Kaléïdoplumes 2 : 2010 / 2013
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 INGREDIENTS : Une chaise de la Reine, un bassin à la française, une pincée de langue châtiée à laquelle vous ajouterez une bonne louche de langue verte

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5 participants
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Cédille
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Cédille



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MessageSujet: INGREDIENTS : Une chaise de la Reine, un bassin à la française, une pincée de langue châtiée à laquelle vous ajouterez une bonne louche de langue verte   INGREDIENTS : Une chaise de la Reine, un bassin à la française, une pincée de langue châtiée  à laquelle vous ajouterez une bonne louche de langue verte I_icon_minitimeJeu 20 Mai 2010 - 11:34

Il n’est pire eau que l’eau qui dort, et je sens que les festivités sont ouvertes pensa Roselita en entendant un crissement de freins devant le perron. Elle avait reconnu le bruit incomparable de la Bugatti de Mademoiselle Anne-Charlotte, le modèle Type 101 sorti en 1951 mais si beau dans sa carrosserie rouge cramoisi ! Lorsque Mademoiselle Anne-Charlotte arrivait Roselita savait qu'elle bouleverserait l'ordinaire !

Elle se précipita pour l’accueillir, en bonne gouvernante qu’elle était. C’est que, dame, Mademoiselle Anne-Charlotte était la seule à se montrer généreuse et elle ne comptait pas ses largesses envers la gouvernante qui faisait aussi office de femme de chambre et de cuisinière au château. Grâce à Anne-Charlotte , Roselita pouvait se pavaner lorsque, profitant d’une journée de congé, elle se rendait en ville. Quelquefois malgré tout elle avait hésité avant de mettre telle ou telle robe, des vêtements de prix certes mais qui ne cachaient quasiment rien de ce qu’ils étaient censés cacher …

Précédée, suivie, enveloppée d’effluves d’un parfum capiteux (Roselita avait reconnu Idylle de Guerlain) Anne-Charlotte avait éparpillé ses nombreuses valises dans le grand hall, jetés ses gants sur la bergère Louis XV et s’était affalée sans élégance sur la Chaise de la Reine, judicieuse petite merveille d’époque percée d’un trou circulaire sous lequel, à l’origine, était placé un seau hygiénique. Cette chaise faisait l’objet d’une dévotion particulière de toute la famille : Marie-Antoinette y avait paraît-il posé son séant !

Anne-Charlotte n’eut pas le temps de se détendre. Une voix à l’accent pointu avait retenti :

- Aaaahhh ! Vous voilà enfin !... Mais, ne vous jetez donc pas ainsi sur LA chaise !

Anne-Charlotte soupira et se dit que les amabilités étaient lancées !

- Bonjour Mère s’entendit-elle répondre la tête ailleurs. Comment vont vos jambes ?

- Vous vous faites si rare ma chère, ne me dites pas que vous vous en souciez ! Ma sciatique résiste à tous les traitements et le docteur MEUSIER est au-dessous de tout, d’ailleurs je l’ai remercié et j’ai changé de médecin !

En geignant elle donna quelques ordres à Roselita qui ne perdait pas une miette de la joute qu’elle sentait naître, puis le silence se fit. Mère et fille n’avaient déjà plus rien à se dire même si elles ne s’étaient pas vues depuis presque une année.

Anne-Charlotte sortit une Gauloise sans filtre de son étui en or et lui ajouta un chewing-gum Hollywood qu’elle se mit à mâcher bruyamment et avec toute la conscience dont elle était capable. Madame Mère haussa les sourcils puis hoqueta. Ses yeux avaient pris une teinte d’orage !

- Mais !... Vous n’y pensez pas ma fille ! Votre comportement laisse de plus en plus à désirer ! Non seulement vous vous affalez cuisses ouvertes sur la chaise de la reine mais voilà que vous fumez, vous mâchez ! C’est d’un commun ! De la tenue que diable ! Franchement ma chère, vous faites peuple !

- C’est mieux que d’se payer une bonne bourre répondit Anne-Charlotte s’oubliant totalement ! C’est moi qui banque, pas besoin de gueuler comme un chabannais. Si ça démarre comme ça je mets les bouts, je me casse à Chicoutimi ou à Dunkerque ! Peuple ? Vous avez dit Peuple ? ! Mais qu’est-ce que j’en ai à battre moi, que ça fasse peuple ! J'ai quand même le droit de me payer une bouiffe et je sais encore que mon derrière m’appartient, non mais des fois… !

Madame Mère, au bord de l’étranglement, et à la limite extrême de la crise de nerfs, s’effondra en pleurs non sans avoir montré d’un doigt impérial, la porte à Anne-Charlotte !

- Mais où avez-vous donc appris ce langage ? Vous parlez comme une charretière… Que dis-je… une fille à soldats ! Qu’ai-je fait pour mériter une chose pareille ? Vous avez été éduquée comme il se doit, j’en connais encore le prix gémit elle, oubliant que dans la noblesse parler d’argent est inconvenant ! Je parie que vous ne savez même plus comment se mangent les asperges !

Anne-Charlotte failli briser ses dents et eut un hoquet. Manquerait plus qu’ça pensa-t-elle. La vieille se douterait-elle de quelque chose, sinon pourquoi aurait-elle parlé d’asperges ?

- Dans l’aristocratie on ne ne parie pas non plus rétorqua Anne-Charlotte, puis elle se dirigea vers les jardins après avoir calmé ses nerfs sur la superbe porte d’entrée dont les vitres volèrent en éclat ! Cet effondrement fracassant acheva Madame Mère !

- Je l’avais prédit, pleurnichait Roselita, et elle s’apprêtait à remettre les choses en état lorsqu’un cri de stupéfaction se fit entendre !

- Le bassin à la française ! Qu’a-t-on fait du bassin à la française ? Roselita , viens ici, explique !

Devant Anne-Charlotte ce qui avait été un bassin dessiné par LE NÔTRE n’était plus qu’un vulgaire trou d’eau boueuse. Amas de terre et tuyauteries en tous genres s’étalaient sur les rosiers et un plongeoir dormait sur la petite haie de buis !

- Calmez-vous ! Mais calmez-vous donc Mademoiselle supplia Roselita… C’est que votre mère a décidé de transformer le bassin en piscine… Un coup d’jeune qu’elle a dit. D’ailleurs, vous le verrez, tout ou presque a été transformé ici. Autant que vous le sachiez les haras servent à présent de salle à manger, Madame a exigé un bar (chic et de bonne tenue cela va sans dire) et il y aura des douches dans les communs.

- J’ai plus qu’à me foutre une cartouche dans la cafetière hurla Anne-Charlotte ! Et dire que je m’encagasse sans arrêt avec ce domaine ! J'turbine moi, pour payer les factures ! C’est la fin des haricots !... Gaffe se dit-elle, je m’oublie, ici je suis Anne-Charlotte DE LAUNE, je sens que je vais devoir être sur mes gardes…

-… Et attendez… C’est pas tout dit Roselita ravie de voir se déliter la Mademoiselle !... Le château… Ben c’est plus vraiment un château, mais moi j’dis rien hein ! D’ailleurs j’sais presque rien sauf que les grandes chambres de l’étage ont été divisées pour faire plein de petites. Madame a fait mettre aussi des bougeoirs en bronze sur toute la longueur de l’escalier d’honneur, elle dit que c’est pour impressionner les clients !

- Les clients ? Mais quels clients ? Les clients de qui ?

- Ben , mais les clients de l’hôtel Mademoiselle ! C’est un hôtel maintenant, depuis une saison déjà ! D’ailleurs voici l’un de nos meilleurs pensionnaires ! Bonjour Monsieur BERNARD minauda t-elle ! Bonne promenade ?

Devant Anne-Charlotte se tenait un costaud au regard de braise, large sourire, dents carnassières en or, borsalino voilant la braise des yeux. Un air de « me touche pas de trop près ou je t’en colle une ». Un gourmand de première classe, ça se voyait à l’œil nu ! L’odeur d’un cigare enveloppait le tout comme un paquet cadeau.

- ça c’est un Cohiba pensa Anne-Charlotte…. Et celui qui mord le cigare c’est… Oh my God, mais c’est… ! Se fut sa dernière pensée, ses yeux roulèrent et elle eut l’impression fugitive des nuages qui fondaient sur elle plus vite que le son… Elle venait de perdre connaissance.

Cris de Madame Mère, gémissements de Roselita, lorsque Anne-Charlotte revint à elle, elle vit ces deux-là, inquiètes au-dessus d’elle, comme des poules en recherche de couvée. Mais il y avait aussi Monsieur BERNARD ! On le vit sourire de tout l’or de ses dents et avaler en un baiser goulu les lèvres d'Anne-Charlotte ! Surprises, ces lèvres-là n’hésitèrent pas longtemps entre bienséance et gourmandise. Monsieur BERNARD fut dégusté comme une fraise juteuse !

Au bout d’un temps qui avait laissé Mère et gouvernante à l’état de statues de sel, Monsieur BERNARD se redressa et l’on entendit sa voix de basse murmurer :

- Alors comme ça Gina on prend des vacances chez les Aristos ? J’suis bien content de te retrouver ici. La cambrousse ça ne me va qu’un temps mais j’ai dû me mettre au vert et décambuter de Paname quelques temps ; j’ai esbigné comme dirait ton Marcel (Madame Mère n’en perdait pas une !)…Ah tu sais (soupirs) j’en ai payé des douloureuses, j’ai fait le con, j’ai trop éclusé… Finalement je me suis fait coincer par GARLON (c’est un commissaire, ajouta BERNARD à l’intention de Madame Mère). Deux ans au trou , j’ai supporté mais j’ai voulu voir du pays alors j’ai monté une affaire à Caracas… J’étais pas à plaindre là-bas, y a des filles autant que t’en veux, question nibards c’était chouette… Mais pas tant qu’toi Gina ! Question santé ça va, j'me maintiens, même si j'ai eu un temps la panique... J'ai eu peur d'avoir attrapé la chtrouille, ça m'a emberlingué longtemps, j'avais des fraises pas tagada sur mon ensemble trois pièces mais t'inquiète pas, ça brille comme avant et c'est tout neuf ! Oh puis tiens, j'ai comme un besoin là, urgent qu'il est Pépette, un tite bourrée exotique d'une heure pour pas cher, ça te dirait ?

Madame Mère était au bord de l’apoplexie !

- Dis ! T’as pas augmenté tes tarifs quand même ! Pour moi ce sera les mêmes gourmandises qu’autrefois ! Je m’en souviens comme tu les faisais bien !

Se redressant comme une paonne javanaise, Anne-Charlotte alias Gina, retrouvant comme par miracle son accent des faubourgs, lança à sa comtesse de mère :

- Eh bien voui ! Voyez-vous mère, je suis comme qui dirait dans les asperges ! Autrement dit je suis une fille, une vraie, une rabatteuse, une qu’a pas peur des heures sup ! Au turbin j'suis Gina ! Vous faut-il un dessin ou ça va comme ça ? Pas la peine de faire votre tête de Gauloise, c'est tel que j'vous l'dis, j'prends cher, pas moins de 400,00 euros la moitié d'une heure, j'ai un statut et j'y tiens, pas question de mandaver ! Et j'entretiens tout ça croyez-le bien mère, j'ai une bien belle minche (que je tiens de vous d'ailleurs) et je la soigne !Traduis Roselita et dit à la patronne, pour faire simple, que sa fille racole !

… Et c’est ainsi que Madame Eléonore DE LAUNE, comtesse de son état, découvrit que sa chère fille Anne-Charlotte, celle en qui elle mettait il y a peu tous ses espoirs, vivait de ses charmes (qu’elle avait nombreux) sur les boulevards mal famés de la capitale !

Madame Mère se dégonfla et s'effondra comme un soufflé raté ! On a la noblesse qu’on peut !
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sprite
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MessageSujet: Re: INGREDIENTS : Une chaise de la Reine, un bassin à la française, une pincée de langue châtiée à laquelle vous ajouterez une bonne louche de langue verte   INGREDIENTS : Une chaise de la Reine, un bassin à la française, une pincée de langue châtiée  à laquelle vous ajouterez une bonne louche de langue verte I_icon_minitimeJeu 20 Mai 2010 - 14:05

Alors la chapeau Cedille pour l'anniversaire de la mort du Gus! Ca se laisse tellement bien lire qu'on demanderait bien la suite... tout de suite. T'ecris pas souvent mais quand t'ecris rasta man salut bas salut bas bravo

quel talent !
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joye
Maîtrise le sujet
joye



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Une tête de Gauloise = la reine Mégot ?

Wink
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Amanda
Modératrice
Amanda



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MessageSujet: Re: INGREDIENTS : Une chaise de la Reine, un bassin à la française, une pincée de langue châtiée à laquelle vous ajouterez une bonne louche de langue verte   INGREDIENTS : Une chaise de la Reine, un bassin à la française, une pincée de langue châtiée  à laquelle vous ajouterez une bonne louche de langue verte I_icon_minitimeVen 21 Mai 2010 - 16:27

Superbe ton histoire !
Quelle imagination !
J'adore tout ! smacks
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Joe Krapov
Maîtrise le sujet
Joe Krapov



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Je l'ai relu avec beaucoup de plaisir. Car il s'agit d'une re-publication, non ? (Si, si, Cédille, tu as des lecteurs fidèles qui se souviennent de tes textes !)
bravo
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Cédille
Kalé'reporter
Cédille



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Merci aux lecteurs, et pour Joe, oui ce texte a déjà été publié, c'est le faute à un clic trop rapide, je m'en suis rendue compte après le premier commentaire. Pas grave !
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