Lettre de printemps

De Lauriol à sa maman

Le 9 avril 2010

Chère Maman,

J’ai bien reçu ta lettre qui me comble de joie. J’apprécie tant recevoir de tes nouvelles. Je suis soulagé de savoir que tu vas bien et que tu as l’occasion de sortir à nouveau dans le jardin en profitant du retour des beaux jours ensoleillés. Je pense beaucoup à toi et tu me manques. La distance qui nous sépare est trop éloignée.

Moi-même, je sors tous les jours de onze heures à midi avant le repas. La nourriture est acceptable et saine. Nous avons eu il y a trois jours un gratin de pommes de terre. Ce fut appétissant, mais ça ne vaut pas celui que tu nous faisais lorsque j'étais enfant. Le personnel est bon avec moi, malgré la très grave erreur que j’ai commise.

Quels moments difficiles nous traversons, toi et moi, ainsi que les personnes concernées par mon inconduite. Tes petits-enfants ne veulent plus me voir, ils ne me pardonnent pas mon comportement. Pour eux, je suis un père indigne et je dois avouer qu'ils n'ont pas tort. Quel gâchis j'ai causé.

Le printemps est arrivé et si j’avais la possibilité, j’aurais tant voulu venir te chercher à la maison de retraite pour te balader avec ta chaise roulante dans un parc fleuri. Toutefois, je ne pense pas qu’il sera possible de le faire un jour, puisque je dois encore rester douze ans en prison. C'est horrible Maman, quand je pense à tout ce que tu as fait pour moi et ça me fait pleurer. Heureusement que nous pouvons nous écrire et te dire combien je pense fort à toi.

Je t’embrasse bien tendrement ma chère maman.

Ton fils qui t’aime profondément.

Lauriol



Je suis encore enfermé douze années derrière les barreaux

Oh, là, là, Train, quelle lettre sombre pour le printemps !
Que de tristesse, de souffrances évoquées...
Je n'y avais jamais pensé au fait qu'un prisonnier pouvait encore avoir des sentiments pareils envers sa maman. On reste trop dans les stéréotypes et tu les bouscules bien !
N'empêche, c'est triste mais c'est fort bien écrit !

Il est bon d'imaginer que derrière les barreaux, on peut encore avoir un coeur et quelque part une maman à qui on dit tous ses regrets et on avoue son amour.
De ce fait, je ne la trouve pas si noire cette missive ...

Cette consigne s'honore qu'un kaléïdoplumien ait pensé à ceux qui s'ils ont commis des fautes, n'en demeurent pas moins des êtres humains.

Il y a un peu du réel derrière cette lettre, qui m'a inspiré de l'écrire. Effectivement, j'ai bien remarqué qu'un prisonnier est un être humain avec ses ressentis, ses remords, même si ce n'est pas chez tous, quoique... je ne sais pas ce qui se passe au fond de chacun.

Merci Amanda et catsoniou pour vos commentaires

Un texte dur, je trouve.

Tout à fait, pourquoi n'aimeraient-ils pas leur mère ???
Une jolie lettre qui nous oblige à voir plus loin et différemment.