Kaléïdoplumes 2 : 2010 / 2013
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 Shakespeare in fields…

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Nerwen
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MessageSujet: Shakespeare in fields…    Shakespeare in fields…  I_icon_minitimeSam 17 Juil 2010 - 18:01

Partie 1
« Charlie ? S’il te plaît, enlève ce couteau ensanglanté de la table ! Je t’ai déjà dis que ce ne n’est pas parce que tu répètes Macbeth, que je doive absolument avoir cet accessoire sous les yeux pendant le petit déjeuner! Qu’est-ce que tu dis ?
— .....
— Oui, et bien "couteau" ou "poignard", j’aimerai bien pouvoir prendre mon café sur la terrasse sans lui ! »

Un jeune homme longiligne sortit de la maison en marmonnant et fit disparaître l’objet dans le tiroir de la table, puis il s’affala plutôt qu’il ne s’assit sur une des chaises pliante qui se trouvait là.
Un moment plus tard une quinquagénaire souriante apparut, portant le plateau du petit déjeuner.

« Allez, viens prendre ton petit déjeuner avec moi ! Il faut que nous parlions tous les deux, pour que tu me précises certaines choses. Et d’abord, j’aimerais bien savoir quand arrivera le reste de la troupe… Et Monsieur Palmer? Même si les autres doivent camper, il faut que je prépare une chambre pour lui. Tu ne voudrais pas tout de même faire coucher ton metteur en scène sous la tente!
— Et pourquoi pas ? Tu sais, marraine, ce n’est pas la Comédie Française qui va débarquer…
— Non, non, je vais lui préparer la Chambre Bleue. Je regrette de ne pas posséder de chambre rouge, pour Macbeth ce serait plus indiqué… »
Charlie s’esclaffa et se saisit du pot de gelée de groseilles qui l’attendait sur le plateau.
« Hum, de la gelée, tu es une perle Juliette ! Non seulement tu acceptes de nous héberger, mes camarades et moi, dans ta maison de vacances, qui grâce à son isolement au beau milieu de la pinède, va nous permettre de répéter sans déranger d’éventuels voisins, mais en plus tu es une cuisinière hors pair ! Ma marraine-fée, c’est toi !
— Assez de flatteries mon filleul, et dis moi plutôt, quand arrivent-ils ? Et combien ? Si ma mémoire est bonne, il y a pas mal de monde dans Macbeth !
— Ne t’inquiète pas ! Palmer veut seulement mettre au point les scènes des trois premiers actes, avec les personnages principaux. Il n’y aura que Sandra qui joue Lady Macbeth, Laurent qui interprète Banco et Dan qui est Duncan. Et moi, bien sûr, le rôle principal… si du moins le vieux Palmer en décide ainsi…
— Ce n’est pas sûr ? S’étonna Juliette.
— Pas vraiment, il dit que je suis un peu jeune pour endosser un tel rôle, mais je crois surtout qu’il a envie de le jouer lui-même. Je vais lui montrer à ce vieux chnock ce dont je suis capable… »
Et Charlie commença à déclamer d’une voix d’outre-tombe : « Demain, et demain, et demain! C'est ainsi que, à petits pas, nous nous glissons de jour en jour jusqu'à la dernière syllabe du temps inscrit sur le livre de notre destinée… »
Après un court silence, Charlie ajouta : « Remarque que Laurent et Dan aussi aimeraient bien me piquer le rôle…
— Si je comprends bien, remarqua Juliette en riant, il n’y a que Lady Macbeth qui soit satisfaite du sien…
— Oh, elle… soupira Charlie d’un air rêveur, elle est merveilleuse… ambitieuse et démoniaque à souhait…. »
...........................................
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Silhène
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MessageSujet: Re: Shakespeare in fields…    Shakespeare in fields…  I_icon_minitimeSam 17 Juil 2010 - 18:56

J'aime beaucoup cette ambiance, elle me fait penser aux bouquins d'Agatha Christie.
Je suis impatiente de découvrir la suite, study ils n'ont pas l'air d'être des enfants de coeur, tes personnages !
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Flamm Du
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MessageSujet: Re: Shakespeare in fields…    Shakespeare in fields…  I_icon_minitimeDim 18 Juil 2010 - 19:17

Vivement que les autres arrivent !
Je sens qu'il y aura de l'ambiance. dance
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Plumentête
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MessageSujet: Re: Shakespeare in fields…    Shakespeare in fields…  I_icon_minitimeLun 19 Juil 2010 - 21:33

Et la marraine fée, elle va virer diabolique elle aussi, et le poignard il sera vraiment ensanglanté et, et c'est quand la suite????!!!! bounce
c'est vrai qu'il y a un petit côté Agatha Christie, huum j'adore mais j'ai presque peur noooon !
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catsoniou
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MessageSujet: Re: Shakespeare in fields…    Shakespeare in fields…  I_icon_minitimeMar 20 Juil 2010 - 7:25

J'aicomme l'impression que pour la distribution des rôles , ça ne va pas être évident ! euh ?

Vite, la suite ...
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Amanda
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MessageSujet: Re: Shakespeare in fields…    Shakespeare in fields…  I_icon_minitimeMar 20 Juil 2010 - 10:40

Il y a surtout un climat shakespearien qui dénote une bonne connaissance de la littérature anglaise ! Bravo !
Maintenant à quand " Tant de sang sur mes mains !" ????
Et j'adore le clin d'oeil du nom de Juliette à un de tes personnages !
cool !
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Nerwen
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MessageSujet: Re: Shakespeare in fields…    Shakespeare in fields…  I_icon_minitimeJeu 22 Juil 2010 - 17:07

Partie 2
Le lendemain, un minibus déversa les trois comédiens et leur metteur en scène avec armes et bagages, avant de repartir sur les chapeaux de roues dans un crissement de pneus qui fit s’envoler un couple de tourterelles nichant tout près.
Juliette sortit de la maison pour les accueillir. Elle appela : « Charlie ! Tes amis sont arrivés !!!! »

« Monsieur Palmer, je suppose ? dit-elle en s’approchant du plus âgé du groupe. Je suis Juliette, la marraine de Charlie. Soyez les bienvenus dans ma maison ! »
—Vous êtes bien aimable, Madame, de nous accueillir, mes comédiens et moi-même, pour nous permettre de peaufiner ce qui, j’ose l’affirmer, fera date dans l’histoire du théâtre.
—Vos comédiens sont bien jeunes et Macbeth est une pièce réputée difficile. Ne dit-on pas qu’elle porte malheur ? Je me suis laissé dire que les Anglais ne prononcent jamais son nom et qu’ils ont coutume de l’appeler « La pièce écossaise »…
—Il est exact que la réputation de la pièce est mauvaise et que divers accidents se sont produits au cours des siècles lors des représentations, mais Arthémus Palmer n’est pas homme à se laisser influencer par des superstitions ! Laissez-moi vous présenter les artisans de ma réussite… »
Les trois jeunes gens s’approchèrent, l’air plutôt renfrogné et grommelèrent quelques remerciements indistincts. Juliette mit ce manque d’enthousiasme sur le compte de la fatigue due au voyage.
Charlie sortit du sous-bois où, si l’on en croyait la brochure qu’il tenait à la main, il répétait son rôle. Les retrouvailles entre les quatre jeunes furent très froides Charlie se contentant d’un signe de la main pour les entraîner vers le lieu choisi avec Juliette pour dresser les tentes. Il n’aurait tenu qu’à lui, n’importe quel endroit aurait fait l’affaire, mais Juliette avait tenu à proposer une agréable clairière, sous l’ombre tamisée des pins.
Monsieur Palmer, — « Vous pouvez m’appeler Arthie », avait-il précisé à Juliette, d'un ton empreint d’une certaine condescendance qui déplut fort à son hôtesse— parut très soulagé de se voir attribuer une chambre dans la maison. Chambre dans laquelle il ne tarda pas à disparaître, pour, dit-il, se mettre dans les conditions favorables au travail de création qui l’attendait…

Les premiers jours se passèrent sans incidents notables. Juliette n’apercevait les comédiens qu’aux heures des repas, qui étaient pris en commun, et auxquels tous les participants faisaient honneur. « Arthie » se révélant à l’occasion posséder un sérieux coup de fourchette, bien peu en accord avec l’image détachée des contingences matérielles qu’il souhaitait donner de lui-même.
Le reste du temps tout le monde disparaissait pour répéter. Il lui parvenait parfois de brusques éclats de voix qui ne lui semblaient pas appartenir à la plume de Shakespeare. Mais avec les adaptations modernes on ne pouvait jurer de rien…

Juliette était une lève-tôt. Elle aimait prendre son petit déjeuner sur la terrasse, avant que la chaleur du jour et l’ardeur du soleil ne la confinent dans la maison, à l’ombre fraîche des volets mi-clos. Charlie avait pris l’habitude de la rejoindre devant un café fumant accompagné de tranches de pain perdu généreusement tartinées de gelée de groseilles. Elle avait bien proposé aux autres de se joindre à eux, mais ils avaient refusé, qui pour prolonger au maximum une trop courte nuit de sommeil, qui pour ne pas risquer de compromettre une silhouette de rêve… Mr Palmer se contentait d’une tasse de thé de Chine prise en marchant dans les allées tout en déclamant des vers… Mais Juliette avait trouvé bizarre de ne jamais retrouver les restes de pain perdu qu’elle laissait sur la table de la cuisine…
C’est au cours de ces petits déjeuners en tête à tête que Charlie lui donnait des aperçus des répétitions.
« Alors c’est toujours toi qui joue Macbeth ? demanda –t-elle ce matin-là.
—Oui, mais Palmer n’est pas satisfait… Il n’est satisfait de rien d’ailleurs, sauf peut-être de notre chère Lady Macbeth… »
A ce moment-là, un hurlement atroce troua la quiétude ambiante…
« Qu’est-ce que c’est ? demanda Juliette en se dressant brusquement.
—T’inquiète, marraine, c’est Laurent/Banco qui cherche le bon registre pour le cri qui accompagne son assassinat….


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Silhène
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MessageSujet: Re: Shakespeare in fields…    Shakespeare in fields…  I_icon_minitimeDim 25 Juil 2010 - 8:16

Il ne me dit rien qui vaille ce Palmer Suspect , mais peut-être que je pars complètement sur une fausse piste carton rouge
Vivement la suite...
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Amanda
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MessageSujet: Re: Shakespeare in fields…    Shakespeare in fields…  I_icon_minitimeLun 26 Juil 2010 - 15:07

Aussi inquiétant que dans la vraie pièce !!!! bravo
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Plumentête
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MessageSujet: Re: Shakespeare in fields…    Shakespeare in fields…  I_icon_minitimeJeu 29 Juil 2010 - 21:22

Une atmosphère parfaitement bien rendue! Moi non plus ce Palmer ne me plait pas trop, voire pas du tout noooon !
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Nerwen
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MessageSujet: Re: Shakespeare in fields…    Shakespeare in fields…  I_icon_minitimeDim 1 Aoû 2010 - 18:19

Partie 3

—Tu crois ? On aurait dit que ça venait de l’intérieur de la maison…
—Mais non !
—Il faut que j’aille voir ! » dit Juliette en quittant la terrasse.
Un instant plus tard elle était de retour. Livide, elle balbutia :
« C’est… c’est… monsieur Palmer… il est… il a… il a été assassiné !
—Assassiné ? Tu plaisantes…
—Si, je t’assure. J’ai ouvert la porte de sa chambre… Il est étendu à plat ventre sur son lit…
—Pour une fois, il a peut-être décidé de faire la grasse matinée…
—Mais il a un couteau planté entre les deux épaules et… et… »
Charlie s’était levé, mais Juliette l’arrêta d’un geste : « Non, n’entre pas ! Il ne faut toucher à rien ! Appelle la police !
—Mais voyons, il a peut-être besoin d’aide…
—Je te dis qu’il est MORT ! Il y a du sang partout ! Mon Dieu tant de sang … »

Comme elle disait ces mots, Laurent et Dan arrivèrent en courant
« Que se passe-t-il ? Nous avons entendu crier…
—C’est Palmer, Juliette dit qu’il est mort, les renseigna brièvement Charlie qui se dirigeait vers le téléphone.
—Mort ?
—Assassiné ! »
Les deux garçons se regardèrent, l’air ébahi.
« Il a un couteau planté dans le dos, précisa Juliette devant leur air incrédule. Allez Charlie, appelle la police ! »

« Qui parle de police ? interrogea Sandra qui venait de surgir de derrière la maison.
—C’est Juliette, elle dit que le vieux Palmer a été assassiné…
—Bon débarras ! marmonna la jeune fille, si seulement ce pouvait être vrai !
—Mais, C’EST vrai ! s’emporta Juliette. Je vous dis qu’il est étendu sur son lit avec un couteau…
—Calme-toi, Juliette ! dit Charlie en revenant sur la terrasse, j’ai téléphoné, la police sera là dans un moment…
—Nous devrions peut-être aller voir, suggéra Dan…
—Non, Juliette a raison, la police recommande toujours de ne toucher à rien sur une scène de crime. Il faut éviter de détruire les éventuels indices… Asseyons-nous, il ne reste plus qu’à attendre, dit Charlie.

Une demi-heure plus tard, une voiture de police entra dans la cour. Un homme jeune, accompagné de deux policiers en uniforme, en descendit. Il se dirigea vers les cinq visages anxieux qui l’attendaient et se présenta à Juliette qu’il identifia aisément comme étant la maîtresse de maison: « Inspecteur Fléance ! Pouvez-vous me montrer où se trouve la victime ? Vous deux, restez ici, recommanda –t-il aux agents, et veillez à ce que personne ne quitte la propriété. »
Juliette le précéda à l’intérieur de la maison et ils furent suivis par les quatre jeunes gens animés d’une curiosité teintée d’appréhension devant ce qu’ils allaient découvrir derrière la porte.
« Personne n’a touché à rien ? demanda l’inspecteur Fléance.
—Non, dit Juliette, je ne suis même pas vraiment entrée dans la chambre, j’ai tout de suite su qu’il était mort… Il y a tant de sang…»
L’inspecteur ouvrit la porte et pénétra dans la pièce… Les cinq autres s’arrêtèrent sur le seuil et se penchèrent pour voir le lit…
Celui-ci était vide….
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catsoniou
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MessageSujet: Re: Shakespeare in fields…    Shakespeare in fields…  I_icon_minitimeDim 1 Aoû 2010 - 20:29

Citation :
L’inspecteur ouvrit la porte et pénétra dans la pièce… Les cinq autres s’arrêtèrent sur le seuil et se penchèrent pour voir le lit…
Celui-ci était vide….

M.Palmer en a peut-être remis une couche pour faire plus vrai, mais organiser une telle mise en scène seul me parait peu plausible, et comme il n'a pas l'air d'être en odeur de sainteté, c'est louche ...
Du travail en perspective pour les poulets... et pour Nerwen, maître d'oeuvre ! bravo
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Feuille
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MessageSujet: Re: Shakespeare in fields…    Shakespeare in fields…  I_icon_minitimeLun 2 Aoû 2010 - 0:16

C'est malin, ces flic de série télé ont encore laissé filer l'assassin. Ils vont encore accuser monsieur Palmer de tout manigancer.

Pardon ? Il est mort ? Z'ètes sûr ?
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Silhène
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MessageSujet: Re: Shakespeare in fields…    Shakespeare in fields…  I_icon_minitimeMar 3 Aoû 2010 - 18:57

Alors là, je vire à la parano, et commence à soupçonner tout le monde, même Juliette Suspect
Faux cadavre ou vrai meurtrier ? bravo
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Amanda
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MessageSujet: Re: Shakespeare in fields…    Shakespeare in fields…  I_icon_minitimeMar 3 Aoû 2010 - 20:14

Je me demande où tu veux en venir....
Mort ou npas mort ?

Mise en scène ?

Vrai suspense en tous cas...

noooon !
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Nerwen
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MessageSujet: Re: Shakespeare in fields…    Shakespeare in fields…  I_icon_minitimeSam 7 Aoû 2010 - 15:02

Partie 4

Juliette ne pu retenir un cri de surprise et Charlie, flegmatique, demanda : « mais où est-il passé ? »
L’inspecteur se retourna, appela un des agents et enjoignit au second de veiller à ce que personne ne quitte la maison. Puis il referma doucement la porte au nez des curieux, en les priant de retourner sur la terrasse.

Là, autour d’une boisson rafraîchissante que Juliette s’empressa de servir en guise de remontant, les hypothèses allaient bon train. Les jeunes gens pensant que Palmer, n’étant pas tout à fait mort, l’inspecteur allait le retrouver tombé, à côté du lit, ou dans la salle de bain, où il aurait pu se traîner dans son agonie… Juliette ne démordant pas de son idée d’assassinat tendait à croire que quelqu’un avait fait disparaître le corps…
Mais qui ? Aucune personne étrangère n’avait pénétré dans la villa et, entre le moment où elle avait découvert le cadavre, et celui où ils s’étaient retrouvée tous les cinq, il n’y avait manifestement pas assez de temps pour effectuer l' opération délicate qui consisterait à transporter — sans être vu — puis à cacher le corps d’un homme adulte… Et où le dissimuler ? Et d’ailleurs, dans quel but ?

Le silence se fit quand l’inspecteur Fléance réapparut sur la terrasse… Il tenait à la main le couteau ensanglanté. « Regardez dit-il, un simple accessoire de théâtre ! Je l’ai trouvé à côté du lit.
—Et le corps ? demandèrent les jeunes gens d’une seule voix.
—Aucune trace !
—Mais, balbutia Juliette, tout ce sang….
—De la gelée de groseilles ! Je vous concède qu’elle imite le sang à merveille, je me suis laissé dire qu’on l’utilisait autrefois au cinéma pour les scènes sanglantes. Simplement de la gelée de groseille…
—Mais pourquoi ? Pourquoi cette mise en scène macabre ?
—Vous allez peut-être me le dire. Madame, ajouta-t-il en s’adressant à Juliette, j’aimerais interroger séparément chacun d’entre vous. En qualité de témoin précisa-t-il devant la mine un peu affolés de ses interlocuteurs. Pouvez-vous m’indiquer une pièce tranquille ? »

Et, pendant que les deux agents effectuaient une fouille sérieuse de la maison et de ses environs immédiats, l’inspecteur Fléance interrogea chacun des témoins du présumé meurtre.

De cet interrogatoire, il ne sortit rien de déterminant pour son enquête. Les jeunes comédiens avaient été recrutés sur recommandations de prétendus amis communs, sans essais préalables. Monsieur Palmer avait manifesté le désir de quitter rapidement Paris pour les répétitions et quand Charlie lui avait proposé la maison de vacances de sa marraine, isolée dans la forêt landaise, il avait accepté avec un soulagement visible. Seule Sandra ajouta un élément susceptible de faire progresser l’enquête : le « vieux cochon », selon son expression, insistait pour lui faire signer un contrat mirifique pour une tournée qui les conduirait en Europe de l’Est où ils recevraient, bien sur, un accueil chaleureux et où la carrière de la jeune fille serait définitivement lancée. Mais Sandra n’était pas tombée de la dernière pluie et avait envoyé, toujours selon son expression, « le vieux cochon aux pelotes », le menaçant de tout laisser tomber s’il insistait… Les garçons, quant à eux, n’avaient jamais entendu parler de tournée en Europe ou ailleurs.
Juliette, pour sa part, considérait Monsieur Palmer, comme un homme bien élevé, plutôt grandiloquent et elle attribuait sa suffisance assez insupportable au fait qu’il appartenait au monde du spectacle. Au cours de ces quelques jours, rien ne l’avait frappé dans son attitude, à part un petit détail qui lui revenait maintenant. Quand elle lui avait raconté, au retour du marché, qu’un inconnu lui avait posé des questions sur la troupe de comédiens qui résidait chez elle, preuve, à ses yeux, de la renommée du metteur en scène, ce dernier avait eu l’air plus inquiet que flatté…

La fouille dans et autour de la villa n’ayant rien donné, avant de partir l’inspecteur Fléance recommanda à Juliette de le prévenir si quelque chose lui revenait. Il demanda aux jeunes comédiens de ne regagner Paris (ce qu’ils firent dès le lendemain) qu’après avoir laissé leurs coordonnées.

La douce torpeur de l’été retomba sur la maison de vacances. Le mystère restait entier et Juliette s’interrogeait….
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catsoniou
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MessageSujet: Re: Shakespeare in fields…    Shakespeare in fields…  I_icon_minitimeSam 7 Aoû 2010 - 16:24

Citation :
—De la gelée de groseilles !

ce dernier avait eu l’air plus inquiet que flatté…


1) De la gelée de groseille ? Vu la rareté de la matière première et la difficile acquisition du savoir-faire en matière d'obtention de la gelée : du gâchis ou si je peux me permettre - de la confiture aux cochons ! - lol!

2) Me semblait bien que (si j'peux me permettre (bis...), l'est pas très catholique, ce Palmer-là ...
boah
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Amanda
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MessageSujet: Re: Shakespeare in fields…    Shakespeare in fields…  I_icon_minitimeSam 7 Aoû 2010 - 17:04

Tout à fait : " Le mystère reste entier..."
Tu nous laisses macérer dans notre jus....de groseilles lol!
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Silhène
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MessageSujet: Re: Shakespeare in fields…    Shakespeare in fields…  I_icon_minitimeMer 11 Aoû 2010 - 19:55

C'est un usurpateur ce Palmer, si c'est son vrai nom, d'ailleurs !! jocolor

Il veut échappper à qui en se planquant dans les landes ? Est-ce que l'inspecteur Fléance pipe tient le début du commencement d'une piste ?

help help help
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MessageSujet: Re: Shakespeare in fields…    Shakespeare in fields…  I_icon_minitimeMar 17 Aoû 2010 - 14:49

Et après?
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Nerwen
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MessageSujet: Re: Shakespeare in fields…    Shakespeare in fields…  I_icon_minitimeMar 17 Aoû 2010 - 17:49

Partie 5 (fin)

Quelques jours plus tard, Juliette reçut un coup de téléphone de l’inspecteur Fléance.
« Bonjour, madame, je vous appelle au sujet de notre histoire...
—Bonjour inspecteur, avez-vous du nouveau ?
—Il semblerait…
—Dite-moi, je brûle d’impatience !
—Et bien, nous avons retrouvé la trace du sieur Palmer. Ivan Ivanovitch de son vrai nom. Un ressortissant moldave, pas plus metteur en scène que vous et moi. Palmer était un faux nom et la mise en scène, une couverture.
—Qui était-il alors ?
—Un membre plus ou moins important dans son pays de la maffia locale. Un trafiquant, un tueur à l’occasion…
—Un tueur !
—Oui, mais sa dernière affaire a mal tournée et il avait quelques uns de ses anciens amis aux trousses. On ne plaisante pas avec les loosers dans ces milieux… Sans parler de la police qui s’intéressait aussi à lui, suite à une affaire de proxénétisme dans la région parisienne. D’où sa hâte de trouver un refuge tranquille…
—Mais pourquoi cette mascarade ? Et qu’est-il devenu ? L’avez-vous retrouvé ?
—Pour répondre à votre première question, sachez que le théâtre était sa passion, mais la vraie raison c’est qu’il a compris quand vous lui avez parlé de l’inconnu du marché et de ses questions, que ses anciens amis avaient retrouvé sa piste et il a décidé de disparaître…
—Mais pourquoi mettre en scène sa propre mort ?
—Parce qu’il voulait être sûr que la police de Saint Romain les Pins ne viendrait pas lui mettre des bâtons dans les roues. Comme il savait que moi, et mes deux agents représentions à nous seuls toute la police disponible en ces temps de vacances, il a décidé de nous attirer ici. Et quoi de plus sûr pour attirer la police qu’un meurtre ? Quand il a entendu Charlie téléphoner, et qu’à vos voix il a compris que vous étiez tous réunis sur la terrasse, il est sorti de la maison par la fenêtre et a pris la poudre d’escampette en passant pas les bois… Quand nous sommes arrivés, il était déjà loin !
—Et si nous nous étions aperçus de la supercherie, si un des jeunes était allé dans la chambre pour vérifier?
—Oh, je suis tranquille, il aurait prétexté une histoire de répétition, de recherche de la bonne attitude dans la mort…
—Et maintenant où est-il ? Pourquoi ne le retrouvez-vous pas ?
—Oh, nous l’avons retrouvé ! A la sortie de Saint Romain, sur la petite route forestière…
—Vous l’avez poursuivi ? Vous l’avez arrêté ?
—Pas vraiment… Il nous attendait…
—Il vous attendait ? Je n’y comprends plus rien ! Après avoir essayé de vous échapper, voilà qu’il vous attendait ?
—Oui, étendu sur le bas-côté…
—Avec un couteau planté entre les deux épaules ? Vous vous moquez de moi, inspecteur !
—Non ! Avec un trou de CZ 75 entre les deux yeux… Je crains que ses « amis » n’aient été plus rapides que nous…
—Alors, l’histoire s’arrête là ?
—Et oui, il n’y aura pas une énième géniale mise en scène de Macbeth…
— Et pourtant je l’avais prévenu…
— Vous l’aviez prévenu ?
—Oui, en lui rappelant que cette pièce portait malheur aux yeux des Anglais. En y repensant, je me demande si Palmer ou… Ivanovitch connaissait vraiment la pièce. Si c’était le cas, il aurait dû retenir cette phrase prononcé par Macbeth au troisième acte «Il y aura du sang : on dit que le sang attire le sang. »
—Puisque nous en sommes aux citations, j’en ai une qui lui convient mieux : «Ce qui commence dans le mal s'affermit par le mal.»
—Et bien dites-moi, inspecteur, on a des lettres dans la police !
—Que voulez-vous, madame, les temps changent…
—Au revoir, inspecteur ! Venez me rendre visite à l’occasion, nous parlerons théâtre… »
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Amanda
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MessageSujet: Re: Shakespeare in fields…    Shakespeare in fields…  I_icon_minitimeMar 17 Aoû 2010 - 18:00

Un ressortissant moldave ! Tintin n'est pas loin, lui qui parcourait la Moldavie avec Milou !
Quelle histoire, mais quelle histoire !
Shakespeare, qui nous tient à coeur à toutes deux, me semble-t-il, n'a-t-il pas écrit "The English are mad"
N'aurais-tu pas des origines britanniques ? " Mad" signifie " fou" mais ici, je te prie de le prendre dans le bon sens, celui de la folie de l'imagination créative bravo
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madeleinedeproust
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MessageSujet: Re: Shakespeare in fields…    Shakespeare in fields…  I_icon_minitimeMar 17 Aoû 2010 - 18:49

Une fin savoureuse! Bravo Nerwen!
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Osi
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Osi



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MessageSujet: Re: Shakespeare in fields…    Shakespeare in fields…  I_icon_minitimeMer 18 Aoû 2010 - 11:51

Bravo pour cette saga bien menée !
bravo!
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Silhène
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MessageSujet: Re: Shakespeare in fields…    Shakespeare in fields…  I_icon_minitimeMer 18 Aoû 2010 - 14:00

Bravo Fléance, inspecteur flegmatique et cultivé !
Et bravo Nerwen, pour avoir si bien guidé ton limier ! bravo!

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MessageSujet: Re: Shakespeare in fields…    Shakespeare in fields…  I_icon_minitime

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