles.
Je ne dirai pas son nom car je suis tenue par le secret promis et juré devant Hippocrate.
Ah , ce n’ était pas de la tarte …
Des séances allongées sur un divan à clous qui me rentraient dans le dos par derrière pour mieux me faire sortir ce que j’avais dans le ventre par devant.
Cela coutait un os.
Et des chocs électro magnétiques que m’envoyait l’autre fou de son fauteuil tout en grognant et en faisant de grands signes de croix… à en perdre la foi en quoique ce soit sauf en moi…
C’est ce qui arriva et me sauva !
Mes lubies, mes certitudes, mes croyances, mes manies valsèrent à la poubelle dans un grand appel d’air.
Ma folie retomba la tête la première sur terre, après la fonte de ses ailes au soleil et devint douce comme la lune le soir.
Merci de m’avoir quittée ?
M’ a –t-elle vraiment quittée ?
En tous les cas, je suis mieux (sans elle) avec moi.