Le vieux chêne qui m’héberge m’a réveillé, à ce moment étrange où la nuit devient bleue, précédant le jour nouveau.
Ses feuilles ont doucement bruissé à mon oreille, ses branches ont légèrement craqué et il m’a murmuré :
« Jeannot Lapin est un farceur, il cache les œufs de Pâques pour les enfants, regarde-le »
En effet, le lapin déployait des ruses de Sioux pour dissimuler les centaines d’œufs en chocolat qui attendaient les enfants. Pas sûr que la cueillette des gamins soit abondante cette année !
Je n’ai pas bougé, n’ai rien dit, et j’ai continué à observer le manège. Une idée était en train de germer dans mon esprit, rira bien qui rira le dernier !
Comme prévu, le bois s’est peu à peu rempli de petits chercheurs de trésors aux yeux brillants, leur panier d’osier au creux du bras.
Les plus grands, plus aguerris à la quête, ont commencé à chercher dans le creux des arbres, les petits monticules de mousse, les lieux prolifiques des années précédentes.
Mais cette fois rien, pas le moindre petit œuf !
Au bout d’un long moment, ils étaient tous bredouilles et se regardaient d’un air perplexe et déçu. Certains parmi les petits continuaient encore, excités par la magie de l’histoire, pas encore découragés.
C’est à ce moment là que je suis intervenu, sans me montrer, sans faire de bruit.
J’ai remué mes oreilles et des dizaines de papiers multicolores sont soudainement apparus dans les bois.
Un premier enfant a écarquillé les yeux, a poussé un rugissement de joie et s’est précipité sur les gourmandises, suivi par tous les autres.
Assis sur mon chêne, je les ai observés en souriant, heureux d’avoir déjoué la farce de Jeannot Lapin.
C’est alors qu’un gamin s’est mis à regarder fixement dans ma direction, l’air intrigué.
Oups ! Je me suis aussitôt caché derrière une feuille, les Elfes des Bois ne sont pas censés apparaître aux humains…