Autrement

Autrement


Ça me plaît bien de m'allonger comme ça sur un banc, les bras au dessus de la tête, (ça aère mes aisselles), le nombril à l'air (ça le met en valeur). Et puis comme ça, ma poitrine remonte et je la trouve plus jolie. J'aime bien mes seins. Ce n'est pas comme avant. Il faut dire qu'avant, c'était vraiment moins que rien.

J'ai appris à faire des courses pour ma vie quotidienne. Évidemment, ça me change. Avant je comptais beaucoup sur maman pour tout ça. Une mère admirable, dévouée, aux petits soins, qui a toujours tout compris, bien plus que je ne le croyais. Je me suis acheté un cabas, un peu à l'ancienne. C'est quand même mieux que porter des sacs plastiques comme maman le faisait.

Évidemment, j'ai dû changer de travail. Circonstances obligent. Remarquez, je comprends mes anciens collègues, c'étaient d'excellents potes. On buvait des bières après le boulot. J'ai toujours aimé la bière. Mais bon, quand on fait des choix dans la vie, ensuite il faut assumer. J'ai quelques regrets, mais au final tout est bien mieux maintenant, je me sens pleinement dans ma vie, je suis devenue comme je voulais l'être depuis si longtemps.

J'ai surpris beaucoup de gens, c'est clair. Certains ne veulent même plus entendre parler de moi. Tant pis pour eux. Moi je suis bien, là, à me prélasser au soleil du printemps. Libre enfin de vivre. D'autant plus que ce chemin de libération fut un véritable parcours du combattant. Plus d'une fois j'ai failli abandonner. Ceux qui ont eu confiance en moi m'ont beaucoup encouragée, soutenue et je ne les remercierai jamais assez. Et voilà, maintenant, c'est fait !

Jamais je n'oublierai la dernière étape. Lorsque le chirurgien m'a montré ce qu'il venait de m'enlever. Je me suis écriée toute joyeuse : merci de m'avoir quittée ! Désormais, je n'ai plus ce truc entre les cuisses.
Désormais je suis une femme.

*

Il fallait être toi, pour oser aborder la consigne sous cet angle !

Je trouve ton texte très touchant, il me rappelle la chanson d'Aznavour " Je vivais seul avec maman dans un très vieil appartement ...etc"

Il fait ressortir pas mal de souffrances, je trouve, un parcours loin d'être simple, souvent des gens mal dans leur peau avant cette délicate opération et dont tout un chacun se voile "chastement" les yeux.

Grave grave ... la chute.Si je m'attendais à cela ...
Tu es un sacré farceur.

Ouille, Ouille, Ouille !!!



Comme Charlotte, je voudrais croire qu'il ne s'agit que d'une farce , à moins qu'il s'agisse d'un cauchemar, quoique... quoique tous les gouts sont dans la nature et avec ou sans, on peut profiter du soleil ...

Charlotte a écrit:

Grave grave ... la chute.Si je m'attendais à cela ...
Tu es un sacré farceur.

Ce n'est quand même pas de ma faute si le personnage proposé ressemble furieusement à un homme… ! Avec des bras de déménageur !


J'ai donc fait en sorte de bien respecter la consigne !

Citation :

Certains ne veulent même plus entendre parler de moi.

c'est bien le problème !

mais comme tu dis :

Citation :

Tant pis pour eux.

On part tout guilleret avec le premier paragraphe et on se retrouve à la fin mâchoire sur le radiateur !
J'en ris encore ! Bravo !

J'avoue: je n'aime pas du tout ta première partie, la façon dont tu amènes le texte.
Mais dès la seconde partie ("J'ai appris .......) Je suis curieuse, attentive, et étonnée, et la fin ne me déçoit absolument pas.
Du coup, je relis le texte, sans la première partie qui me gêne, et je constate que la façon dont tu as traité cette consigne est en dehors des sentiers battus, mais super intéressante

Quelle chute !
Bien contente d'être une femme !