pour Fatima

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Ma tendre Fatima,

Est-ce que tu t'en souviens encore ?
De cette nuit lilloise ?
Nous étions jeunes, 15 ans à peine, et tellement amoureux. Je t'ai serrée dans les bras et il y eut ce baiser intense sous l'arche de la porte de Paris. Il était minuit exactement. Nous étions seuls. On s'est fait drôlement enguirlander par les parents d'être rentrés si tard ! Toi surtout. Chez toi, c'était de l'ordre de l'impensable. Tes frères t'ont littéralement séquestrée pendant des semaines.
On ne sait jamais revus. À peine entrevus.
Demain, je pars pour l'Algérie. Ton pays. Je pars à la guerre. Je vais peut-être tuer certains des tiens. C'est terrible !
Pardonne-moi ma Fatima, mais je vais devoir faire mon devoir de soldat français.
Je t'aime toujours. Peut-être un jour pourra-t-on se revoir.
Inch Allah !

[signature illisible]


(montage alainx)

Cette lettre prend aux tripes. Elle est le reflet de bien des destins tragiques.  La guerre, ces amours impossible et tant de vies brisées. Bravo pour le montage, je cavais que tu  écris bien que tu fais de belles photos, et je découvre ici tes talents de dessinateurs.

Beaucoup d'émotion, des souvenirs, des regrets, la guerre et pourtant un espoir demeure :Je t'aime toujours. Peut-être un jour pourra-t-on se revoir..
 

Un texte qui révèle des souvenirs et des sentiments aussi forts au dos d'une carte postale ?C'est un peu improbable avec l'image que j'ai de la carte postale qui est de fait lisible par tout un chacun.
Cela m'a gêné.
Reste cette belle histoire d'amour contrariée.  

Et bien moi je me suis laissée emporter par ces quelques mots d'amour qui sont peut-être restés sans réponse.
C'est un très beau texte de carte postale  

kz a écrit:

Un texte qui révèle des souvenirs et des sentiments aussi forts au dos d'une carte postale ?C'est un peu improbable avec l'image que j'ai de la carte postale qui est de fait lisible par tout un chacun.
Cela m'a gêné.
Reste cette belle histoire d'amour contrariée.  

Je comprend ta gène, elle est fondée d'ailleurs d'une certaine façon
disons queje suis ... d'accord et pas d'accord.....
d'accord au regard de la carte que j'ai "inventée" pcq j'ai mis un timbre sur la face illustrée…. (comme dans les années 40/50 !!) donc ça suppose envoie visible par tous.

mais pas d'accord si on met dans une enveloppe.... je veux dire que personnellement j'ai écrit des choses TRES FORTES à des gens sur des cartes postale savamment choisies..... mais c t sous enveloppe !

Sinon…. des cartes postales pour dire des conneries et des fadaises... genre "vacances super ! on bronze sur la plage !" … j'en suis incapable !!! Jamais fait ça de ma vie !!
(on me l'a assez reproché de pas respecter "les convenances carte-postalières" dans mon jeune temps !! )

Donc j'aurais pas pu faire la consigne…..
 

Où alors trouver ces cartes avec filles à gros nichons et gros culs et…. écrire dans ce style….
 
Mais on va encore dire que je pense qu'à ça !!!

  

On mettait le timbre sur la face illustrée à l'époque? Je n'avais jamais remarqué ça !!! faudra que je regarde mieux les vieilles cartes postales !

Quoiqu'il en soit, une bien belle carte et un texte fort et percutant dont l'effet est renforcé par la brièveté du texte.   

Moi j'aime ta carte, et je me ficherai de savoir si le facteur l'a lu.
Sinon j'ai la nostalgie du timbre à vingt centimes de francs !!!
Et puis tes explications complètent bien ta carte.

Un beau graphisme et toute une histoire, individuelle et collective, sur cette carte postale. Que de choses à lire et à deviner en aussi peu de mots !

Très dure et dramatique cette carte, et pourtant oh combien hélas très réaliste dans des périodes sombres. Tu as bien fait de le rappeler pour me faire prendre conscience que la carte postale, ce n'est pas seulement pour de "belles vacances blanéaires".

Très belle carte qui ne m'est pas apparue d'emblée (manipulation nécessaire pour y parvenir)


 


Quant au texte, il est symbolique d'une époque où  les jeunes hommes étaient forcés à partir gâcher deux ans et plus de leur jeunesse à "pacifier" une population qui rêvait d'indépendance...

Encore une histoire d'amour ratée, saleté de guerre !
Beau poème Alainx, j'aime  

"Demain, je pars pour l'Algérie. Ton pays. Je pars à la guerre. Je vais peut-être tuer certains des tiens. C'est terrible !"
Tu aurais pu écrire aussi:

Demain je vais peut-être , être tué par un des tiens.
Pauvre Fatima...

L'absurdité de la guerre est bien là "je vais peut être tuer l'un des tiens" alors que je t'aime. Qui n'a pas entendu parler d'un soldat tombé amoureux d'une femme en pays ennemi ? Moi, si. Et finalement c'est tant mieux : un homme avec un fusil a quand même un cœur et cela permet de garder l'espoir.