Sur le pont du bateau qui nous emmène...
15 juillet 1962
Akram, mon frère, mon copain
Tout est fini.
Les hommes, Musulmans, Européens,
Sont devenus fous...
Nous, toi, moi, plus jamais, on ne causera
D'avenir, de quand on sera grands.
Et qu'on sera toujours des copains...
Et mon Papa ne dit rien,
Il pleure en regardant s'éloigner
A tout jamais les côtes de l'Algérie.
Et Maman, à genoux sur le pont du bateau,
Elle prie .
Dieu et Allah nous ont-ils abandonnés ?
Mais que pouvaient-ils
Devant tant de violence
De part et d'autre ?
Tous ces morts, tous ces massacres...
Toute cette haine.
Un mur est dressé entre nous .
Nous, Européens d'Algérie,
Vous, Algériens de souche,
Nous allons payer chèrement
La folie des hommes,
Toi, Akram, musulman, fils d'Ali le maçon
Moi Hamin, pied-noir , fils d'Antoine le mécano.
Je ne sais pas ce que la France va faire de nous,
Sais-tu ce que va devenir votre Algérie ?
Mais je sais, tu sais,
Nous savons qu'un jour,
Sous ta fenêtre ou la mienne,
Au bruit du sifflet, on se reconnaitra …
J'aurais tant voulu rester.
Si Dieu le veut, Inch Allah,
Ce n'est qu'un au revoir, Akra,
Un jour,on se reverra...
On se rappellera
Qu'on a bien pleuré, et bien rigolé !