L'hermaphrodite arythmique

Que ne ferait-t-il pas, le propriétaire des lieux ? Voilà-t-il pas  sur conseil avisé de Sherkane, il transforme mon programme en prose au risque de casser le rythme de ma progression vers l’Éden de l'escargot car j'en suis persuadé, cats, jardinier du dimanche, tiendra sa promesse. Il oindra son gastéropode préféré, es-qualité de chef de culture du domaine dont je serai bientôt le maitre.

J'épargnerai le tendre artichaut prometteur de fruits que je ne prise guère. En revanche, je conduirai l'ail, caïeu impropre à la confiture à la table du restaurant des foires franches, il y agrémentera la truffade d'une pointe de goût indéfinissable. Quant au petit pois, j'en fais la promesse, il ne poussera plus de guingois : sans pitié, je le disciplinerai !

Le framboisier de gauche tente de cacher sa honteuse parenté avec la ronce. J'abolirai sa débauche ! Cats, impitoyable commissaire scellera son sort, il l'extraira du terrain que ce dégénéré croyait conquis.

Et l'ineffable salade ? Vers cette merveille, je tracerai une voie royale. Aux jeunes laitues encore bien fragiles, je jouerai l'aubade. En douceur, pour ne point les effaroucher, je me ferai virtuose du slalom.

Vous l'aurez deviné, ma préférée, c'est la batavia. Oserai-je avouer, moi l'hermaphrodite invétéré qu'elle est mon amante ? Je dois raison garder : je ne lui porterai donc pas l'estocade. J'userai de la tendresse de sa feuille, prenant soin de ne point en abuser car dans la haie, je finirai récusé, jeté par le jardinier excédé...