La Bulle qui détruit

J’ai planté un arbre pas comme les autres,
il y a dix huit ans de cela. En trois jours seulement, il avait atteint
sa taille finale. Je dois l’admettre que c’était tout de même impressionnant et hors normes. C’est pendant les semaines suivantes que le travail avait été le plus difficile, minutieux et avais demandé une patience méditative. Le tronc avait pris une forme qui vous donne presque envie de détourner votre regard, parce qu’elle exprimais une certaine intimité. Comme celle d’un homme et une femme entrelacés dans un baiser. C’est vrai qu’il attirait beaucoup de regard ce tronc d’arbre. Bien des personnages importants se sont arrêtés pour l’admirer. Il leurs arrivait parfois même d’entrer en conversation profonde, pour cause de différences d’opinions. J’avais donné tout mon temps libre à cet arbre. Les heures passées à prendre soins, d’utiliser la bonne quantité d’eaux.
Eviter que la terre soit trop mouillée ou même pire, trop sèche.
Encore une semaine passa et les branches aussi ont exprimé leur présence,
en s’étirant vers le haut. Cet arbre semblait déjà respirer un air plus oxygéné.
Au moment où les premières feuilles ont apparu, je l’avais reconnu
ce bel arbre, exactement comme je l’avais imaginé.
Sa beauté rayonnante,
me remplissait de fierté,
oui c’est vrai.
D’autant plus
grande était ma
réaction horrifiée
quand j’ai appris
sa destruction totale
après avoir été cuit
a plus de 1200 degrés.
Cette sculpture de
terre glaise avait
représenté la plus
belle de mes créations.
C’était la première fois
que j’avais représenté un couple.
Il m’avait fallu bien du courage pour réaliser des formes nues, sensuelles.
Si seulement cette bulle d’air n’avait pas été emprisonnée au milieu de la terre glaise, ma sculpture aurais pu être éternelle d’une certaine manière. Ce couple qui s’abandonnait dans un baiser tendre, prenait forme d’un arbre bien enraciné, avec des branches pleine de belle feuilles représentantes de vie belle et saine.

Et voilà encore après toutes ces années, j’ai un arbre planté, là, dans mon imagination, qui n’attend que d’être recréé a nouveau. Sauf cette fois ci, cuit au four à 1200 dégrée sans exploser en mille morceaux, parce qu’une simple bulle cherche a s’évader…