Je suis mort ce matin,
J’étais la mémoire d’un village,
Je me souvenais de tout :
Du premier cri de l’enfant né
De la prière qui fait venir la pluie,
J’étais l’homme qui marchait dans le désert, celui qui pense libre
J’étais celui qu’on assassine parce qu’il refuse de se soumettre
Je suis mort ce matin,
Et mes amis me pleurent
Je connaissais l’histoire du vent qui assèche les gorges
Et de la plante qui apaise la douleur,
Je chantais l’Afrique aussi
J’étais le regard bienveillant sur vos enfants, qui rient et pleurent
Celui qui transmet la mémoire et le cœur de tout un peuple
Je suis mort ce matin ;
Et avec moi disparaît un petit bout d’Afrique
Je savais les racines qui poussent sur une terre aride
Et pourquoi nous sommes d’ici et pas d’ailleurs,
Je sais pourquoi toi aussi tu vis là
Je lisais dans les étoiles, la voie lactée était mon livre de chevet
J’y imprégnais les traces de vos pas, pour que jamais vous ne vous perdiez
Je suis mort ce matin,
Je redeviens poussière en mon unique demeure,
Et comme mes ancêtres avant moi, je viens à ma terre,
Ce que tu foules de tes pieds nus est une histoire,
Prends le temps de t’asseoir à même le sol,
Ecoute
Je te raconte le regard bienveillant de celui qui lit dans les étoiles,
Je te chante l’Afrique, son passé et son futur
Ensuite seulement
Tu te relèveras, et tu iras marcher dans le désert en homme libre