Les Lilas

Les Lilas…
Mais pourquoi ne parler que des Lilas alors que nous étions si nombreux à exercer ce métier.
Dire que nous l’aimions, oui … peut-être … enfin… nous étions habitués.
Habitués à la pénombre, habitués au manque d’air, habitués à la ruée de cette foule qui nous tendait le précieux ticket, témoin de leur achat, et que nous devions amputer d’une petite partie ronde, tel un confetti.
Oui je suis, enfin … j’étais, poinçonneur, mais pas aux Lilas.
C’est le seul dont on parle, et pourquoi ? Parce qu’un chanteur aux grandes oreilles en a fait une mélodie ! Enfin, grâce à lui, on se souvient un peu qu’un temps nous avons existé.
Le soir, à la nuit tombée, de nombreux confettis jonchaient le sol, et je peux vous garantir qu’après nous ne faisions pas la fête.
Mais nous l’aimions notre métro, nous empêchions de temps à autre que les passagers se bousculent le long de la voie qui fut trop souvent meurtrière.
Nous échangions de bons saluts avec nos habitués.
Nous regardions les gens pressés, les gens traîner, les gens flâner, les gens déprimer, les gens s’aimer.
Mais le tourniquet a eu raison de notre métier…

et les composteurs dans les gares ont eu raison des controleurs dans les trains qui eux aussi faisaient des petits trous dans les billets!

Ca fait plaisir de te lire Tornade. C'est joliement bien fait et tres rondement mene.

Petit métier qu'on a oublié ... merci Tornade de nous concocter ce gentil billet

Sans Gainsbourg, qui se souviendrait encore du poinçonneur ?

Le métro n'était-il pas humain ?
Tout comme les trains modernes qui n'ont même plus besoin de conducteur,
ou encore les caissières de supermarché remplacées elles aussi par des drôles de machines !

ah j'aime beaucoup comme tu réveilles de l'oubli ce vieux métier, aujourd'hui complètement oublié !

mais c'est malin, maintenant, j'ai un drôle d'air qui quitte plus ma caboche

Tornade a écrit:

Nous regardions les gens pressés, les gens traîner, les gens flâner, les gens déprimer, les gens s’aimer

Et maintenant on dirait que plus personne ne regarde personne, et tout le monde en souffre
Ton texte m'a permis d'imaginer ce métier que je n'ai jamais connu...

Des souvenirs d'enfance quand je vivais encore à Paris.

Tornade a écrit:

Mais nous l’aimions notre métro, nous empêchions de temps à autre que les passagers se bousculent le long de la voie qui fut trop souvent meurtrière.

Je me rappelle quand elle fermait la petite portique devant elle quand une rame arrivait.

Tornade

Oui, Tornade c'était un beau métier, sans en avoir l'air...
Un métier de contact, comme le contrôleur de tram ou de bus ( disparus eux aussi )
Comme le dit quelqu'un, les caissières de grands magasins tendent aussi à disparaître, ne parlons pas des vendeuses dans certains magasins où on est prié de se débrouiller pour un essayage en solo ( non, je ne vais pas chez Chanel ni Dior).
Tu réveilles une nostalgie en moi : tu te souviens des "ouvreuses" de cinéma, toujours pomponnées et qui ne vivaient que par leur pourboires ?
Dans les compagnies aériennes low cost on a même supprimé les hôtesses !
Et que dire de la Madame pipi qui gardait les toilettes un tant soit peu proprettes ?

ce qui m'intrigue dans cette consigne, c'est que pour la plupart, qui dit 'metier et amour du metier' dit 'passe et nostalgie'. Aucun metier moderne n'a l'air d'enchanter qui que ce soit. Les metiers seraient-ils tous devenus 'boulot'?

Amanda, les transports publiques londoniens avaient reinstaures ces derniers annees des emplois publiques, notamment sur les quais du metro et aux barrieres. Dans ma station, il y avait notamment un nigerien tres jovial qui chantait d'une belle voix des hymnes religieux et saluait tous les habitues. Malheureusement le retour a une mairie de droite voit deja des entailles graves faites a ce genre de service re-humanise! Un atout politique meme, d'accusation du precedent, Ken Livingstone, pour avoir depense soit-disant a outrance pour rendre les transports en communs ... accessible a tous!
Un autre effet, malheureusement a ete aussi la recrudescence des agressions sur ces agents publiques... des que quelque chose ne tourne pas rond ou lors des 'binge drinking' lors des week-end qui commence maintenant en milieu de semaine.

hmmm un article la dedans???

sprite a écrit:

ce qui m'intrigue dans cette consigne, c'est que pour la plupart, qui dit 'metier et amour du metier' dit 'passe et nostalgie'. Aucun metier moderne n'a l'air d'enchanter qui que ce soit. Les metiers seraient-ils tous devenus 'boulot'?

Peut-être est-ce du à une certaine déshumanisation des métiers, même les plus "petits" qui se sont, pour la plupart, fait "manger" par le modernisme.

Amanda a écrit:

Tu réveilles une nostalgie en moi : tu te souviens des "ouvreuses" de cinéma, toujours pomponnées et qui ne vivaient que par leur pourboires ?

Oui Amanda, je me souviens bien des ouvreuses, dames pipi, et autres métiers qui apportaient un peu de chaleur (enfin quand elles daignaient être aimables, ce qui n'était pas toujours le cas )

Un bien joli texte Tornade...
Et je voudrais pas dire, mais moi aussi je me souviens des ouvreuses de cinéma... ça ne fait pas si longtemps que ça qu'elles ont disparu finalement.