Le corps s’élança en avant, tournoya lentement dans le vide et disparut, avalé par les falaises rougeoyantes.
Sans bouger, Nadège regarda la scène depuis le promontoire herbeux battu par le vent.
Malgré le drame qui venait de se dérouler sous ses yeux, elle se sentait apaisée, libérée d’un poids qui l’oppressait depuis très longtemps sans même qu’elle s’en aperçoive.
L’homme, tôt ou tard, aurait eu un geste désespéré. Elle l’avait compris, lu dans ses yeux, quand il s’était retrouvé accusé devant tout le village, pointé du doigt pour l’acte atroce qu’il avait commis des années auparavant.
Elle ne lui pardonnerait jamais le crime envers sa sœur, et elle méprisait profondément la lâcheté de ceux qui s’étaient tus et lui avaient dérobé son enfance.
Maintenant un pan de sa vie se tournait, elle en prenait pleinement conscience et les évènements des dernières semaines commençaient à perdre de l’intensité, à devenir de plus en plus lointains.
Ses souvenirs restitués avaient retrouvé des couleurs, des sons, des rires, et le voile noir de malheur et d’oubli qui recouvrait sa mémoire depuis la tragédie s’était définitivement envolé.
Mavalon et son sortilège m’ont finalement permis de découvrir la vérité, se dit-elle, d’un ton mi-amusé, mi-sérieux.
A pas lents elle regagna l’hôtel, emplissant une dernière fois son regard du paysage somptueux qui l’entourait.
Demain elle partirait, reprendrait la route, pour un ailleurs inconnu et un avenir plein de promesses.
FIN