A la une du journal belge « LE SOIR » du 13 juillet 2O11 :
INQUIETANTE DISPARITION :
Le professeur Octave Vandemoortele de la « KUL » ( Katholieke Universiteit Leuven *) semble s’être littéralement volatilisé hier soir !
Cet éminent scientifique était attendu ce jour à Montréal afin de prendre la parole au Congrès International d’énergies renouvelables ( Le CIER ) Selon son entourage, il devait y tenir une intervention capitale et révolutionnaire.
Rappelons que le professeur Vandemoortele et son équipe de chercheurs travaillent en étroite collaboration avec l’Université de Montréal ( province du Québec-Canada) à la mise au point de nouvelles sources non polluantes.
Interrogés par nos confrères de « LA GAZETTE DU QUEBEC », le Docteur René Delaforestière a déclaré « Octave, qui est aussi mon ami, devait prendre l’avion à 2Oh hier soir. D’après mes sources, il a quitté son domicile de Leuven vers 18h ( Louvain , près de Bruxelles )et un taxi l’a effectivement déposé avec ses bagages au hall des départs à l’aéroport de Bruxelles-National.
Cependant il n’a jamais embarqué dans l’avion pour Montréal ! Et moi, je l’ai attendu en vain. Son portable est sur messagerie, je ne comprends pas son absence. Octave est un homme sérieux, célibataire endurci, totalement dévoué à son travail de chercheur ! Rien de porte à croire à une fugue de sa part ! Il n’est pas homme à courir le guilledou !
Personnellement je suis très inquiet et fortement perturbé à tous points de vue !
A la question posée par rapport à leurs travaux communs, le Dr Delaforestière n’a rien voulu nous révéler, se contentant de dire qu’ils avaient abouti à … La Découverte du Siècle !!!!! »
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Thomas Delafontaine repoussa son assiette avec agacement.
« Tu n’as pas faim, mon chéri ? » s’inquiéta son épouse Diane.
« J’ai fait ce cheesecake spécialement pour toi et ton ami Octave ! Vous l’adorez tous les deux ! »
Thomas la regarda avec commisération :
« Mais ma pauvre, tu ne saisis vraiment pas la gravité de la situation ! Parlons-en, tiens de ton cheesecake et d’Octave ! Tous les deux me restent sur l’estomac ! »
Mais Diane, à la langue pendante ( en français bien pendue !) lui cloua le bec tout net en termes bien sentis.
Thomas soupira.
Et voilà ! Un malheur n’arrive jamais seul…
Il avait droit à la scène de ménage en plus ! Et avec Diane, chanteuse de profession, elle ne manquait pas de voix et personne ne l’arrêtait..
Il préféra donc l’ignorer et quitta la maison en claquant la porte avec fracas, renversant au passage les deux fauteuils à bascule sur le perron.
Thomas Delaforestière était en colère…
Et dans ce cas-là, seule la marche arrivait à le calmer. Il gravit la célèbre « University Hill », colline où se situait l’Université de Montréal. Les membres du corps professoral habitaient tous dans l’enceinte de cette université. De là-haut, la vue sur la ville et le fleuve St Laurent était parfaite.
Thomas s’installa sur son banc favori à la lumière d’un réverbère.
Il sortit de la poche de son anorak rouge, orné de la célèbre feuille d’érable, un petit carnet.
Son aide-mémoire dans lequel il griffonnait pêle-mêle ses idées de chercheur, ses remarques et les bons jours des haïkus dont il était l’auteur…
Ce soir-là, il commença La Liste.
Il faudrait qu’il n’oublie rien, ni personne, les puissantes mutltinationales, les exploitants d’énergie, , les états concernés…
Il faudrait qu’il n’oublie rien…
Pour sauver Octave, pour sauver leur invention…
Pour se sauver, lui !
A la nuit tombante, la lumière du réverbère devenait insuffisante…
Il n’y voyait plus très clair…
Il n’y voyait plus du tout !
Parce que, si un grand coup sur la tête peut vous faire voir trente-six chandelles, dans le cas de René Delaforestière, ce fut le contraire !
Il sombra dans le noir le plus absolu….