Pour le 8 avril
Ma chère Blanche
J’espère que tu vas bien.
J’ai vu la date approcher et je me suis dit « soyons folle, écrivons sur papier et non par mail » ! Oui, je sais, mon extravagance me perdra.
Bref, tout ça pour te souhaiter un très heureux anniversaire ! Alors, tu as eu un beau gâteau ? J’espère que tu ne recevras pas ce petit paquet trop tard. J’ai trouvé ces boucles d’oreilles au marché, l’autre jour, et ce beau rouge m’a fait penser à toi et à tes chers coquelicots.
Je me suis installée pour t’écrire sur un banc de la Villa Pamphili. Tu sais, ce parc dont je t’avais tant parlé ! C’est vraiment pratique, à deux pas de chez moi, et tellement beau ! ça me fait du bien d’aller y marcher après le boulot. Tiens, pour une fois, j’avais pensé à prendre mon appareil, et voici donc ci-joint une photo. Tu as vu ? Ici, le printemps est déjà là ! Il est enfin de retour ! Il était temps ! « J’ai failli attendre », comme dirait l’autre. Je sais que toi tu préfères l’hiver à l’été. Quelle idée. Rassure-toi, l’automne arrivera bien assez vite.
Mais surtout, ce que j’aime ici, c’est la lumière. Je resterais des heures à la contempler, je crois. Je comprends tellement mieux le fameux « voyage d’Italie » que faisaient tous les peintres à une époque. Je ne suis pas peintre, mais ça me fait plaisir quand même et de la contempler, et de réussir à en capter une parcelle par mon objectif.
Quand viendras-tu me voir ? Ce n’est pas si loin, quand même ! Et je suis si seule, ici…oh, je ne me plains pas. Enfin, pas vraiment. La Ville est très belle, et il y a pire, comme endroit d’habitation. Mais j’ai l’impression que le temps se traîne, que les jours n’ont pas de fin. Et pourtant, si, et le soir finit toujours par arriver. C’est plutôt encourageant, dans un sens. N’empêche, Noël sans vous, c’était dur. Plus dur que ce que j’avais imaginé. Papa m’a envoyé des photos du nouveau chaton. C’est vrai qu’il est adorable ! Comme tous les chatons, d’accord. Vous auriez pu l’appeler Nermal, ça lui aurait très bien été.
Non, décidément, je ne peux pas me plaindre. Et pourtant, je me sens comme en prison.
Je ne dis pas que c’était une erreur de venir, non. C’est comme ça qu’on apprend.
Mais vivement que je rentre.
Oh, ce ne sera peut-être pas mieux.
Mais ça ne pourra pas être pire.
On ira au ciné ensemble, ou dans les musées. Et puis, tu me feras rencontrer ce fameux T., dont tu me parles tant ! Il n’y aura plus de Villa Pamphili, ça, ce sera dommage. Mais j’espère bien ne plus y avoir non plus de solitude à y cacher, à y cracher, même.
Tu me manques, va.
Allez, encore joyeux anniversaire, et la bise à tout le monde
Ta sœur,
Opale
Lumière printanière sur les pins de la Villa Pamphili