la bonne mère

"Maman ! maman, vient voir. Etienne y s’est fait mal. Il est tombé et y s’est fait mal. »
Dés qu’elle entend sa fille l’appeler, Mathilde lâche la salade qu’elle est en train de préparer et se précipite vers les cris. D’un coup d’œil elle estime les dégâts et accélère encore sa course. Son esprit tourne à toute allure, le vélo, les cris, son fils en dessous. Elle arrive, soulève doucement le cadre, le jette un peu plus loin et prend son fils délicatement entre ses bras.
« Chut, dis moi ou tu as mal, chut tout va bien je suis là ».
Essouflée à ses cotés, Clara la petite sœur raconte
« tu sais maman, Etienne il allait très vite et pis et pis …. Et pis Etienne il est tombé. Au début Etienne y bougeait plus et moi j’ai cru que Etienne et ben j’ai cru que Etienne il était mort et moi je voulais pas qui soit mort alors j’ai eu peur mais Etienne …
- Clara calme toi, Etienne va bien. Chut tout va bien. »

Elle aimerait bien leur dire mais pas tout de suite.

« Hein mon grand, dis à ta sœur que tu vas bien. Et dis moi où tu as mal. »
Le petit garçon tourne ses paumes vers sa maman et tout en reniflant « ai mal aux mains !
« - Chut, regarde y a pas de sang. Clara regarde il n’y a pas de sang. »

Elle pense que ce n’est pas comme la dernière fois.

« Raconte moi comment tu es tombé.
Clara de sa voix haut perché répondit aussitôt
« Ben Etienne il est parti du garage et pis il allait trop vite et moi je courrai derrière lui mais je arrivai pas pasque Etienne il va trop vite avec son vélo.
- Chut Clara, calme toi, tout va bien. Tu laisses Etienne raconté ma puce ? Vas y mon grand.

Elle se dit que maintenant il va falloir qu’il assume son nouveau rôle.

« Je sais pas maman. Je pédalai vite vite et puis je suis tombé.
- c’est rien mon grand, tu vas bien ? T’as encore mal ? »
Comme d’un mouvement de la tête il lui signifiait que oui, elle le serra encore contre elle, attrapa la petite Clara et leur fit un vrai câlin de maman seule à tout deux.
De maman nouvellement seule. Heureusement qu’il n’y avait pas de sang.

Elle ne savait pas si elle aurait supporté. Tout ce sang, tellement de sang quand, après qu’il ait une nouvelle fois menacée les enfants de se défouler sur eux elle avait …
Elle serra les enfants contre elle, sentant les larmes couler sur ses joues.
« Maman, t’es triste Maman ? Etienne il est pas mort maman et il a même pas de sang dans sa tête. Et pis moi moi je t’aime maman, et pi j’aime Etienne. Et pis et pis …
- maman t’es belle, on dirait que tu as de lumière dans les yeux.
Et elle pensa :

Oui mes enfants mais vous savez Chacun a sa part d'ombre, la lumière ne peut pas être toujours là mais vous le découvrirez bien assez tôt.

bravo! j'aime beaucoup, c'est effrayant et déstabilisant en fait! et je trouve que cela est vraiment fidèle à la consigne. l'intrigue est vraiment bien amenée. cette douceur et toute l'horreur sous jacente qu'on ne peut qu'imaginer. ça fait froid dans le dos.

La façon dont tu fais parler les enfants est très réaliste.
Tu t'es un peu mélangé dans les temps, mais l'histoire est très prenante, et la chute inattendue .

L'amour de Maman avec ses enfants, voulant calmer la petite, et une fin dramatique, ne sachant comment faire. Une histoire un peu vécue aussi dans ma famille.
Un beau texte

Comme c'est bien rendu. Toute mère a un jour pensé au pire pour ses enfants et a connu les affres de la peur.
Et cela dure toute la vie....

Effectivement l'irruption du passé simple trouble un peu la lecture (je pense que tu peux essayer de mettre ton texte entièrement au présent, il y gagnera sans doute encore en force). En tout cas un très bon texte, agréable à lire, faire parler les enfants le rend très vivant et l'histoire en filigrane est très bien amenée. Les ressentis sont justement observés et finement rendus. Bravo à toi

Il faut voir " Volver " d'Almodovar... C'est à ça que cette histoire me fait penser, un peu... On ne fait pas toujours de la bonne littérature avec de bons sentiments

ah ben je vois que pivoine et moi avons eu le même écho
j'ai moi aussi pensé à Volver, et au-delà, au destin terrible de ces femmes, qui pour sauvegarder leurs enfants, doivent assumer un geste terrible...

très bon texte, bravo à toi
(et je rejoins plume, ton texte gagnera en intensité à n'être qu'au présent )

Citation :

Tout ce sang, tellement de sang quand, après qu’il ait une nouvelle fois menacée les enfants de se défouler sur eux elle avait …

Le côté mystérieux de cette phrase qui n'est pas dévoilé dans le reste du texte indique combien la mère est toujours sur le qui-vive, redoutant toujours le pire pour ses enfants.
J'eus aimé qu'un coin du voile soit levé dans la chute, mais ce n'est qu'un point de vue tout personnel ...

@coquillette : Merci pour ton commentaire.
Surtout pour le

Citation :

cette douceur et toute l'horreur sous jacente qu'on ne peut qu'imaginer

. J'aime faire fonctionner l'imagination des lecteurs.

@cassy: Les temps, cela a depuis toujours été mon grand problème. Il m'arrive même de penser parfois que je ne suis pas de ce temps là, de celui qui va trop vite...
Pour les paroles d'enfants, un grand merci à Clara 4 ans, sur laquelle nous n'avons pas encore trouvé le bouton marche arrêt

@trainmusical : merci.

@Amanda : Les pères aussi connaissent les affres de la peur, de la panique quand un cri différent des autres est poussé, quand un trop grand silence règne sur la maison ...

@plumentête : la concordance des temps n'est pas mon fort. Je note pour plus tard qu'il faut j'écrive plus dans le présent.

@PivoineBlanche : Volver ? Connait pas. Une chose de plus à regarder. Si mon texte t'a fait penser à un film d'Almodovar, je me dis que cela doit être un compliement

@Pati : apparement je suis le seul à ne pas connaitre Volver. Je manque totalement de culture !

@catsoniou : lever un coin du voile ? Pourquoi pas. Mais ce serait couper la faim du lecteur au lieu de le laisser dessus. Et pour ma part j'aime quand après avoir tourné la dernière page j'ai la sensation que tout n'est pas dit, que l'imagination peut et doit tracer les lignes qui vont rejoindre les points laissés par l'auteur pour dessiner une arabesque, une fleure ou un couteau pointue.