Encore une affaire de sexe…
Avis aux amateurs : un nouveau record du monde va enrichir la liste déjà longue du Guiness. Celui des sexeurs de bourdons. Il a été établi le 25 mai dernier au cours de la Foire Apicole de Vingt-Dieux-La-Belle-Eglise dans le département du Var.
On connaissait déjà le métier délicat de sexeur de poussins qui consiste à distinguer les mâles des femelles parmi des milliers d’individus tout frais sortis de leur coquille, pour que l’éleveur puisse sélectionner les goûteuses poulardes et les chapons qui seront sur les tables à Noël.
Il existe maintenant des sexeurs de bourdons.
Pour répondre à la demande de la recherche médicale qui s’intéresse de plus en plus aux propriétés du venin des hyménoptères dans le traitement des rhumatismes, les apiculteurs ont introduit dans leur activité l’élevage du bombus terrestris ou bourdon terrestre. Hors, chez les bourdons, seule la femelle possède un dard et du venin, d’où la nécessité de trier les insectes à la fin des métamorphoses. L’opération n’est pas sans risque et demande beaucoup de dextérité.
Dans un premier temps le sexeur enfume le nid, rendant ainsi les insectes plus dociles et leur manipulation plus aisée. Sous une lampe de 200 watts, en blouse blanche et masque protecteur, il officie rapidement mais sans brutalité. Il prend le bourdon délicatement par les ailes, le retourne, souffle doucement sur les poils blancs qui recouvrent les deux derniers segments de l’abdomen et peut alors déterminer « à l’œil », le sexe de bourdon, contrairement à la méthode japonaise, encore très peu utilisée en France — et on comprend pourquoi — dite « au toucher ». Les femelles identifiées sont alors dirigées vers une cage finement grillagée à destination des laboratoires de recherche.
Mais Monsieur Apida, notre nouveau champion du Monde, précise que le sexage « à l’œil » n’est pas non plus sans risque, en témoignent ses mains déformées par les piqûres. « Je suis très habitué, dit-il fièrement, et je ne sens plus le venin. Je connais mes bourdons et je les aime. Les petits accidents sont alors sans conséquence… Au moins, ajoute-t-il finement pour conclure notre entretien, je suis sûr de ne pas souffrir de rhumatismes plus tard! ».
Monsieur Apida a rapporté le concours en examinant le contenu d’un nid de bourdons, soit environ six cents individus en 20 minutes et 32 secondes, battant ainsi le précédent record de près de 4 minutes !
Bravo à lui et bienvenue dans le Guiness !