Visite impromptue chez René

Kalé'reporter

Bonjour René ! Ne me dis pas que tu es surpris de me voir, les purs esprits que nous sommes ne connaissent pas de frontières, et nous franchissons le temps avec une facilité que bien des vivants nous envient !

J'ai laissé mes cigales pour un temps, bouleversé par les fracas d'orage qui viennent du monde d'en bas. Je me suis souvenu que tu avais écrit qu'au plus fort de l'orage il y avait toujours un oiseau pour nous rassurer. Je t'ai choisi car tu pourrais fort bien être l'oiseau qui m'aidera à nouveau à entrer en résistance et à reprendre le combat.

Pour être honnête je dois dire que c'est Henri qui a eu cette bonne idée. Comme tu le sais, lui et moi bavardons beaucoup le soir lorsque l'air est calme. Nous chevauchons hardiment les étoiles... Henri adore ! Il devait m'accompagner mais y a renoncé. Le cher homme ne se sent vraiment bien que lorsqu'il se repaît des Bucoliques de Provence et j'ai dû me résoudre à le laisser sur le chemin de Monclar.

Mon Cher René, une rumeur désopilante m'est parvenue du monde d'en bas. On veut que je déménage ! Que nenni ! Je m'accrocherai de toutes mes forces à mon carré de terre ! Ne comprennent-il pas que le chant des cigales réchauffe bien plus mes oreilles que la froideur du marbre d'une coupole, fut-elle glorieuse ?

Je suis chez moi ici, de l'abri du charbonnier à la cave à vin. Je sais bien qu'il va me falloir des forces, et même si j'ai dit que mourir pour l'idée est la seule façon d'être à la hauteur de l'idée, je sens bien que je n'ai plus la force d'autrefois, et puis, mon Dieu je me l'avoue : je suis mort et bien mort ! Seuls les esprits m'entendent et l'ange rebelle que je suis n'a plus de voix.

Fort heureusement il me reste Jean. Ce sera mon Excalibur, mon Chevalier Blanc. Il saura combattre le Chevalier Noir à la triste idée. Il sera je le sais, mon homme révolté ! Mais quand même : peste soit de ce malentendu !

Je veux rester ici où la mort est heureuse... C'est exactement ce que je veux : désormais ne plus m’occuper que d’être heureux.

Kalé'reporter

un texte comme mon coeur les aime...
on a envie de le rejoindre pour une quete du bonheur

**Maîtrise le sujet**

Cédille, René Char est un de mes poètes préférés ...

**Maîtrise le sujet**

Fort joliment écrit. Je ne reconnais pas les allusions qui y ajoutent encore une dimension, mais ce n'est pas grave. Le texte est beau même si je ne le comprends pas totalement. Admiration.

bravo

Kalé'reporter

Un peu comme Joye... euh ?

Modératrice

je ne suis pas dans la plume de Cédille, mais j'ai cru reconnaître dans son texte :
*Henri Bosco (à cause du "chemin de Monclar" et aussi de ses "bucoliques de Provence", deux jolies oeuvres sur cette terre ocre), enterré lui aussi à Lourmarin.
*René Char, bien sûr, avec son oiseau inconnu, qui chante avant de s'envoler (les Matinaux)... comme pivoine, c'est un de mes poètes préférés.
*quant à jean, n'est-ce pas tout simplement le fils de Camus ?

un texte très fouillé, cédille, très beau, et une tendresse de ton qui me touche. bravo

Admin

Je rejoins Pati: ce texte est beau. Il y a de la recherche, du travail, et on y lit le plaisir que tu as à écrire sur Camus.

bravo!

Kalé'reporter

J'aime beaucoup ce que tu as écrit ici! Et puis il y a Char, alors je ne peux que fondre...

Modératrice

Très beau texte, une ode à l'amitié et Camus était un ami fidèle...

Festoyeur

Un brillant texte. On sent que tu saisis bien l'écrivain, le philosophe et l'humaniste qu'il était en mettant en jeu des personnages côtoyés bravo

Et j'aime beaucoup comme tu conclus

Citation :: Je veux rester ici où la mort est heureuse... C'est exactement ce que je veux : désormais ne plus m’occuper que d’être heureux.

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