- Après tant d'années, combien il est délicieux de se retrouver assis sur un banc, comme …
- Qu'alliez-vous dire, Jacques ? Comme des amoureux ? Seriez-vous nostalgique du temps passé ?
- Du temps où j'eusse pu vous conter fleurette, Émilie jolie, bien trop belle pour moi. J'en ai eu bien du regret de n'avoir franchi le pas.
- Les regrets, ce n'est que de la rature, on n'efface pas les fautes qu'on n'a pas commises...
- Émilie ! Que dois-je comprendre ? Vous m'ignoriez superbement, me semble-t-il ?
- Mon pauvre Jacques, comprendras-tu un jour quelque chose aux femmes ? Mais que dis-je ! On t'attend certainement à la maison. Mais voilà que je vous tutoie comme s'il me revenait de prendre l'initiative d'une reconquête... Non plutôt conquérir l'amoureux transi qui n'osait se déclarer, il y a si longtemps. Non, c'était hier, n'est-ce pas ?
- Tu me combles d'aise, mon Émilie … Et à Jean Anouilh qui disait ''ce sont toujours nos bons sentiments qui nous font faire de vilaines choses'', je réponds que des bonnes choses nous attendent. Oui, aujourd'hui, je te laisse l'initiative.
- Trop tard ! Que diront nos enfants, les tiens, les miens ? Et il y a celle qui t'attend à la maison.
- Elle te fera fête, ma compagne, elle va te grimper sur les genoux, te lécher la figure, gémir de joie...
- Non ? Tu me proposes un ménage à trois ?
- Oui, dis oui et tu partageras ta vie avec le seigneur et maitre de Iseult, épagneul breton de deux ans que m'a laissée mon ex, partie le mois dernier vivre sa vie chez mon meilleur ami.
- Désolée, je ne me sens pas une âme de terre-neuve. C'est mon Adagio qui va y aller de sa ritournelle ''tu as encore failli te faire avoir'' me dira-t-il, l'air de rien, heureux d'échapper à une cohabitation avec une qui lui disputerait ses croquettes. Tout comme nous peut-être, si nous nous laissions tenter, au propre et au figuré, ils, nous, vivrions comme chien et chat !
- Émilie, Jacques, Iseult et Adagio, voici une famille recomposée qui, sans regrets, ne demande qu'à étaler ses sentiments...
- Oh, Oh !!! N'allez-vous pas si vite en besogne, Jacques : à vingt ans, des mois d'hésitation, aujourd'hui, un quart d'heure vous suffirait-il ?
- Le temps ! Le temps nous presse, chère Émilie !
- Enfin une bonne parole ...