Avec ses cinq enfants, Marie avait beaucoup à faire, non seulement elle s’occupait d’eux mais elle exerçait aussi ses talents de fermière. Lorsqu’elle s’était acquittée de toutes ses tâches quotidiennes, il lui restait peu de temps pour s’adonner à son loisir favori : la pâtisserie.
Elle s’installait sur la table de la cuisine et pétrissait la farine fluide, mélangeant œufs, beurre et sucre. La matière prenait forme comme par magie.
Sous la pression de ses doigts agiles et experts, le souffle du blé se transformait peu à peu en boule ronde, lourde et malléable qui vivait dans le creux de ses mains douces et chaudes.
Puis la pâte reposait, s’alanguissait sous le long va et vient du rouleau de bois.
Le samedi Marie tenait un étal sur le marché : elle servait tout aussi bien du cassoulet, des tomates et aubergines farcies mais surtout des petits sablés, des gâteaux à la crème de lait, des mousses au chocolat et des îles flottantes.
Célèbre dans les halles, le quatre quart de Marie était un énorme gâteau aux bords cannelés, sa croûte brune contenait un cœur souple et moelleux au jaune éclatant. Armée d’un grand couteau Marie coupait des tranches épaisses et une odeur suave attirait les clients.