En fredonnant
« A la claire fontaine, m’en allant promener… »
A voix forte
Il y a le chien qui suivait derrière ;
Il y a les cailles tremblantes posées sur le sable sous le filet de l’oiseleur ;
Il y a la trace de l’aigle dans le ciel et dans ses serres, le daman des rochers ;
Il y a la colombe au foulard de sang ; et puis les guillotinés, les sabrés, les coupés de tous les temps ;
Il y a les porcs dans un vent de folie ; et puis, les charcutiers marris ;
Il y a les coups qui pleuvent, qui pleuvent, qui pleuvent ; et le trot de l’âne qui les réveille encore ;
Il y a le poisson peigne, traîné sur le sable, l’œil brillant d’effroi, les ouïes cramoisies, au bord de l’asphyxie ;
Il y a l’enfant frappé de mort et celui de la bénédiction ;
A voix douce
Et puis, le doute, la fissure, la marque sur le sable ;
En fredonnant
« Il y a longtemps que je t’aime, jamais je ne t’oublierai… »