Clara, comme ton regard est songeur, je me demande à quoi tu penses, en ce moment même.
Cette musique, on dirait du coton. Puis des ballons, lâchés par des mains d'enfants, qui s'éloignent dans l'espace. Je peux écouter des heures.
Je sais que je ne vais pas dormir, que la nuit me fait peur. Je sais que je dois dormir, pour reposer mes yeux, mes oreilles et tous mes autres sens. Pourtant j'ai peur. Toi Clara, avais-tu peur lorsque tu le voyais partir dans sa folie?
Tu fuis, dans la musique, tu l'emportes plus fort.
Et puis l'orage menace. Dans un grand pré, il y a ces chevaux qui courent vers ailleurs. La crinière au vent, la queue en panache, ils sont fiers et libres. L'étais-tu toi Clara, libre?
J'ai longtemps eu peur des chevaux. Quelle conne!
Clara, est-ce que tu pleurais lorsque tu n'arrivais pas jouer ton morceau comme ils le voulaient? Moi, j'enrage de me sentir si nulle devant ces notes que j'aimerais tant maitriser.
Je voudrais que mes doigts glissent aussi bien sur mon piano qu'ici même sur le clavier.
La poussière qui s'agglutine sur les touches me gène, j'apprends à maîtriser mes pensées qui partent dans tous les sens.
Je voudrais percer tes secrets, mais la musique s'éteint doucement, et je reste seule.
Merde! Pas déjà!