A demain peut-être !

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Demain, j’y serai que ce soit dans ce cimetière ou dans un autre. A dire vrai, cela n’aura aucune importance. Si cela se trouve d’ailleurs, ils disperseront mes cendres ou les mettront dans un columbarium. 
Les obsèques coûteront de plus en plus cher et les assurances couvriront de moins en moins le coût réel des inhumations. Tout cela ne sera pas traumatisant vu du point de vue où je me place, c’est à dire celui du mort ! 

Pourtant, j’aurai une pointe de regret si nulle part ne figure mon nom, mon prénom et ma date de naissance et de décès précise, c’est à dire avec le jour, le mois et l’année et de préférence le lieu. Vous me direz : «qu’’est-ce que cela pourra bien lui faire puisqu’il n’est plus là ! » Au moins on ne pourra pas dire que je n’ai pas pensé aux généalogistes qui viendront après moi. Pas demain bien sûr, mais dans quatre ou cinq cent ans. Car il n’y a pas de doute, sur la base de l’histoire passée, à raison de cinq générations par siècle, cela fera 20 générations donc potentiellement 2 exponentielle 20 descendants ou descendantes, ce qui commence à compter ! Il n’y a pas qu’Abraham dont il est écrit que sa descendance sera plus nombreuse que les étoiles du ciel ou les grains de sable de la mer ! La prophétie vaut aussi pour nous quand bien même certaines branches viendraient à s’éteindre !

On aura toujours besoin de lieux de mémoire «physiques ». Je n’apprendrai rien à personne en disant que la plupart des difficultés liées à la généalogie – à savoir principalement les déménagements – ne feront que se multiplier, en France comme à l’étranger. 

Les époques à venir verront la terre se rétrécir, les enfants naître aux quatre coins du monde, se marier ailleurs et se faire inhumer encore dans un autre endroit ! On a beau dire, on a beau faire, l’électronique ne remplacera pas le bon vieux papier et le crayon comme moyen d’archivage le plus performant ! 

Je lisais l’autre jour dans le journal que les vidéos d’artistes tournées il y a quelques années posaient d’énormes problèmes de conservation : disparition des logiciels devenus obsolètes, usure prématurée des supports, beaucoup d’œuvres d’artistes ont aujourd’hui disparu trente ou quarante ans après leur création. 

Ce sera la même chose pour la généalogie. Qui dans deux cent ans pourra lire les microfilms des actes d’état civil religieusement stockés par les Mormons ? A priori très peu de monde. Les technologies évoluent vite et on ne va pas reconstituer les bases de données à chaque fois qu’on constatera l’obsolescence d’un support. Il va donc falloir être prévoyant et insérer dans mon testament que j’entends être inhumé, sous forme de cadavre ou sous forme de poussière d’une façon que mon passage sur terre soit gravé dans le marbre. 

Manque d’humilité me dira-t-on ! Certainement oui ! Reste que chacun d’entre nous a besoin de s’inscrire dans une histoire ! Les Africains l’ont bien compris qui, dans une tradition orale qui est le propre de leur génie, font apprendre aux enfants leur propre généalogie sur des dizaines de générations ! 

Oui, vraiment, l’éternité, c’est maintenant !