La nuit est bien avancée.
En écoutant Pierre lapointe, en voix/piano, je me laisse aller à me détendre un peu.
L’aiguille a fait le tour de la pendule, le soir a remplacé l’après-midi, puis la nuit a envahi le jardin. En début de soirée, Thibault est rentré, il a gouté puis a fermé les volets, m’a parlée quelques minutes puis m’a laissée me concentrer sur mes mots.
Il y a eu des allers et venues dans la maison. L’homme est rentré et s’est fait discret, il s’est couché tôt, Thibault a pris sa douche puis est monté dans sa chambre un peu plus tard. Et je suis restée seule, mon chat non loin, sommeillant sur le canapé.
De temps en temps, je vais mettre une bûche dans le feu, et la chaleur douce du bois m’enveloppe. Et son odeur me fait du bien.
En écoutant Pierre Lapointe, je ressens les tensions de mon corps après des heures d’écriture, et en même temps la plénitude qui me remplit.
J’ai besoin de l’écriture, j’ai besoin de mes enfants, j’ai besoin de la montagne ; Sans ces trois points essentiels de ma vie, je ne suis pas sûre de savoir trouver un intérêt à vivre.
Je ne cours plus après le temps, après la vie. Depuis deux ans je me suis arrêtée de remplir mon temps. Je m’applique à le ressentir, seconde par seconde, saison après saison, de tout mon être, de tout mon corps. J ai retiré de ma vie tout le superflu, je n’ai gardé que l’essentiel. Je ne vais plus en ville, fais les courses le moins possible, je consacre le maximum de temps à ce que j’aime et le minimum à ce qui me leste.
Je me suis presque faite à l’idée que l’écriture m’était vitale. Depuis j’essaie de comprendre le pouvoir de mes mots sur ma vie. J’essaie de chercher dans mon passé un indice qui me permettrait de voir que l’écriture me manquait, que je la cherchais, qu’elle était indispensable à mon épanouissement, et que quelque part, je le ressentais. Mais rien de tout ça, elle m’est vraiment tombée dessus du jour au lendemain, comme une bouée jetée pour ne pas me noyer. Avant elle n’existait pas. C’est peut être pour ça que je n’arrive pas à effacer cette idée qu’elle peut partir aussi vite qu’elle est venue.
C’est peut-être pour ça que j’écris toujours dans l’urgence, que je pense comme j’écris.
En écoutant Pierre lapointe, je me laisse aller à apprécier toutes ces minutes volées à la nuit et je lâche prise, enfin…
Envie irrésistible de bipper Pati sur msn, pour lui dire : On est bien hein ?
Réponse immédiate :
« On est super bien »