Il n'était plus question de marcher sur la tête. Elle était bien trop douloureuse. La faute à la Guiness avalée sans compter tout au long de la journée. Faut dire qu'il fallait faire passer un certain nombre de couleuvres et qu'il n'avait encore rien trouvé de mieux que la Guiness pour ça.
Mais maintenant il faut avancer. Le voyage est loin d'être fini, il le sait. C'est tout juste s'il a parcouru le quart de l'univers, et encore...
Mais faut reconnaître que la Terre est une sacrée planète et que les Terriens savent ce que c'est que s'amuser... Franchement s'ils n'étaient pas si roublards il aurait presque pu s'établir sur Terre au lieu de retourner vivre bien sagement sur Neptune, où tout excès est sévèrement puni et où le moindre éclat de rire est considéré comme le comble de l'insolence et de la mauvaise éducation.
Sauf que les Terriens viennent de lui jouer un sale tour... ils lui ont volé son moyen de transport, enfin ils le lui ont gagné au jeu, un truc avec des cartes qui s'appelle... Ouh la la, ces élancements dans la tête, c'est vraiment très douloureux.
Avec un gémissement plaintif il s'assoit contre le mur qui tourne (sans doute un nouvel effet de la Guiness, c'est bizarre la tequila ne lui fait pas le même effet, ni le vin australien, ni... enfin bref).
Avec un profond soupir il se prend la tête entre les mains et essaie de se masser délicatement les tempes comme il l'a vu faire à des Terriens ivres morts comme il l'est en ce moment.
Mais allez vous masser avec en tout et pour tout un moignon de pouce!
Avec un grognement de rage il se relève brusquement, grimaçant aussitôt de l'élancement violent et percutant qui vient de s'ébranler dans sa tête.
Et soudain il se met à sauter sur place et à tournoyer sur lui-même de plus en plus vite en chantonnant une étrange mélopée qu'il a apprise lors de son passage sur Vega (une petite escale avant Vénus). A la fin de la mélopée il repasse au terrien: « elles sont là, elles sont là! », le doigt pointé sur le haut du mur contre lequel il était accroupi voilà quelques minutes.
Mais son excitation retombe bien vite. Pour atteindre sa prochaine étape, Pluton, il lui faut d'abord atteindre ses chaussures intergalactiques et vu la hauteur à laquelle elles se trouvent, c'est pas gagné.
«- ..... Alors j'ai sauté, sauté, sauté de plus en plus haut, la tête en bas, jusqu'à ce que mes pieds téléscopiques format miniature s'accrochent aux deux godillots intergalactiques et ensuite l'espace temps m'a happé pour ensuite me larguer ici dans cette taverne plutonienne où on boit un excellent alcool de pierres. D'ailleurs, patron!, remettez nous en une tournée! C'est moi qui régale! Hips!
- C'est ça mon gars, c'est ça! Allez vomis un bon coup, tu verras après ça ira mieux et je te ramènerai chez toi! Ta bourgeoise va pas apprécier mais bon...
- Tu me crois pas hein?! Tu crois pas que j'ai fait tous ces voyages? (ton hautement indigné et voix profondément avinée)
- Mais si, je te crois, tu voyages juste dans l'alcool. Allez je te ramène!»
Ce n'était qu'une scène de vie quotidienne d'un petit troquet breton...