« Ce volatile est un vrai pot de colle ! Je dois dire qu’il porte bien son nom ! « Inséparable » ! On est toujours inséparable de quelqu’un et lui, il est tout seul, alors c’est normal qu’il cherche un peu de réconfort dans une présence. Le problème c’est qu’il a jeté son dévolu sur moi. Je me demande si avec tout le battage fait autour du mariage pour tous, il ne se ferait pas des idées par hasard. Alors là, je dis NON, tout net !
—Tu sais que je t'aime, toi !
—Oui, oui, je sais. Tu me le répètes au moins vingt fois par jour. Mais là, tu vois, j’essaie de me livrer à mon occupation favorite : la sieste, alors si tu pouvais…
—A deux, c'est mieux !
—Je ne trouve pas, je suis beaucoup plus détendu tout seul et puis tu sais que je suis allergique aux plumes, tu me fais éternuer !
Comment faire pour m’en débarrasser ? Je pourrais lui raconter des histoires d’horreur, lui parler de mon instinct de prédateur, de chats aux babines poisseuses de sang frais, de pauvres corps ailés, pantelants sous une griffe acérée, de tendres oisillons tombés du nid, tout rôtis dans une gueule béante… Mais j’ai déjà essayé et ça ne marche pas. Il sait que je bluffe et il a raison. Jamais je ne porterais la patte sur lui, et loin de moi l’idée de le croquer. Qui sait, avec ses couleurs tape-à-l’œil il est peut-être vénéneux, toxique, en un mot, immangeable…
Je vais faire semblant de dormir, peut-être s’ennuiera-t-il et ira-t-il porter son affection ailleurs…
« Tu dors ?
—…
—Hé, tu dors ?
—…
Je crois qu’il dort vraiment. Je vais m’installer tout contre lui et écouter nos deux cœurs battre à l’unisson. Ce chat est une vraie pâte. Doux, moelleux, patient et pas une once de malice en lui. J’ai vraiment trouvé ma moitié d’orange comme disait cet auteur aujourd’hui bien oublié…
—QUOI ? Qu’est-ce que tu racontes ? Pourquoi parles-tu d’orange ?
—C’est rapport à un truc que j’ai vu à la télé au sujet d’un livre. Son auteur partait du principe que nous ne sommes que la moitié d'un tout, comme une orange coupée en deux, et qu'il nous faut absolument retrouver notre deuxième moitié pour être heureux.
Dites-moi que je rêve, le piaf philosophe maintenant ! Collant et philosophe ! Je capitule…
—Bon, arrête de bouger ! Si tu veux rester là, c’est IMMOBILE et EN SILENCE ! Bonsoir !
Qu’est-ce que je vous disais ? Une vraie pâte de chat, une perle… Si seulement il pouvait cesser de RONRONNER ! »