Peu importe le flacon ... ?

...Pourvu qu'on ait l'ivresse .

Vaste sujet , la consigne de cette semaine... que je me refuse à traiter en jouant les blasés. Pourquoi ? Celles et ceux qui ont le sentiment de frustration à l'égard de la poursuite des études au delà du niveau très primaire me comprendront peut-être …

Pour certains, l'exercice hebdomadaire rappelle les dissertations auxquelles il fallait se frotter à un âge où on avait d'autres chats à fouetter. Et je peux le comprendre.

Si je peux me permettre, au même âge, j'accomplissais les travaux agricoles qu'on me commandait, et si cela peut nourrir une certaine nostalgie aujourd'hui, y compris chez moi, ce n'était pas forcément très jouissif pour le jeune exécutant. Plus tard, sans quasiment aucune formation, à l'usine, c'était les travaux les plus durs qui m'étaient dévolus, et j'en conserve encore les traces douloureuses dans mon corps. Donc , on comprendra que l'approche de la littérature n'était pas à l'ordre du jour dans ces années-là...

Aujourd'hui, mon approche est toute différente parce qu'au fil des années, des éléments sont venus compléter ma formation primaire et cette citation de Wiki me convient : « La littérature est d'abord la rencontre entre celui qui, par ses mots, dit lui-même et son monde, et celui qui reçoit et partage ce dévoilement. »

Très modestement, je m'en imprègne pour donner ma vision du monde, de la société, de la nature, bref, tout ce qui m'entoure et mon ambition se limite à faire partager à mes éventuels lecteurs mes émotions, mes colères comme mes espérances pour un monde meilleur. Si après moi, mes écrits donnent un aperçu de la vie de la vie au 20ème et 21ème siècle, dans l'hypothèse d'un éventuel au-delà, il y aura une âme satisfaite de la tâche accomplie... Et s'ils suscitent quelque émotion ou plaisir chez mes contemporain(ne)s, cela me suffit pour persévérer dans l'écriture.

Pas plus tard qu'avant-hier, j'ai eu dans les mains l'ouvrage papier écrit en coopération avec ma sœur et j'en ai ressenti une immense satisfaction. Pour la concrétisation du travail accompli et pour avoir contribué à l'aboutissement du rêve de ma grande sœur : écrire le roman de sa vie...

Maintenant, y a-t-il une petite et une grande littérature ? Oui, certainement : on ne peut pas placer sur un pied d'égalité, les auteurs de la série Harlequin ou de romans de gare aux écrivains reconnus d'hier et d'aujourd'hui. Mais reconnus par qui ? Là est la question! Dans la mesure où l'écriture d'ouvrages que la critique qualifiera de mineurs convient à des milliers de lecteurs en les faisant par exemple s'évader de leur quotidien monotone, elle a, selon moi, sa raison d'être, et elle peut amener le lecteur vers des œuvres plus élaborées. A l'heure où il est si facile de se limiter à regarder la télévision, toute lecture d'un livre quel qu'il soit me paraît méritoire.

Pour moi, la grande littérature, c'est celle qui contribue à l'évolution de l'humanité, des idées, qui tend à rendre l'homme plus attentif à son prochain. Bien sûr, il y a son contraire. C'est peut-être encore plus vrai à notre époque où des milliers de manuscrits passent les arcanes de l'édition. Certains auteurs savent jouer en virtuoses de l'écriture facile , fut-elle parfois nauséabonde, ou simplement destinée à faire du fric, mais n'est-ce pas le prix d'une liberté chèrement acquise au fil des siècles et des auteurs censurés, condamnés pour des ouvrages jugés contre nature par les bien-pensants ?

En conclusion, je pense qu'il y a une petite et une grande littérature . Il appartient au lecteur de faire le distinguo entre la lecture qui lui apporte plaisir ou savoir et celle dont il vaut mieux se tenir éloigné. Encore faut-il qu'il dispose des « outils » pour discerner ce qui est bon pour lui.

J'aime beaucoup ce texte parce qu'il ose donner son point de vue, se positionner. Je le trouve plein de sagesse dans sa façon de rappeler les choses, d'où toi tu viens, où tu en arrives, ce que tu penses. Oui un texte qui parle vrai et qui s'implique et ça me plait!

Catsoniou, j'avais commencé par faire des citations de ton texte, avant de m'apercevoir que j'aurai aimé tout citer.
J'aime beaucoup la définition du wiki, merci de nous l'avoir fait découvrir.

Je ne sais pas s'il y a une grande et une petite littérature, mais comme tu le dis, il y a des livres qui nous apportent plus ou moins, qui nous font plus ou moins avancer. Ce n'est pas une raison pour ne jamais lire de livres "faciles", mais il est bon d'en être conscient, quand on peut. Et comme tu dis, la lecture d'un tel livre peut nous amener peu à peu à approcher des écrits plus élaborés. Cela me rappelle l'auteur d'Harry Potter qui disait (je crois) que si au moins son livre pouvait amener des jeunes à la lecture, alors, elle n'aurait pas perdu son temps (bon, elle ne l'a de toute façon pas perdu, mais c'est une autre histoire:p)

Merci Catsoniou d'avoir fait le tri, tu rejoins mon point de vue ( voir sur le blog)
Je pense profondément qu'il s'agit de varier ses choix de lecture, selon son humeur, l'endroit où on se trouve etc....
Je n'arrive pas à lire Baudelaire dans un Tgv mais bien Katherine Pancol...
L'essentiel est déjà de faire le mouvement de prendre un livre en main, C pourquoi j'emmène souvent mes teletubbies à la bi bliothèque ou dans une librairie.
Et ça marche, ils touchent, palpent puis font un ou l'autre choix.
Parfois ils lisent tout le livre, parfois pas...
Quelle importance, moi aussi parfois un livre me tombe des mains...

Ton « jouer aux blasés » me trouble.

Je suis d'accord avec Sel. « grande » et « petite » sont relatifs.

Tu sais, comme moi, que le mot le plus simple prononcé par la bonne personne au bon moment peut avoir plus d'importance que tout autre.

J'aime beaucoup ton témoignage... Et tout le développement qui suit.

Oui, pouvoir disserter (devoir apprendre à disserter) sur tout ça, ça pouvait être une chance. (Parfois, la vie se charge de renverser le sens de la chance, après).

Et puis, ce serait triste d'être blasé... C'est aussi une nourriture dont on ne peut pas vraiment se passer. Le plus important, bien sûr, c'est que les premiers besoins soient rencontrés. Mais l'être humain ne se contente pas que de choses matérielles... Il faut un peu plus tout de même ! Donc, je te rejoins tout à fait.

J'ai vraiment des difficultés à écrire sur cette consigne, mais je retrouve dans les textes proposés, et surtout dans le tien, tout ce que j'aimerais dire.
Difficile de trancher sur un tel sujet car écriture et lecture font appel à l'émotion, au ressenti, et chacun voit alors midi à sa porte.

Et puis, comme dit joye : "le mot le plus simple prononcé par la bonne personne au bon moment peut avoir plus d'importance que tout autre."

Ça me va...

Merci de vos coms.
Ils me sont fort utiles dans ma réflexion, comme le sont les autres contributions sur ce sujet.
En revanche, je m'avère incapable de sortir de la banalité pour apporter ma touche personnelle car en la matière, je suis ? je mes sens limité...

j'ai beaucoup apprécié la manière dont tu abordes ce sujet si vaste et dont le traitement en quelques lignes apparaît comme impossible.
Pour ma part, j'ai botté en touche, écrivant un texte dans le dérisoire.

Il faudrait arriver déjà à définir ce qu'est la littérature... Il semblerait qu'il y ait autant de définitions que de personnes qui pratiquent ou croit la pratiquer...

depuis : est littérature tout ce qui est écrit (qui semble d'ailleurs correspondre au sens premier et étymologique du mot), jusqu'à l'écrit élitiste considéré comme seul pouvant s'octroyer le titre de « littérature »; tout existe...

Si la littérature est l'ensemble de la production des livres, on n'a plus grand-chose à dire d'elle ! sauf que c'est une belle industrie !
S'il faut catégoriser, comment décider des critères, des échelles de valeur.
que peut vouloir dire une expression comme : «de la bonne littérature » ?

Tout au plus peut-on émettre un unique jugement personnel Tel livre nous a semblé «bon», parce qu'on y a trouvé une satisfaction personnelle, de quelque ordre qu'elle soit. De San Antonio, à Paul Claudel, en passant par les 11 000 verges d'Apollinaire. On en est alors réduit à une appréciation strictement subjective, en fonction de critères personnels.

Vouloir aller plus loin, c'est forcément entrer dans un élitisme, à partir de critères plus ou moins objectivables, depuis la faute d'orthographe, la faute de français, la phrase maniérée, la culture de "l'entre soi", ou la réputation d'une maison d'édition...

Tiens par exemple, influencé par les critiques positives sur certains blogs, j'ai lu « un roman français » du loustic Begbeder (prix Renaudot, prout ma chère!)
Ca ? De la littérature ? disons plutôt un produit commercial bien fabriqué, et où l'auteur, une fois de plus, veut nous faire croire à une sincérité, alors que ca respire à plein nez la fausseté. Si on se livre à une analyse psychanalytique de l'oeuvre, on découvre très vite que les ficelles sont grosses...
Et en plus, c'est même pas bien écrit ! hormis peut-être, soyons généreux, une page sur 50 !

il y a certainement plus d'authenticité et de vérité dans l'oeuvre familiale que tu évoques... tout comme je lis de la "littérature sur blog" qui devrait envoyer Le sieur Begbeder se rhabiller !
Autrement dit, je n'ai pas du tous les mêmes critères personnels que le jury de l'usine Renaudot, formés de gens cooptés et autoproclamés de ce qu'il convient et de ce qu'il ne convient pas.

On voit donc bien combien le sujet proposé au débat est piégé...

et tout le reste... Est littérature...

Il me semble que ta touche est justement très personnelle. Quand on a fait des études littéraires ou artistiques, il arrive (je ne sais pas ce qu'en penseront d'autres) mais en tout cas, c'est vrai pour moi ; il arrive que j'aie le sentiment d'avoir perdu ma "fraîcheur" par rapport à tout ça. Ayant toujours eu des gens plus âgés que moi et plus avancés dans les études, j'ai toujours eu le sentiment d'être en retard de connaissances, mais, en revanche, quelle fraîcheur j'avais !

Mes dissertations étaient de véritables melting pot, les idées partaient dans tous les sens, c'était le plus joyeux bordel qu'on puisse imaginer... Mais quel enthousiasme ! Ecrire, c'était comme de me mettre à table pour goûter ! Et Dieu sait que je suis gourmande ! Plus tard, j'écrivais comme on se joue d'un tas de choses, mais d'un autre côté, pour retrouver le plaisir, la fraîcheur d'écrire, il fallait que j'aille dans un atelier d'écriture. Tu vois le contraste ?

Tous les points de vue, absolument, sont intéressants. Aucune idée n'est plus ou moins qu'une autre. Ce qui est difficile (mais ce qui est difficile est... Intéressant me disait toujours un ancien prof devenu un ami), c'est de trouver la bonne forme pour l'exprimer. On a tous fait de notre mieux. C'est ce qui compte, pas vrai ?

Merci alainx et Pivoine Blanche.

Vos coms contribuent à fournir les "outils" que j'évoquais dans ma conclusion . Ils sont susceptible d'aider à lire avec un regard plus critique dans le bon sens du terme, au delà du conventionnel retranché derrière les avis dits autorisés.
Ils tendent également à aider à trouver sa voie ou, comme le dit si bien Pivoine sur le plan personnel à parvenir à "la fraicheur d'écrire".

Citation :

A l'heure où il est si facile de se limiter à regarder la télévision, toute lecture d'un livre quel qu'il soit me paraît méritoire.

J'avoue que méritoire me paraît un peu fort.

PivoineBlanche a écrit:

Il me semble que ta touche est justement très personnelle. Quand on a fait des études littéraires ou artistiques, il arrive (je ne sais pas ce qu'en penseront d'autres) mais en tout cas, c'est vrai pour moi ; il arrive que j'aie le sentiment d'avoir perdu ma "fraîcheur" par rapport à tout ça.

Oui, absolument. C'est pour ça aussi que j'ai aimé mes cours de français : je suis assez nulle pour comprendre ce qui n'est pas écrit explicitement. Alors, j'aimais qu'on me l'explique, tout simplement !
Mais avec le risque de perdre la fraîcheur dont tu parles, Pivoine (pour peu qu'on l'ai jamais eue)

Citation :

Pour moi, la grande littérature, c'est celle qui contribue à l'évolution de l'humanité, des idées, qui tend à rendre l'homme plus attentif à son prochain.

Je me retrouve tout a fait dans ton texte Catsoniou et j'aime beaucoup ton analyse.

La citation ci-dessus me fait penser a une anecdote ou, du temps des 'chat room'ou je passais beaucoup de temps, j'ai parle avec un loustic qui me faisait l'eloge de la comedie musicale Les Miserables, ou comme on dit ici ave l'assent 'Laisse Miserablesse'. Quand j'ai mis en rapport le sujet avec les quartiers pauvres/zones de Londres ou autres grandes villes, il s'est taille en quatrieme vitesse.
On ne lit pas tous la meme chose quand on lit le meme livre.