A ma Fille que je n'ai jamais eue...

… et que je n’aurai jamais !

Toi, tellement désirée, jamais arrivée,
Par deux frères devancée,
Tu me manques, tu me manques tellement…

Mes deux garçons ont rempli ma vie
De petites autos, de legos
De matches de foot et de tournois de judo
De tapes sur l’épaule , de virées entre copains.
Blagueurs, rieurs
Bûcheurs aussi…

Et puis un jour, ils sont partis
Vivre leur vie avec une femme jeune et jolie
Un choix naturel, en somme
Me laissant là, pauvre pomme…

On me l’avait bien dit !
Si tu as des fils, tu les perds
On ne peut pas lutter
Sinon c’est la guerre, l’enfer.

Ils sont bien gentils
Mais n’ont pas le temps pour moi
Ils font trente-six choses à la fois
« Mais non, Maman, enfin, ce n’est pas contre toi !
On passera te voir…
Plus tard… »

Toi, ma fille, que je n’ai jamais eue et que je n’aurai jamais
Tu me manques terriblement.

On aurait pu…
On aurait pu faire les boutiques
Avoir des fous-rires hystériques,
Pleurer au cinéma,
Se confier nos secrets,
Et même si tu partais
Toujours tu reviendrais
Une fille retourne toujours chez sa mère, n’est –ce-pas ?

On aurait pu…
Se parler de l’intime,
De toutes ces choses que l’on ne se dit qu’entre femmes,
Et qui sait,
Toi ma fille que je n’ai pas eue et que je n’aurai jamais,
Tu aurais pu me dire des mots d’amour,
Tu sais ceux que les grands garçons ne prononcent jamais
Devant leur mère, de peur de passer pour des dadais !

Toi, ma fille, tu aurais pu me tenir la main
Essuyer mes larmes quand j’avais du chagrin…
Cela n’arrivera pas !
Jamais !Parce que ces deux-là, là, les grands dadais,
M’ont fait des petits,
Et tous avec un zizi !

Ca recommence, c’est la faute à pas de chance…
Pauvre de moi !

Mais qu’est-ce que je raconte, moi ?
Ces petits d’hommes…
Que du bonheur !