Sans excuse

Je t’ai voulu très fort comme un message d’espoir, une forme d’espérance, un nouveau départ. Tu es arrivée pleine de promesses, fidèle portrait de mon rêve. Tu étais si jolie, si souriante dans nos bras. Je voulais te donner tout mon amour et je l’ai fait, je voulais te donner toute ma force mais je ne l’ai pas trouvée. Je n’ai pas su arrêter à temps ma plus grosse erreur et je me suis retrouvé sur ce fauteuil roulant. Je n’étais plus qu’une moitié d’homme, hémiplégique dans le vocabulaire médical, un sous-homme pour moi.
J’ai versé des larmes intérieures face à ce premier cadeau fabriqué avec tout ton amour de petite fille. Je voulais que tu sois fière de moi, je voulais te porter sur mes épaules et courir jusqu’à n’avoir plus de souffle, me jeter dans l’herbe et t’entendre crier de peur et de joie. Je n’ai pas su, je n’ai pas trouvé la force.
Ta mère était fatiguée et toi tu m’aurais méprisé un jour, j’ai anticipé la honte cachée dans tes yeux, la gêne de tes copines. Je me suis dégoûté de ne pas être à la hauteur de mes rêves et des tiens. J’ai rassemblé ce que j’ai trouvé de courage et j’ai mis fin à cette mascarade.
Aujourd’hui, réfugié au ciel je te regarde grandir, tu es devenue une belle jeune fille. Tu ne m’as pas pardonné je le sais, je le vois à ton regard qui passe du vert tendre au bleu orage, à ta bouche qui se ferme à clé sur les mots qui blessent. Moi non plus je ne me suis pas pardonné, j’ai juste fait pour le moindre mal. Je sais grandir sans père ce n’est pas un moindre mal mais avec moi tu n’aurais pas pu grandir droite….Je t’aime et j’espère qu’un jour mon amour te tiendra chaud, j’espère surtout que viendra celui qui saura t’aimer telle que tu es, telle que tu le mérites.