C'est beau une ville qui se construit?
Vraiment?
Des sirènes déchirent les nuits électriques. Des émissions nocives s'échappent de véhicules bruyants pour s'insinuer au plus profond de nos veines. Un couple s'engueule sous nos fenêtres dans je ne sais pas trop quelle langue. Une perceuse sans respect des heures sociales vibre à l'unisson du tremblement de terre quasi permanent au-dessus du métro. Fenêtre ouverte sur une nuit d'un Novembre des plus cléments, Simon&Garfunkel en musique de fond:
I'd rather be a forest than a street
if I only could, I surely would..
……….
I'd rather feel the ground beneath my feet
yes I would
if I only could
I surely would
………….
Et pourtant, une folie s'est emparée des miens ancrés plus avant encore dans notre terre. Ils s'ensevelissent de racines qui entrainent tout bon sens. Caïn versus Abel, ils demeurent pourtant à jamais aux intersections inévitables de mes rencontres futurs: ne dit-on pas 'blood is thicker than water' alors tant qu'ils auront mal, j'aurais également mal, tant que j'en resterai éloigné par la force des choses, je porterai leur creux au fond de moi.
away, i'd rather sail away
like a swan that's here and gone
Il a bien fallu suivre les ailes blanches des promesses d'ailleurs et on me dit que le cygne -- dans ces régions lumineuses inaccessibles à la pensée où seules les âmes pures sauraient pénétrer -- en est le gardien. Seul apaisement temporaire dans ce tourment des autres.
A man gets tied up to the ground
He gives the world
Its saddest sound,
Its saddest sound
Répit bref de toutes ces trépidations urbaines. Seule cette adhérence glissante des pneus sur l'alsphate mouillée de bruine. Rouge, vert, ambre se multiplient dans une brillance humide. La trille d'un merle qui aurait avalé une goutte de cette lune qui cascade jusqu'à mes doigts sur le clavier. Mes narines guettent ces feuilles d'or qui entâment à peine leur décomposition.
Oui, c'est beau une ville qui s'est construite.
Le couple s'en est allé se réconcilier dans quelque lit où se perpétue le métissage. La perceuse se tait par intervalle où il nous faut dresser l'oreille pour ces oiseaux qui participent à la symphonie universelle. J'imagine des villes pneumatiques où les véhicules se déplaceront sans bruit aucun à une vitesse hirondelle. Des arbres pousseront ça et là dans une planification majestueuse et abriteront sous leur ombre les rires perlés d'enfants aux yeux perçants de sagesse.
I'd rather be a sparrow than a snail.
Yes I would,
If I could,
I surely would.
D'autres piafs reprendront en coeur des chants d'espoir et trous béants, chaussées déformées, grues hérissées qui bâtissent notre futur, feront place à des maisons organiques qui pousseront réellement comme aujourd'hui les champignons. Si, si, c'est déjà possible, on me la dit (et je l'ai vu écrit, alors, c'est forcément vrai) mais en attendant…
I'd rather be a hammer than a nail.
Yes I would,
If I only could,
I surely would
https://www.youtube.com/watch?v=pey29CLID3I