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La bonne volonté n'est pas récompensée…
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Clark Joseph Kent
(Superman pour les intimes)
Etudiant en Kryptonite (3° cycle)
à
Madame le Proviseur
Université du Mache-Ta-Chausette
Etats-Soeurs
Amérique du Bord
Madame le Proviseur,
Comme vous l'avez remarqué, je suis, une fois de plus, arrivé en retard à l'examen. Croyez bien que je regrette infiniment les contretemps qui se présentent à moi.
La dernière fois, c'était à cause de la centrale atomique. Oui je sais, je n'avais pas à faire un détour par là-bas et devais venir directement à la faculté. Mais ce n'est quand même pas de ma faute s'il y avait une fuite radioactive qu'il m'a fallu colmater d'urgence avant l'explosion. Je sais bien que vous n'avez pas cru à ma version, mais regardez quand même la tête de mes petits camarades et la lueur verdâtre qui entoure leur crâne depuis que je suis rentré précipitamment dans la salle, sans m'être lavé les mains pleines de poussières radioactives. Vous avez bien là la preuve je n'ai pas inventé cette histoire.
Il y a trois mois, mon retard venait du fait que j'ai mis fin à l'éruption du volcan Pétaincouh-Chahiramieuh, qui avait eu la malheureuse idée de faire des siennes juste quelques instants avant le début des épreuves. D'accord, je reconnais que j'étais encore archi bouillant à 3800° Fahrenheit (in white satin), après avoir éteint le volcan et parce que j'ai couru à la vitesse de la lumière pour tenter d'être à l'heure dans l'amphi, malgré ce contretemps. Mais croyez bien que je n'avais aucune intention de mettre le feu à la faculté toute entière par la seule chaleur de mon corps, et que j'ai quand même fait de mon mieux pour cracher de la glace sur mes petits camarades avant qu'ils ne deviennent des saucisses grillées.
Je sais bien qu'à la fin de l'an dernier vous vouliez me virer de la fac parce que j'ai précisé que mes parents ne pouvait pas venir à votre rendez-vous, vu qu'ils habitent une autre planète. Vous avez alors prétendu que je me moquais de vous. Jamais oh grand jamais je n'oserais une telle chose. Mais je n'y peux rien si la navette spatiale qui devait les amener est tombée en panne au milieu de la galaxie. Et puis, vous avez bien dû convenir que les psychiatres m'ont trouvé tout à fait normal et qu'il n'y avait aucune raison d'être discriminé sous de fallacieux prétextes.
Et donc, aujourd'hui, si je suis en retard, je vous assure que ce n'est vraiment pas ma faute. En effet, j'ai dû me rendre d'urgence en France. Moi vous savez, quand on me demande, mon grand coeur est tel que je ne sais pas refuser. En plus, c'était un appel du Président de la République, totalement paniqué parce qu'il se retrouvait dans une terrible glissade descendante de sa côte de popularité, et donc il craignait de se péter la gueule tout en bas. Un Président de la République qui ressemble à une gueule cassée, déjà qu'il n'est pas avantagé par la nature, ce serait désastreux qu'il prenne une telle gamelle. Et donc, j'y suis allé dare-dare. Le voyage ne m'a pris que quelques secondes, mais arrivé sur place, compte tenu du bordel total de ce pays, j'ai eu fort à faire pour redresser la situation. Et même, je dois l'avouer, je n'y suis pas parvenu, même si je m'étais bardé de cryptonite, la force de résistance française est bien trop grande pour que quelque chose puisse advenir dans ce pays. À mon grand désespoir, j'ai dû renoncer. Reste que, cela m'a mis en retard, je le concède. Mais vous conviendrez qu'il ne peut m'être tenu rigueur d'avoir tenté de sauver la cinquième puissance mondiale, pardon la sixième, pardon la septième, pardon la quinzième. Enfin je ne sais plus…
Votre étudiant dévoué et désolé des soucis qu'il peut vous causer.
Clark Joseph Kent.