le dernier métro

Elle prend toujours le dernier métro.
Fuir la foule.
Premiers arrêts près de la gare,
Des hommes,
Journal du matin à la main
MP3 aux oreilles
Pressés
Toujours
Le regard vide
L'air absent.
Finalement elle préfère les rames vides
Plus légères qu'habités de corps en mode automatique

Un arrêt
Puis un autre
Où la rame va t-elle la conduire ce soir ?
Vers quelle galère ?

Une femme monte
Regards discrets...
Un instant, elle imagine
Sa vie rangée
Métro boulot dodo
Son visage froissé
Ses soucis
Son regard vers la montre
Ce temps qui file.

Elle, elle en a trop
Toute la journée
Errance
Partance
Vers un quai vide.
En quête de quoi ?
Est-ce vraiment ça la liberté ?
Qu'est ce qui la retient ?
Toujours l'impression de ne pas être du bon côté du quai...

Elle, elle n'a pas de montre
Pour quoi faire ?
Qu'importe le temps...
Cette femme la dérange soudain
Lui renvoie sa misère et sa solitude.
Pas un regard vers elle,
Pas un sourire,
Âme inexistante,
Coup de poignard dans le ventre
Envie de crier, de la secouer, de l'injurier
Mais elle se reprend, se sourit et se demande finalement qui est la plus paumée des deux ???

Où que nous vivions, le métro semble pareillement nous inspirer ...

est-ce le métro ou le clip plutôt filmé en décalé par rapport au rythme de vie et au flux des heures de pointe?

une autre rendition tres interessante

j'aime bien ton ecriture

J'aime bien ton texte et tout ce questionnement.

Quand je voyage, j'observe et c'est vrai que je m'en pose des questions !

Ce que j'aime le plus, c'est ta façon de décrire le contexte métro avec ses visages qui ont l'air absent. J'emprunte bien rarement ce mode de transport si éloigné de ma campagne profonde avec ses passages de voitures qu'on peut compter sur ses doigts, et encore les jours fastes ! Je n'ai jamais pu m'habituer à ces visages impassibles.

Et ce passage illustre mon appréhension:

"cette femme la dérange soudain
Lui renvoie sa misère et sa solitude.
Pas un regard vers elle,
Pas un sourire,
Âme inexistante,"

J'aime beaucoup ton poème, qui me renvoie un peu à moi-même(parfois, du moins)...sauf que je n'attends pas minuit tous les soirs pour prendre le dernier train !

Incommunicabilité et solitude sont superbement traduites dans ton poème:
"Cette femme la dérange soudain
Lui renvoie sa misère et sa solitude.
Pas un regard vers elle,
Pas un sourire,
Âme inexistante...

Encore un bon texte, l'atmosphère de multiples solitudes se croisant, d'indifférence des uns et des autres est bien rendue.

Ton texte m'a prise aux tripes, surtout la phrase "Toujours l'impression de ne pas être du bon côté du quai...", un écho peut-être ...
Très beau texte Sol-eille !

Je n'ai moi-même que très rarement pris le métro parisien... et c'est peut-être pour cela que je regarde (encore) autour de moi quand il m'arrive de l'emprunter... et je me suis demandée au bout de combien de trajets quotidiens je ne verrais plus les autres moi non plus ???
Enfin voilà et merci pour vos commentaires.

Sel a écrit:

J'aime beaucoup ton poème, qui me renvoie un peu à moi-même(parfois, du moins)...sauf que je n'attends pas minuit tous les soirs pour prendre le dernier train !

Je me retrouve aussi dans ce poème. Ça lui donne un peu plus d'importance. Parce que je me vois aussi dans la femme qui ne sourrit pas, et je m'en sens d'autant plus concernée.

Une très belle peinture.