-« Ce n’est pas parce que j’ai peur de l’enfer que je suis gentille » dit-elle en l’embrassant brusquement.
-« Adieu » fut son dernier mot tout en se dirigeant vers la porte qu’elle claqua avec violence.
Le célèbre psychiatre, le docteur G, spécialisé de plus en sciences parallèles en tomba raide assis sur son fauteuil en cuir…
de perplexité.
S’il s’attendait à cela… Pas du tout du tout.
Il connaissait pourtant cette patiente depuis longtemps.
Il se souvenait avec précision de sa première visite surprise à son cabinet.
A l’époque il travaillait en institution. Elle était entrée précipitamment dans son cabinet sans crier gare en hurlant en bonne hystérique : « au secours au feu ».
Pendant 7 ans, il avait pourtant beaucoup essayé :l ’hypnose, l’exorcisme, le rebirth avec cri primal , le vin rouge et blanc, les plantes puantes et pesticides , l’ hypothérapie à cheval à bascule, l ’hippopo(et caca)thérapie avec divers lavements à l’appui.
Il avait pourtant bien fixé le cadre et la règle d’abstinence à respecter, l’horaire et surtout le prix bien chair à payer.
Et voilà qu’elle partait, un, sans lui régler ses honoraires et deux, en imposant à sa joue défendante un baiser.
Entre nous et parenthèses, dans son for intérieur bien caché, cela ne lui avait pas complètement déplu au Docteur G !
Sa patiente s’accrochait à son symptôme ( son addiction aux allumettes ) avec passion tout en se plaignant séances après séances des désagréments dus à son utilisation compulsive sans tenir compte du mode d’emploi et qui se traduisaient par des brulures et rougeurs multiples sur la peau et par une frigidité chronique.
IL avait opté au départ pour une psychanalyse mais l’allongement sur le divan provoquait invariablement chez sa patiente (que nous nommerons (pour ne pas la nommer) « Frida ») un endormissement accompagné de ronflements bruyants.
Il en conclut que la position assise ou à genoux en face à face conviendrait davantage pour garder Frida éveillée durant la séance. Ce qui se vérifia par la suite.
Tout à ses réflexions, le docteur G ne sentit pas venir l’odeur suspecte et ne vit pas non plus la trainée de fumée se faufiler sous sa porte et envahir peu à peu tout son cabinet.
Celle çi s’ouvrit d’ailleurs dans un soufflant appel d’air.
Les flammes jaillirent de toute part emprisonnant notre bon Docteur G tandis qu’une voix folle s’élevait dans le lointain, hurlant à tue tête « je ne suis pas gentille je ne suis pas gentille ».
Une vraie histoire de fous.
Enfin nous tenons à vous rassurer sur le sort du Docteur G qui dut son salut grâce à son sursaut par la fenêtre.
Quant à Frida, pompière de profession (oui oui, cela ne s’invente pas) nous nous posons de plus en plus de questions…