…IL se mit à parler, à parler, je ne sais plus de quoi.
Tout ce dont je me souviens, c’est sa bouche et ses grandes mains qui gesticulaient.
Et moi, je l’écoutais, terrassée par cet énorme coup de foudre…
A minuit, l’heure fatidique fixée par mes parents pour le retour à la maison, il me raccompagna sur sa Vespa, la guitare au cou.
Je me serrai contre lui, c’était la première fois, la première fois pour tout : le whisky, la cigarette, la Vespa et Lui, et l’Amour…
Au moment de me quitter, il s’approcha très doucement, me donna un long baiser, très tendre et dit : « Je m’appelle Jacques. Jacques Brel. Je pars à Paris demain. Tu viens ? »
Pas une seconde je n’ai réfléchi, je ne pouvais lui résister j’ai donc faiblement murmuré « Oui »
Le lendemain, je le retrouvai à la gare comme convenu.
J’avais à la hâte, bourré deux sacs de vêtements, au hasard.
J’étais partie en catimini, sans prévenir personne.
On verrait plus tard !
Et plus tard, on a vu.
On a vu une gamine éperdument amoureuse, suivre le Grand Jacques à Paris, sans le sou.
Une gamine prête à tout pour l’aider, une gamine qui ignorait qu’il était marié et avait des enfants…
Une gamine, qui, bien évidemment avec le temps, s’est fait larguer…
Une gamine, qui entretemps, était devenue femme, qui l’aimait et continua à l’aimer jusqu’à sa mort, jusqu’à ma mort…
Moi, rescapée de mon Titanic à moi…
Les enfants, je vous embrasse tendrement,
Maman