Dans ma main, il y a de l'eau.
Cette eau que je maudis depuis qu'enfant j'ai réalisé mon infirmité.
Mes angoisses, mes émotions, passent par mes mains qui s'humidifient à mesure que l'émotion me submerge.
Ces mains que j'ai passé ma vie à cacher pour ne pas montrer mes émois.
Cette eau qui tombait en gouttelettes sur l'estrade,
lorsque je récitais en bafouillant mes leçons,
et qui laissait une petite flaque, que je m'empressais d'ignorer.
Dans ma main il y a de l'eau.
Il me suffit de penser à toi, à ton passé, à ton avenir,
et à ce présent indicible,
pour que mes mains s'expriment.
Depuis 8 jours, moi, le voyeur, je t'observe sous toutes les coutures.
Mon cœur s'accélère, et mes mains deviennent le moteur de ma pensée.
Alors le petit ruisseau se met à couler, d'une eau tiède, le long de mes lignes de vie et d'amour.
Ce petit ruisseau je te le tends, pour que tu t'y laves le visage,
j'en profiterai pour caresser ta peau noire et tes larmes séchées par le soleil
Puis je me frotterai les mains, pour les rendre plus propres
je formerai un creux, une coupelle,
et tu y plongeras tes lèvres, et alors,
Toi, tu ne diras rien, sur cette infirmité,
tu ne diras pas qu'elle est trop chaude, ou pas assez abondante.
Tu boiras jusqu'à plus soif,
Et je laverai à nouveau ton petit corps meurtri.
Puis je te dirais merci, de m'avoir permis de comprendre,
Qu'un petit peu, un moins que rien,
m'aura rendu plus confiante, et toi plus fort.