Une nébuleuse affaire...

Modératrice

Chapitre premier où il est confirmé que le hasard fait bien les choses…

L’intervenant acheva sa communication dans un silence de cathédrale… Il referma son dossier, éteignit le micro, quitta la tribune et disparut par une petite porte latérale.

Le silence perdura quelques secondes, puis les réactions de la vingtaine de personnes présentes éclatèrent, dans un tel brouhaha qu’il était difficile à l’observateur que j’étais de distinguer les exclamations de surprises, des dénégations véhémentes. Les auditeurs étaient partagés entre l’enthousiasme délirant et l’incrédulité la plus totale.
« Extraordinaire !
—Incroyable !
—Foutaise !
—Impossible !
—Quel charlatan, ce vieux Lemarchand !
—Je vous rappelle mon cher ami, que vous avez le même âge que lui…
—Oui, mais, moi, j’ai encore toute ma tête !
—La découverte du siècle !
—Stupéfiant !
—La mystification du siècle, oui, si vous voulez mon avis !
—Prodigieux !
—Heureusement que c’était une communication interne et que nous n’avions pas convié les médias…
—Nous aurions été la risée de tous les journalistes… »

Celui qui venait de parler ignorait qu’il y avait bien un « journaliste » dans la salle, moi en l’occurrence. Je ne payais pas de mine et avec mes bras chargés de dossiers, tous m’avaient pris pour un étudiant avide de profiter de l’érudition des grands anciens.

Le journaliste donc, se fit le plus discret possible et quitta à son tour la salle dans l’espoir de rattraper le professeur Lemarchand pour tenter de lui extorquer adroitement des tuyaux supplémentaires au sujet de SA découverte.
Mais j’eus beau dévaler les escaliers à toute vitesse, quand je jaillis sur le trottoir, il n’y avait plus personne en vue. Seule une grosse limousine noire aux vitres teintées, quittait son stationnement devant l’Institut et s’éloignait dans le brouillard…

Il faisait vraiment un temps de chien en ce mois d’octobre, froid et humide. Je restais là sur le trottoir, un peu désorienté par la tournure des évènements. Au chômage depuis quelques mois, je m’étais improvisé journaliste pour passer le temps et essayer d’améliorer ma situation financière qui n’était guère brillante.
« Journaliste » était beaucoup dire puisque je ne possédais aucune véritable qualification, mais j’ajoutais « free lance » pour faire plus sérieux et pour que personne ne s’étonne que je ne sois attaché à aucun organe de presse connu. J’avais en projet d’écrire des articles que je vendrais ensuite à quelque patron de presse enclin à aider les jeunes débutants aux dents longues.
De l’ambition, j’en avais et j’étais aussitôt parti en quête de quelque sujet sensationnel, histoire de frapper un grand coup pour débuter ! Saint François de Sales, patron des journalistes, m’avait prêté une oreille attentive, car, qui pouvait se douter qu’en assistant, incognito, à une communication de routine, dans les salles de l’Institut, j’allais tomber, ce jour-là, sur la découverte du siècle ?
..........

Modératrice

Nébuleuse, en effet....
Ce journaliste "amateur" fera-t-il comme Tintin de fabuleuses enquêtes ? sais pas

**Maîtrise le sujet**

J'aime bien l'idée de raconter l'histoire par un témoin. Ça donne une impression d'instantané, de vivre la scène en direct. Je crois qu'on va vite s'attacher à ton intrépide reporter je lis

Kalé'reporter

Ah ! Journaliste, quel beau métier ...

Quoique je me demande si tous les spécialistes de la télé honorent toujours leur profession ?

Mais je n'ai aucun doute: celui de Nerwen est un bon ! lol!

Festoyeur

Je suis impatient de découvrir ce que la journaliste va découvrir et de quelle manière elle va s'y prendre. Chouette texte Nerwen flower

Modératrice

Chapitre deux où notre héros fait la connaissance d’un bien étrange trio avec, par ordre d’entrée en scène, Vador, Sylvia et Boris….

Ma moto étant garée à proximité de l’Institut, je décidai d’aller frapper illico à la porte de monsieur Breuil, directeur du journal Le Globe, avec lequel j’avais déjà eu des contacts. Celui-ci me reçu après m’avoir fait poireauter raisonnablement dans la salle de rédaction où il régnait une épouvantable agitation qui ne semblait gêner personne. Et dire que mon rêve était de faire partie de cette ambiance survoltée !
M. Breuil m’écouta avec attention quand je lui annonçais que j’avais un scoop de première importance, mais quand il voulut en savoir davantage, ne tenant pas à brûler mes vaisseaux tout de suite, je refusais d’en dire plus sans avoir la certitude qu’il prendrait mon article et le ferait paraître en bonne place dans son journal.
M. Breuil n’était pas tombé de la dernière pluie : « Je n’ai pas l’habitude d’acheter chat en poche, me dit-il. Ecrivez votre article et revenez me voir. Mais, un conseil, qu’il soit sérieux et bien documenté. Je ne me contenterai pas d’une vague information sans fondement dûment vérifié. Le Globe est un journal sérieux ! Tenez-vous-le pour dit ! Au revoir ! »

Bon ! Un coup pour rien ! Il fallait absolument que je rencontre le professeur Lemarchand, pour qu’il m’en dise plus…
Retour à l’Institut, où, me faisant passer pour un lointain cousin récemment arrivé et égaré dans la grande ville, j’obtins, sans trop de mal, d’une secrétaire complaisante, l’adresse du professeur.
La moto est vraiment le moyen de locomotion idéal et en quelques minutes j’atteignis la banlieue résidentielle où habitait le professeur.

Ma première surprise fut la taille de la propriété. Le professeur Lemarchand devait avoir des revenus conséquents ! La maison elle-même n’était pas visible de la route, je supposais que l’allée bordée de hauts buissons y conduisait. Quand je sonnais à la grille, un chien surgit en aboyant comme un forcené, d’où je conclus que les intrus n’étaient pas les bienvenus par ici…

« Aux pieds, Vador ! » Cet ordre émanait de la bouche d’une jeune femme qui s’avançait au détour de l’allée. Blonde, très élégante, elle s’approcha de la grille. Le chien avait obéi, mais n’en continuait pas moins à aboyer furieusement, rendant difficile le dialogue qui s’engageait :
« Oui ?
—Bonjour, je voudrais voir le professeur Lemarchand.
—Je regrette, mais mon mari est absent. »
Son mari ? Mazette ! Le professeur Lemarchand ne se refusait rien. Sans être très âgé, il frisait cependant la soixantaine et mon interlocutrice ne devait pas avoir plus de trente ans, peut-être moins…
« Mais… je l’ai vu ce matin même à l’Institut…
—Justement, son travail actuel l’épuise et il a décidé de prendre quelques jours de vacances. Mais, puis-je vous demander à quel titre vous désirez le voir ?
—Et bien, je suis son petit cousin d’Aurillac, je viens d’arriver en ville et je suis un peu perdu… Alors j’ai pensé… (Heureusement que j’avais pris la précaution de me documenter sur les origines familiales du professeur…)
—Jamais mon mari ne m’a parlé d’un petit cousin d’Aurillac…
—C'est-à-dire que… Nous avons perdu le contact depuis longtemps. Pour tout vous dire, j’avais dix ans la dernière fois que je l’ai vu … Mais c’est dans la nécessité que l’on renoue des liens, vous ne croyez pas ? Je suis vraiment dépaysé, je n’ai pas beaucoup de moyens et je ne sais pas où me loger dans l’immédiat. J’avais pensé qu’il pourrait m’héberger pendant deux ou trois jours, le temps que je me retourne… »

« Qu’est-ce qui se passe ici ? Qui est-ce ?»
Un homme imposant venait de surgir derrière madame Lemarchand…
« Ah, Boris ! Je ne t’avais pas entendu venir… Il se prétend un cousin de Pierre, mais je ne le connais pas… Il voudrait qu’on l’héberge pendant quelques jours… Mais je ne sais vraiment pas…
—Fais-le entrer et qu’on en finisse, avec ce chien qui aboie, nous allons ameuter tout le voisinage ! Rentrez votre moto !»
Tiens, tiens, le sieur Boris ne tenait pas à attirer l’attention…

Il déverrouilla la grille qu’il referma soigneusement après que je fusse entré avec mon engin.
Nous remontâmes l’allée jusqu’à la grande maison entourée de massifs d’arbustes. Je me dirigeai vers le garage attenant, dont la porte était ouverte, mais Boris m’arrêta d’un geste impératif : « Non, laissez-la ici, je m’en occupe ! Suivez plutôt Sylvia ! »

C’est alors que j’aperçus, tapie dans l’ombre du garage comme un animal menaçant, la limousine noire aux vitres teintées qui avait emmené le professeur à sa sortie de l’Institut…
.................

**Maîtrise le sujet**

Tu sais à quoi j'ai pensé en lisant ton nouveau titre (dans l'ordre ) ?

1) La guerre des étoiles (facile, celle là !)
2) euh ?

(pas de référence avec Sylvia, là, tout de suite )
3) Frankenstein (j'suis pas sûre qu'il y ait un Boris dans l'histoire !)

Bon, voilà, après ces considérations hautement littéraires lol!

, je persiste dans ma première idée : il est sympa et attachant, ton aventurier, et je suis contente de suivre ses aventures cool !

PS : j'aime bien ta façon de présenter les nouveaux chapitres, si ça ne t'ennuie pas, je vais faire la même chose sunny

Modératrice

Silhène, non seulement cela ne m'ennuie pas, mais je crois que c'était ce que préconisait la consigne qui disait:

Comme l'an dernier, je vous suggère de poster votre texte en plusieurs parties, les unes en dessous des autres, à une semaine d'intervalle chacune.

c'est du moins ce que j'ai compris et je trouve que c'est plus commode pour lire dans la continuité... flower

Kalé'reporter

Où l'on voit qu'il faut beaucoup d'astuce pour pratiquer l'investigation propre à tout bon journaliste.
En l'occurrence, cela n'empêche pas de remarquer, - à toutes fins utiles?- la conséquence de la limite d'âge du savant par rapport à son épouse. Au cas où toute les compétences du reporter soient requises pour suppléer aux défaillances éventuelles à tout moment du jour et de la nuit du vieil époux... lol!

com re édité à la relecture pour rendre mon point de vue compréhensible, ce qui dans le com initial, était relativement obscur, y compris pour moi-même...

Kalé'reporter

Tiens tiens, voilà qu'un Boris apparait chez toi aussi, n'ayant pas lu ton histoire avant de poster la mienne, il y aura donc 2 Boris cet été à la maison Kaléidoplumes! Le tien n'a pas l'air beaucoup plus sympathique que le mien d'ailleurs! Wink

En tout cas ton journaliste ne manque pas d'air ni de culot et il est tenace mais que va-t-il lui arriver maintenant? A sa place je serais plutôt inquiète...rassure moi Nerwen et bravo pour cette histoire qui s'annonce corsée et passionnante

Modératrice

Chapitre trois où le héros comprend, mais un peu tard, que la curiosité est un vilain défaut…

Bingo ! Me voilà dans la place !
Je ne dirai pas que l’on m’a accueilli à bras ouverts, loin de là ! Mais enfin, l’essentiel est que je puisse fouiner un peu dans la maison et, pourquoi pas, dans le bureau du professeur.

Justement ce soir, je suis seul, livré aux bons soins d’une cuisinière revêche qui m’a averti en bougonnant: « Les patrons dinent en ville, ils n’ont pas pu annuler, c’était prévu de longue date.»
J’ai beau lui dire que ma présence n’est que très provisoire et que demain je serai parti à la recherche d’un gîte plus accueillant, peine perdue !
« Vous ! Vous mangerez dans la cuisine, je n’ai pas de temps à perdre avec les invités surprise, on n’a pas idée de s’amener comme ça sans crier gare ! Voilà un sandwich et faites attention de ne pas m’éparpiller des miettes partout, je viens de balayer ! »
Je tente ma chance et lui demande si elle connaît la destination de mon « cousin », le professeur, et s’il est parti pour longtemps. Je n’obtiens qu’un « Ce n’est pas mes oignons, ni les vôtres d’ailleurs. J’ai fini mon service et je rentre chez moi… »
Le reste se perd dans un tintamarre de casseroles malmenées qui me fait bien comprendre que je ne suis pas le bienvenu ici. Qu’à cela ne tienne ! J’emporte mon sandwich, avec l’intention de le manger dans la chambre que l’on m’a attribuée : une petite pièce sombre située dans les combles. Mais avant de quitter subrepticement la cuisine, j’ai le temps de remarquer sur la desserte, une assiette et des couverts sales, ainsi qu’une lampe torche…

Assis sur mon lit, tout en mastiquant laborieusement le pain rassis fourré de jambon desséché, je réfléchis…
Tout dans cette histoire me semble bizarre… Pourquoi le professeur Lenormand a-t-il quitté l’Institut aussi brusquement ? Comment est-il parti en vacances, puisque la limousine noire est dans le garage ? Pourquoi Sylvia, et surtout Boris, semblent vouloir éviter d’attirer l’attention du voisinage ? Qu’en est-il de leur absence de ce soir ? Qui a utilisé les couverts sales que j’ai vus dans la cuisine ? Ne suis-je pas seul dans la maison ?

Un peu plus tard, j’observe par la lucarne le départ de la cuisinière. La nuit est maintenant tombée et je décide d’effectuer une reconnaissance discrète dans la maison… Auparavant, je redescends à la cuisine récupérer la lampe torche et j’en profite pour rafler une pomme dans le compotier qui trône sur la table. Toutes ces questions me turlupinent et me donne faim…

A la lumière de la torche, prudemment, j’inspecte quelques pièces inintéressantes et, la chance étant avec moi, je tombe sur un bureau. Il y règne un désordre indescriptible. D’un coffre, ouvert, s’échappent des dizaines de feuilles remplies de formules et de graphiques, des dossiers éventrés et diverses photos parmi lesquelles il me semble reconnaître Sylvia… Le professeur est-il jaloux au point d’enfermer les photos de sa femme dans un coffre ?

Cette ultime question restera sans réponse, car la porte du bureau s’ouvre lentement et je reçois un violent coup sur la tête. Sans même apercevoir les trente six chandelles de rigueur, je plonge dans un trou sans fond…
........................

**Maîtrise le sujet**

Rhôô, il s'est fait avoir comme un bleu, mais en même temps , qui ne tente n'a rien n'a rien sifflotte

Bien menée ton histoire dance

Kalé'reporter

Appétissante la cuisine chez ces hôtes charmants! Wink

Et maintenant que va-t-il advenir de cet apprenti reporter un brin naïf!

Modérateur

Entre Boris Vian, Boris Becker et Boris Eltsine, j'hésite ... Stomakhine ?

C'est une histoire qui promet de nous tenir en haleine tout l'été ;o)

Festoyeur

J'espère rien de grave pour la journaliste, et qu'elle pourra sortir de ce guêpier et continuer à nous raconter la suite... je suis sur que ce sera le cas, faut rester positif Smile

Kalé'reporter

Ben dis donc, ça se corse sérieusement pour notre journaliste..... Et maintenant?
J'attends impatiemment la suite!!

Modératrice

Chapitre cinq dans lequel un coin du voile de soulève…

.... Je reprends péniblement conscience dans la lumière blafarde du petit matin qui entre par un soupirail… Il règne ici une odeur musquée qui me rappelle les souris blanches que j’élevais, dans mon enfance, à l’insu de ma mère…
Je me trouve dans une longue pièce apparemment aménagée en laboratoire : des tubes à essais, des appareils divers et des cages grillagées s’entassent sur la paillasse carrelée qui occupe toute la longueur de la salle. Au fond, sur une petite table, j’aperçois un ordinateur éteint.
J’ai mal à la tête et je n’arrive pas à fixer mon attention : Boris a eu la main lourde ! Enfin j’accuse Boris, mais tout s’est passé si vite que je n’ai absolument pas vu mon agresseur…

Une voix impatiente me ramène à la réalité : « Enfin, vous voilà de retour parmi nous ! Ce n’est pas trop tôt ! Qui êtes-vous ?»
Je me retourne et à cet instant, ma surprise est totale car la voix appartient…au professeur Lenormand ! Il est assis sur une chaise, les bras passés derrière le dossier.
Je ne peux que balbutier : « Pro… professeur ??????, Mais… mais… Je vous croyais en vacances… »
—En vacances ? Parlons-en de vacances ! Ou plutôt non, ne parlons de rien. Détachez-moi plutôt ! Et dépêchez-vous ! Qu’est-ce que vous attendez ? Que les autres reviennent ?
—Mais quels autres ? Qui vous a attaché ?
—Les mêmes qui vous ont assommé sans doute ! Mais dépêchez-vous ! Qui m’a fichu d’un empoté pareil ! Il y a un scalpel là-bas sur le bureau, coupez mes liens si vous ne pouvez pas les dénouer ! Vite ! »
Enfin, j’arrive à libérer le professeur qui frotte ses poignets meurtris… Il répète : « QUI êtes-vous ? «

En quelques mots je lui raconte toute l’histoire depuis son départ de l’Institut.
Puis c’est à mon tour de me montrer curieux pour essayer de comprendre comment il a pu se retrouver prisonnier, chez lui, dans son propre laboratoire !
« Comme vous pouvez vous en douter, ma découverte a excité bien des convoitises et cela même sous mon propre toit ! »
Et comme je reste sans comprendre, l’air ahuri, il poursuit : « Plusieurs grands fabricants de cosmétiques s’intéressent à ma molécule et m’offrent des ponts d’or pour en avoir l’exclusivité. Celui qui remportera le marché provoquera la ruine de tous les autres. Pensez ! Une molécule pour stopper le vieillissement cutané ! Avec, simultanément, les progrès de la médecine et l’allongement de la durée de vie, la formule « mourir jeune à un âge très avancé » deviendra une réalité.
—Mais dans votre communication vous avez dit n’en être qu’à l’expérimentation, ils ne sont pas sûrs que ça marche. Et vous non plus !
—Jeune naïf ! Je n’allais pas tout dévoiler. Ça marche ! Je peux vous l’assurer. Regardez ces deux souris adultes, elles ont l’air à peu près du même âge, deux ans, soit l’espérance de vie moyenne d’une souris normale et bien, celle de gauche a dix ans, et elle est en pleine forme. »
Je m’approche d’une des cages et constate que la souris en question, vive, le pelage brillant, s’active comme sa congénère soi-disant plus jeune, à galoper sur les passerelles et les échelles qui équipent sa cage.

« J’avoue que c’est ahurissant, mais ce n’est qu’un début. Il vous faudra passer à l’expérimentation humaine… Il y en a encore pour des années !
—Je ne voudrais pas être méprisant, mais vous ne me paressez pas très futé pour un futur journaliste ! VOUS avez croisé mon cobaye humain… »

J’ai croisé… Alors, la formule d’un très vieux feuilleton télé me sauta à la mémoire « Bon Dieu ! Mais c’est bien sûr ! »…

« Sylvia ?
—Et oui, Sylvia ! Vous avez vu trop de films où le vieux barbon de professeur séduit la naïve étudiante. Navré de vous décevoir, mais ma femme a mon âge : soixante trois ans.
—Mais c’est impossible ! Elle en paraît…
—Trente de moins ? Oui, je sais…
.....................

**Maîtrise le sujet**

Citation :: mourir jeune à un âge très avancé

brr, cette phrase me fait froid dans le dos affraid

Mais ton texte me tient en éveil, et pas besoin de molécule miracle ! Je n'ose pas croire qu'il va commercialiser sa bombe, y'a forcément un bug dans la formule noooon !

Modérateur

héhéhé, mais l'histoire n'est peut-être pas fini.
Qu'est-ce qui nous dit que ça ne va pas finir comme Duplicity ?

Modératrice

Chapitre six où l’on connaît enfin le dénouement de l’histoire…

« Non contente d’avoir profité physiquement de ma découverte, elle entend bien maintenant, en tirer les intérêts pécuniaires.
Comme j’ai refusé de vendre ma formule à une seule entreprise — LEALOR pour ne pas la nommer — Sylvia et son « cousin » Boris, ont décidé de se passer de moi, d’ailleurs, moins on est nombreux sur une affaire, plus la part du gâteau est importante. En attendant l'arrivée des sbires de Lealor qui, espèrent-ils, auront les moyens de me faire parler, ils m’ont séquestré ici et privé de courant pour que je ne puisse pas utiliser mon ordinateur…
—Ils ont aussi fouillé votre bureau de fond en combles. Le coffre est ouvert, il y a des papiers partout…
—Ils peuvent toujours fouiller ! Ma formule est ici. Et en disant cela, le professeur se frappa la tempe de l’index. Quant à mes travaux préparatoires, ils sont dans l’ordinateur, mais protégés par un mot de passe !
—On peut maintenant « craquer » n’importe quel mot de passe, vous savez ! C’est sûrement ce que feront les gens de Lealor. Quand ils seront là, il ne faudra pas longtemps à un hacker, même moyen, pour accéder à vos documents…
—Vous avez décidé de le saper le moral au lieu de m’aider ? Allez rétablir le courant, que je puisse détruire tous les documents !
—Les DETRUIRE ?
—Oui, le monde qui cultive depuis toujours le mythe de l’éternelle jeunesse n’est pas prêt à profiter de ma découverte, trop de requins rôdent dans les affaires. Trop de course au seul profit, trop peu d’altruisme vis-à-vis des concurrents. Rien ne les arrête et ils ne reculent devant aucune compromission. Cela je l’ai enfin compris pendant les dernières vingt quatre heures et ma décision est prise, tout cela n’a jamais existé !
—Mais c’est l’œuvre de toute votre vie ! Et votre réputation sera à jamais perdue !
—Aucune importance, ce pauvre vieux Lemarchand passera pour un professeur Nimbus, le monde des scientifiques en est rempli… A la suite d’une soi-disant dépression, je prendrai ma retraite, me retirerai à Aurillac et l’affaire sera close…
—Mais… Sylvia ?
—Elle va rapidement déchanter, car si je ne pratique pas sur elle le rappel nécessaire, les années vont la rattraper, alors à elle les rides, le relâchement cutané, les poches, les cernes, les kilos superflus… et j’en passe ! » Ce disant, le professeur laissa échapper un éclat de rire sarcastique qui se brisa brusquement et je compris que sa décision était irrévocable.

Au même moment, un bruit de voix nous parvint depuis le jardin et le professeur s’énerva : « Allez, le courant ! Vite ! »
La porte vétuste de la cave ne me résista pas longtemps et j’atteignis le palier en trois bonds. J’avais repéré l’armoire électrique et il me fut facile de réenclencher la touche « LABORATOIRE ».
« Ça y est ! » Criais-je et je redescendis à toute vitesse pour trouver le professeur, penché sur son ordinateur, occupé à détruire jusqu’à la moindre trace de ses travaux. Les voix s’étaient rapprochées : je reconnus celles de Sylvia, de Boris et une troisième qui m’était inconnue. Sans doute celle de l’homme de main de Lealor…

Ils entraient dans la maison, je pressais le professeur et il allait effectuer la dernière manip au moment où Boris, armé d’un automatique, déboula dans la cave, suivi de près par Sylvia et un deuxième homme qui, comprenant que quelque chose clochait, plongea en un éclair la main sous sa veste. Lui aussi était armé. Sylvia cria : « Empêchez-le ! Il va tout effacer ! »
Instinctivement, je plongeais sous la paillasse quand un coup de feu retentit. Comprenant qu’il n’atteindrait pas le professeur à temps, Boris venait de tirer dans sa direction. Sylvia hurla : « Non !!!!! Idiot ! Lui seul détient la formule ! Ne le tuez pas ! »
Trop tard ! Le professeur Lemarchand, touché en pleine poitrine, s’effondra… Sur l’écran, la formule « confirmez-vous la suppression du document ? » clignotait faiblement. Sylvia et Boris se penchèrent sur le professeur tandis que l’ homme de main, sans plus s’occuper de moi, s’approchait de l’ordinateur pour annuler la procédure : il lui fallait sauver ce qui pouvait l’être.
Je n’hésitais qu’un instant, le professeur avait raison, il ne fallait pas que sa découverte fût connue : je bondis sur l’homme, le déséquilibrais et, avant de recevoir sur l’occiput, un formidable coup de crosse, j’eus le temps d’appuyer sur la touche de confirmation « suppression du document ». L’écran devint noir, ma vision aussi…

Ce n’est que quelques heures plus tard que, reprenant conscience à l’hôpital, j’appris la suite des évènements. Le professeur Lemarchand était très méfiant et par là même, on ne peut plus prévoyant : il avait fait installer un système d’alarme, directement relié au poste de police le plus proche via son ordinateur et avait eu le temps de l’activer dès que j’avais remis le courant, perdant ainsi de précieuses secondes pour la destruction de ses documents.
Sylvia, Boris et Monsieur Coup de Crosse avaient donc été cueillis en douceur, près d’un cadavre on ne peut plus embarrassant et iraient réfléchir pendant de longues années derrière les barreaux. Barreaux qui verraient Sylvia vieillir à un rythme accéléré à la grande surprise des surveillantes et de ses codétenues.
J’y vois là une occasion d’écrire un très brillant article « De l’influence néfaste de la surpopulation dans les prisons » qui sera, j’en suis sûr, publié dans le Globe.

**Maîtrise le sujet**

Rhôoo j'adore Nerwen, et je crois que ce que j'adore encore plus c'est que ton journaliste ne fasse pas d'article "people" sur cette histoire!
Le choix du point de vue interne est super bien fait: on vit toutes les étapes comme si on y était.
salut bas

Modérateur

Je dirais comme Madeleine, c'est devenu très palpitant bravo

Kalé'reporter

Citation :: Barreaux qui verraient Sylvia vieillir à un rythme accéléré à la grande surprise des surveillantes et de ses codétenues.

Et voilà peut-être pour quelque esprit mal intentionné un élément supplémentaire pour ternir encore la mauvaise réputation des prisons !

Quant à l'auteur de cette nébuleuse affaire, à l'évidence, elle vient de gravir un échelon supplémentaire dans la maitrise du suspens ! salut bas

**Maîtrise le sujet**

Tout est bien qui finit bien, comme dit le dicton ? Peut-être pas.... sais pas

OK, on perd la formule de la jeunesse éternelle, pas grave ! Faut bien que les marchands d'anti-rides et autres poudres de perlimpimpin fassent leur business après tout dance

J'ai beaucoup aimé ton histoire flower

Festoyeur

Comme chez catsoniou, pas eu l'occasion de le lire 2au jour le jour" mais je viens de le lire d'une traite avec beaucoup d'intérêt. Tu réussis si bien à nous tenir en haleine. Et BRAVO pour l'originalité flower

Quand à ton article, au cas il ne serait pas publié dans le Globe, il aurait eu sa place ICI bounce

» Affaire classée
» Encore une affaire de sexe…
» Tout est affaire de goût....