- Outch ! Tu m’as fait peur ! On n’a pas idée de se laisser tomber d’un coup comme ça !
- Oh, ça va toi, qui partout te glisse en douce pour filer à toute allure au moindre bruit suspect ! Bonjour le courage !
- Me cherche pas, d’accord ? Et d’abord, qu’est-ce que tu fais là ? C’est mon squat à moi, ce lieu m’inspire et j’y compose…
- Toi ? Plus fainéant qu’un lézard, je meurs !
- Oui, mais agile de la queue sur ce vieux piano qui n’en a plus !
- Arrête, tu me fais rougir ! Tu sais, je suis là parce qu’un accident idiot m’a esquinté l’aile droite. Encore un chauffard, le ciel en est plein en ce moment. Il faut faire gaffe à tout, au bourdon, à l’abeille stressée au miel, et surtout à ces oiseaux de malheur !
J’ai beau éviter de monter en altitude pour ne pas défier les buses, je dois tout le temps faire gaffe. On ne peut plus circuler tranquille de nos jours !
- Dis-donc, toi, tu serais pas de Marseille, des fois ? Toi monter à hauteur de rapace, laisse-moi rire ! Tu sautilles, tu sautilles et tu sais même pas où tu atterris !
- Moi, Monsieur, je suis primesautière, pas de la race des rampants, racornis par des heures au soleil !
- Ma chère, tu exagères ! Regarde- moi, regarde un peu ! Je vais te déciller les yeux et filer d’une traite tout droit du piano au plafond pour redescendre plein tube le long de la cheminée. Voilà le travail !
- Bravo… Aïe !
- T’as mal où ?
- Mon aile tiens, crétin !
- Montre voir, mais c’est un tout petit bobo. Attends, je te file un petit coup de langue, là tout doux… Ca va mieux ?
- Voui !
- Saute un coup pour voir : voilà, c’est bon !
- Dis, joue-moi quelque chose…