Mon monstre à moi possède malheureusement un nom, connu, banal, courant.
Mais un mot n’est qu’un mot, difficile de décrire son emprise sur les personnes concernées, abominablement terrifiées.
De nombreuses pattes, des yeux multiples (mais je ne prends jamais le temps de les compter!), la panique ultime de mes moments sombres.
J’ai aperçu ce monstre partout.
Dans les endroits intimes : le lit, les draps repliés, la baignoire, les murs de ma chambre, le soir, quand tout est calme et endormi.
Dans les endroits publics : boulot, piscine, j’en passe et des meilleures !
La nuit, il m’a semblé parfois entendre un frôlement, un bruit infime, je n’arrive toujours pas à savoir si mon imagination, mes oreilles, ou les deux à la fois, m’ont joué des tours!
Mon entourage proche connait maintenant le « problème » et ne cherche même plus à le minimiser. Il réagit sans se poser de questions, sans essayer de me raisonner. Peine perdue de toute façon…
Les qualités de mon pire cauchemard sont pourtant multiples et bénéfiques.
A part mes semblables, épouvantés, qui dira le contraire ?
Si sur mon poignet un de ces monstres pose un jour sa patte velue…
A coup sûr je hurle, je meurs, deviens hystérique, et dans un geste dément, l’écrase !
Pour m’évanouir ensuite de frayeur, de terreur, d’horreur latente depuis tant d’années.
J’aimerais bien pourtant m’entendre avec ces petites bêtes qui ne me feront pas de mal. Mais je ne peux pas.
Je suis arachnophobe…
Help !