Tu vois, petit
ces hommes au fond de la vallée
cachés à nos regards
ils s'agitent et s'inquiètent
ils s'insurgent et s'emmèlent
dans des histoires de territoires
des histoires sourdes
des histoires noires
des histoires à vous calciner la mémoire
qui laissent des sillages de morts
aussi secs que ces troncs qui montent
à l'assaut de ce flanc de montagne;
s'ils pouvaient s'élever au-dessus
de leurs quotidiens et de leurs peurs
la pire de toutes
la mort honteuse à laquelle
pourtant personne n'échappe
ah s'ils pouvaient seulement petit
la vie ici-bas serait bien différente
sans frontières autres
que ruisseaux et rivières
monts et montagnes
aucune inaccessible
tu vois petit
la nature n'est
qu'une immense métaphore
qu'il faut savoir déchiffrer
au long cours des nuages
entre bises, harmattan ou alizés;
chaque repli de la terre
contient des trésors de villages
parfois, ailleurs, loin d'ici
il est des terres encore vierge...
ah petit, si tu savais
la place immense sur notre planète
où les hommes s'entassent
dans des villes hérétiques
et s'empèchent de respirer...
Enfin, il faut un temps pour tout...
les villes effacent les différences
dans une indifférence utile et passagère
d'où nous venons
bientôt
dans quelques millénaires
n'aura plus d'importance
nous nous reconnaitrons enfin
liés par un même sort
solidaires et interdépendants
allez, viens, rentrons
il va bientot faire nuit