“Seuls le vent et le sable savaient où ils allaient"
Dans sa tête cette petite phrase revenait comme un leitmotiv.
Melika ferma les yeux, et les revit, personnages fantomatiques à l’équilibre on ne peut plus précaire, dévalant cette pente à vive allure. Chacun d’eux, pieds nus, alourdi d’un chargement défiant les lois de la pesanteur, semblait à peine effleurer le sol.
Qui étaient-ils ?
Des paysans quittant cette terre ingrate pour un ailleurs pas vraiment meilleur ? Des esclaves modernes contraints de remplacer les bêtes de somme dans cet environnement hostile ?
Elle les avait regardé descendre jusqu’à l’orée de la forêt; là, ils bifurquèrent pour longer un long moment avant de s’y enfoncer brusquement.
Elle se mit à descendre à son tour Houri derrière ses talons.
Où allait-elle ? Les retrouverait-elle au cœur de la forêt ?
Elle n’en avait aucune idée. Une seule chose comptait : se mettre en route à leur suite dans l’espoir de trouver enfin « le chemin ».
Le chaman lui avait simplement dit :
Marche cinq jours au-delà des palmiers, là où souffle le vent des glaces. Quand les pierres seront poussière, tu les verras. Seuls le vent et le sable savent où ils vont, ils te montreront le chemin.
Pas autre chose.
Et pourtant elle était là, sur ce versant de colline, avec l’espoir d’avancer dans la quête qu’elle avait entreprise sur les voix des origines.
Elle venait d’arriver à son tour dans la forêt aux arbres immenses où la lumière n’atteignait jamais le sol. Si Houri ne l’avait accompagnée, jamais elle n’aurait remarqué le semblant de sentier qu’ils avaient du emprunter. Elle s’appliqua à le suivre mettant prudemment ses pas dans les siens, totalement perdue dans ce milieu impénétrable.
Les retrouverait-elle ? Combien de temps leur faudrait-il pour sortir de cette forêt ?
Encore des questions sans réponse.. Depuis le début de sa quête, chaque réponse qu’elle avait reçue déclenchait un flot de nouvelles questions auxquelles il n’y avait jamais de réponse, alors qu'on lui offrait des réponses à des questions qu'elle n'avait jamais posées. Mais elle en avait pris son parti, attendant une autre manifestation qui lui apporterait certainement un nouvel élément.