Si tu suis le chemin

Un sentier au milieu des fougères puis tout au bout, un horizon lointain, sans bornes. Un muret de pierres plates du pays que l’on suit du regard comme un fil d’Ariane. Il nous cueille à trois pas puis nous emporte au plus loin,  à la frontière entre ici et ailleurs. Là où la terre se confond avec le ciel. En équilibre entre aujourd’hui et peut-être demain.

Si tu suis le chemin à peine tracé entre les châtaigniers plusieurs fois centenaires, sans te retourner, par-là, tu atteindras l’océan, tout à l’ouest. Après le troisième vallon,  les deux cols et les champs de maïs tu seras arrivé.

Tu lanceras tes chaussures loin derrière, tu n’en auras plus besoin. Tes pieds nus s’enfonceront dans le sable chaud d’une fin d’été. Tu iras droit devant et tu laisseras les vagues  lécher tes mollets.

Tu attendras là que le soleil se couche, juste au-dessus de cette immense étendue couleur bleu profond.

Entre-temps tu auras dormi dans une cabane de berger, caressé des chevaux sauvages. Tu auras prié dans une chapelle perchée tout en haut d’une montagne, dévalé des pentes enneigées. Tu auras bu à la source du gave et laissé ton regard se perdre à la surface d’un lac d’altitude.

Le soir venu, là, devant le spectacle sans cesse renouvelé d’un jour qui s’achève, face au bruit fracassant d’une mer déchaînée, tu dessineras la fin du voyage à même le sable mouillé.

Tu suivras la dernière trace d’un soleil flamboyant. Comme lui tu te coucheras. A l’instant où le dernier rayon lumineux plongera dans les abysses d’une nuit infinie, la voûte céleste, éclaboussée d’étoiles filantes, reflétera ton visage.

Alors le ciel recouvrira ton corps d’un édredon de perles d’eau. Et au creux de cet océan, apaisé, tu t’endormiras.