- Dis ?
- Oui ?
- Tu crois qu’ils vont revenir ?
- De qui ?
- Ben, ceux qui habitaient ici, ceux qu’on a délogés.
- Ah. Je pense pas.
- Ah bon, pourquoi ?
- Ils ont rejoint les cieux… À vrai dire, c’est un peu à cause de nous.
- Je ne pensais pas que ça pouvait se finir comme ça…
- Ah bon ? Et tu pensais que ça se finirait comment ?
- Ben mieux, j’aurais aimé qu’ils ne nous aient pas entendus…
- Parce que tu crois que personne d’autre que nous ne peut nous entendre ?
- Je l’espérais.
- Tu sais, les échos crèvent même les cieux… Entends-tu le gros rocher, en bas, au milieu de la grotte ?
- Oui, bien sûr.
- Tu l’entends, pourtant il n’est pas comme toi. Il semble être né d’ailleurs, mais cela ne t’empêche pas de l’entendre.
- Oh, je comprends. J’entends aussi un caillou aussi bizarre que ce gros rocher et que cette grotte. Toi aussi tu l’entends, n’est-ce pas ?
- Oui bien sûr, c’est vrai qu’il est étrange… D’habitude, les cailloux sont différents. On dirait que c’est un caillou qui n’a pas encore était poli par le vent, ou plutôt qu’il a été écorché en reliefs polis…
- Oui, moi aussi j’entends ces reliefs que le vent n’avait jamais façonnés…
- On dirait qu’il est formé de quatre branches qui n’ont pas la moindre courbure – étrange, cette nature aux formes plates – deux sont de taille identique – pourquoi la nature fait-elle donc deux choses identiques, ça ne sert à rien d’avoir deux fois la même chose – une autre branche entre les deux, et celle qui lui est opposée est la plus longue…
- Quel est donc cet étrange caillou ? Tu crois que c’en est encore un de ces animaux sourds ?
- Oui, je pense.
- Mais ça leur sert à quoi ?
- Je crois que c’est pour suivre les papillons…