- « Sic transit gloria mundi »…
- Tu peux traduire ?
- Ainsi passe la gloire du monde… C’est une locution latine sur la fragilité de la puissance humaine…
- Tu connais le latin, toi ?
- Tu l’ignores bien sûr, mais avant d’atterrir dans ces décombres, j’ai squatté pendant des années le scriptorium des moines de l’Abbaye…
- C’était comment ?
- Le rêve, la tranquillité la plus totale et du parchemin à ronger, en douce, sur les plus hautes étagères, celles où l’on range les manuscrits que l’on ne lit jamais.
- N’empêche, ils ont dû être bien surpris les moines en découvrant leurs chers manuscrits caviardés par un rongeur de ton espèce…
- Ici, aussi c’était bien avant !
- Je ne sais pas, il n’y a pas longtemps que je suis arrivé…
- Il ya une question qui me turlupine depuis que tu viens traîner par ici : cette drôle de couleur blanche…Tu es malade ?
- Non, je me suis échappé avant de le devenir. Je suis un rat de laboratoire et pour échapper à mes bourreaux, un matin, j’ai profité de l’inattention du laborantin stagiaire et j’ai joué la fille de l’air…Dis, c’était comment ici, avant ?
- Le paradis ! (excuse la comparaison, l’influence des moines…) Des fêtes, de la lumière, de la musique… Ce piano que tu vois là, enfin, ce qu’il en reste, a senti les mains des plus belles femmes caresser ses touches… Et je ne te parle pas de la nourriture ! Des festins quotidiens avec les mets les plus raffinés !
- Qu’est-il arrivé alors ?
- La ruine. Mauvais placements en Bourse, amis qui vous lâchent : « Tempora si fuerint nubila, solus ».. ;
- Heu ? Encore une locution latine ?
- Oui, et si vraie : Si le ciel se couvre de nuages, tu seras seul.
- Il n’y a plus grand-chose à ronger par ici…
- Non mais j’y ai des souvenirs…Alors je reviens et je rêve…
- Et bien au revoir ! Tu me raconteras une autre fois. Je file chercher quelque chose à me mettre sous la dent
- Un conseil si tu permets : roule-toi un peu dans la poussière avant de partir : cette couleur blanche ne me dit rien de bon. Elle ne te vaudra que des ennuis face à l’œil perçant de nos nombreux ennemis !
- Tu as raison, tu es bien aimable de te soucier de ma survie…
- « Amicus certus in re incerta cernitur… »
- Oui, oui ! Je file, tu me traduiras un autre jour….
- C'est dans le malheur qu'on reconnaît ses amis