Kaléïdoplumes 2 : 2010 / 2013
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 La quête

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MessageSujet: La quête   La quête I_icon_minitimeJeu 12 Aoû 2010 - 20:50

LA QUETE

Le jeune homme se réveilla en sursaut. Il ouvrit les yeux dans l'obscurité de la petite tente. Dehors le silence de la nuit n'était brisé que par le bruit régulier des vagues venant se briser sur le sable. Il n'avait pas besoin de sortir pour voir le lent moutonnement de l'écume venir mourir à quelques mètres de sa tente. Il est resté un long moment immobile à écouter les battements précipités de son cœur se mettre lentement à l'unisson des battements des flots. Il lui fallait se calmer avant tout.
Lorsque les deux battements ne firent plus qu'un et qu'il eut retrouvé le souffle calme du dormeur il s'extirpa en souplesse de son duvet et ouvrit la fermeture éclair de la tente. La lueur laiteuse de la lune éclaira un bref instant une forme allongée à ses côtés. Mais c'est sans un regard pour elle que le jeune homme se glissa hors de la tente et s'assit au bord de l'eau. Selon leur puissance les vagues venaient lui lécher les pieds ou au contraire s'arrêtaient à quelques centimètres de lui. Le visage tourné vers le large le jeune homme était indifférent au superbe panorama qui s'étendait devant lui. Cette nuit-là il ne pouvait pas s'enthousiasmer devant l'écrin des montagnes légèrement voilées par la brume qui enserrait une eau sombre éclairée par un croissant de lune si lumineux qu'on pouvait se déplacer sans lumière. Il ne le pouvait pas pour la simple et bonne raison qu'il ne voyait pas ce splendide panorama. Non, sur sa rétine restait fixée l'image qui, une fois de plus, l'avait tiré brutalement du sommeil.
Cette image que jusqu'ici il avait toujours réussi à chasser de sa mémoire sitôt réveillé ne voulait pas en cette chaude nuit d'été le laisser tranquille. Elle était comme incrustée sur sa rétine et s'imposait à lui, avec une brutalité et une évidence inouïes et bouleversantes. Cette fois-ci il ne pouvait pas la renier. Cette fois-ci il ne pouvait pas faire comme si de rien n'était.
C'était désormais une évidence: il allait devoir faire avec cette image, il allait devoir la prendre à bras-le-corps, il ne pouvait plus reculer.
Il se redressa d'un bond et dressé face à la mer il murmura: « C'est l'heure de vérité... Je vais savoir... ».
Après avoir balayé d'un regard conquérant le paysage environnant il retourna se glisser dans son duvet. Il lui fallait dormir un peu, les journées à venir risquaient d'être longues et éprouvantes.
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MessageSujet: Partie 1   La quête I_icon_minitimeJeu 12 Aoû 2010 - 20:51

- Je dois savoir, tu comprends?
- Mais tu dois savoir quoi?!
La jeune fille qui venait de lancer cette question leva en même temps les yeux au ciel d'un air exaspéré. L'air vibrait de la tension qui régnait entre les deux personnes, pourtant seules sur une plage de sable immense. Le jeune homme était debout, les cheveux en bataille, l’œil exalté et légèrement cerné par la courte nuit qu'il venait de passer. Il martelait ses mots avec conviction.
- Je dois savoir ce que veut dire ce rêve qui me hante depuis des années. Je dois savoir à quoi correspond cette image qui me réveille si souvent.
- Mais enfin, Olivier, ce n'est qu'un rêve! Ça ne veut probablement rien dire du tout...
- Ce n'est pas qu'un rêve, Maria, j'en suis sûr!
La jeune fille poussa un long soupir exaspéré et s'adressa à son interlocuteur sur le ton patient et résigné d'un adulte face à un gamin qui fait une fixette sur une broutille.
- Olivier mon amour, lorsqu'on voit des choses dans son sommeil, c'est précisément ce qu'on appelle un rêve. Ton... image, et elle prononça ce nom avec une moue boudeuse et sur un ton légèrement ironique, n'est donc qu'un rêve. Et par définition le rêve ne correspond pas à une réalité. Tu ne peux donc pas retrouver cette image. Tu comprends?
- C'est toi qui ne comprends pas! S'exclama le jeune homme d'une voix soudain rauque. Dans ses yeux brillaient désormais une petite flamme vacillante, celle de la déception et de l'incompréhension. Il semblait soudain réaliser que personne ne le prendrait jamais véritablement au sérieux si même Maria, sa compagne de toujours, ne comprenait pas son besoin impérieux de retrouver cette image. Et sa tâche en prenait une ampleur encore plus grande. Un lourd silence tomba sur la plage. La jeune fille resta un long moment à contempler le jeune homme, et devant l'air résolu et buté de ce dernier elle finit par laisser exploser sa colère et sa rage;
- Alors c'est comme ça? Tu fais un cauchemar, ou un rêve, comme tu voudras, au milieu de la nuit et le lendemain matin tu me déclares la bouche en cœur que finalement plutôt que de visiter tranquillement ce pays censé être le berceau de ta famille, famille dont tu ne sais rien ou presque, je me permets de te le faire remarquer, tu as décidé de partir en quête d'une image vue dans un rêve!!! Et moi je dois suivre bien sagement, en bon petit toutou bien dressé?! Sa voix montait dangereusement dans les aigus sans que cela ne semble perturber outre mesure le jeune homme qui désormais lui tournait le dos. Olivier, je te parle!
- Je t'entends Maria, je t 'entends... La voix était lasse et résignée. Avec un léger soupir le jeune homme se retourna vers son interlocutrice. Elle était une véritable allégorie de la colère et de l'indignation se dit-il.
- Et donc? Persifla Maria.
- Et donc... il me paraît évident que tu n'es pas prête à m'accompagner dans cette quête.
- Excellente déduction, jeune homme, ironisa Maria.
Impassible, en apparence du moins, Olivier poursuivit:
- J'en déduis donc que c'est ici que nos chemins se séparent. Tu vas poursuivre ta visite de ce beau pays, ou rentrer au bercail, je ne sais... Et moi, je vais ….
- retrouver cette image?! La stupeur se mêlait à l'indignation et à la rage dans la voix de la jeune fille.
- Oui, Maria, répondit le jeune homme sur un ton très doux, je vais retrouver cette image et avec elle des nuits calmes et des jours apaisés.
- Mon pauvre, siffla la jeune fille, tu es complètement cinglé. Et sur ces mots elle se rua dans la tente pour rassembler ses affaires et elle partit en trombe, comme une furie, laissant seul le jeune homme et sa tente.
Si elle avait pris le temps de se retourner une dernière fois elle aurait vu le désarroi envahir son compagnon et peut-être qu'attendrie elle serait revenue sur ses pas, mais la colère qui l'habitait était telle qu'elle n'eut pas même un regard pour celui qu'elle laissait derrière elle et dont elle pensait qu'il venait de la sacrifier, elle et ses vacances, à une vague lubie.
Le jeune homme se retrouva donc seul, avec pour tout bagage un sac de sport, une vieille tente et une quête à accomplir.
Par où allait-il commencer?
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MessageSujet: Partie 2   La quête I_icon_minitimeJeu 12 Aoû 2010 - 20:52

- Ce sera tout Monsieur? Un grand cahier à spirales, trois crayons à papier, une gomme et une carte de téléphone internationale?
- Oui, merci.
Le jeune homme paya sous l’œil surpris de la caissière. Alors qu'il enfournait ses achats dans un sac plastique elle lui posa la question qui lui brûlait les lèvres:
- Vous préparez déjà la rentrée des classes?
Avec un léger sourire amusé, le jeune homme lui répondit:
- Non... et après un léger temps d'hésitation, ou plutôt oui...
Et il partit laissant la caissière héberluée derrière lui. Après tout, songeait-il, elle n'avait pas entièrement tort. La quête dans laquelle il venait de se lancer était pour lui comme une première rentrée des classes. Il ne savait pas où il allait, il ne savait pas qui il allait rencontrer, il ne savait pas ce qu'il allait découvrir...
Quelques mètres plus loin il s'attabla à un café et commanda un jus de fruits pressés et un sandwich.
Puis il sortit le grand cahier à spirales qu'il venait d'acheter et un crayon à papier. Lorsque sa commande fut arrivée, et seulement à ce moment-là, il ouvrit le cahier et commença à dessiner à grands coups de crayon amples et réguliers. Lentement mais sûrement apparut sur la feuille un paysage ensoleillé. Au bout d'un long chemin de terre, bordé par une nature quelque peu livrée à elle-même, se dressa bientôt un portail en fer forgé à demi ouvert. On devinait sur la grille comme un blason héraldique mais il était difficile de dire avec précision quels étaient les éléments de ce blason. C'est comme s'ils avaient été rongés par le temps et l'usure. Derrière le portail s'ouvrait une longue allée dallée, assez large pour une voiture, avec un renfoncement latéral dans lequel on aurait pu sans trop de difficultés garer deux voitures. Mais pour l'instant seul un vélo d'enfant y était négligemment posé sur le sol, comme jeté par un enfant pressé de rentrer à la maison prendre son goûter après un après-midi de jeux. Au bout de l'allée, sous un auvent, s'étendait une large terrasse sur laquelle trônait une longue table rectangulaire en bois, une de ces tables qu'on ne peut voir sans aussitôt s'imaginer de grandes tablées joyeuses et familiales. On pouvait deviner un jardin derrière la terrasse, à gauche. Une porte d'entrée en bois orné d'un vieil heurtoir en bronze trônait, en digne maîtresse de maison, sur la droite de la terrasse. Et derrière, se devinait la masse imposante et rassurante d'une grande demeure en pierre dont les volets étaient clos pour se protéger de la chaleur extérieure.
Le jeune homme avait le coup de crayon sûr. Il ne s'arrêta que lorsque l'ensemble du décor fut planté. Il mordit alors dans son sandwich, contemplant d'un œil pensif son dessin. Pour la première fois il voyait vraiment, dans la réalité, et non dans un de ses rêves / cauchemars habituels, l'image qui le poursuivait depuis des années, depuis ses huit ans réalisa-t-il soudain.
Et pour l'instant cette image était tout ce qu'il avait pour commencer sa quête.
Il lui fallait trouver cette maison, savoir à qui elle appartenait et pourquoi il en avait une image aussi nette. Parce qu'il en était certain, cette maison existait et il y avait vécu, ou au moins passé du temps. Lorsqu'il la dessinait il lui semblait sentir l'odeur de la terre surchauffée par le soleil et les senteurs du jardin lui avaient envahi les narines...
Le jeune homme but une gorgée de jus de fruits, mordit une nouvelle fois dans son sandwich tout en se balançant légèrement sur sa chaise. Ce dessin il allait devoir le montrer aux gens qu'il allait croiser au cours de sa quête, mais tel quel il était incomplet... Devait-il ou non ajouter l'élément manquant? Devait-il transformer ce paisible paysage en scène d'angoisse?
Il prit le crayon, le reposa sur la table, joua avec son verre, reprit le crayon, le garda en l'air un instant et finit par ajouter au pied de la grande table en bois, sur la terrasse, un couteau de cuisine gouttant sur le sol pour le gommer aussitôt après, rageusement, en murmurant sourdement « Non, non, ça ne sert à rien de le mettre... ça n'aidera pas les gens à reconnaître le lieu.... ».
Il referma nerveusement le cahier et finit son sandwich perdu dans des pensées qui devaient être bien sombres au vu du mordillement nerveux des lèvres qui les accompagnait.
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MessageSujet: Partie 3: le grand cahier à spirales   La quête I_icon_minitimeJeu 12 Aoû 2010 - 20:53

Sur la première page un dessin.
La page suivante est vide.
Page 3, des mots griffonnés au crayon à papier: rêve, maison, mort, parents, Maria.
Les pages suivantes sont plus complètes.

«Le 15 août.

Je m'appelle Olivier. Depuis l'âge de huit ans je fais toujours le même rêve, ou plutôt cauchemar. J'ai décidé de percer le mystère de ce rêve il y a peu.
Voilà maintenant trois semaines que j'ai commencé ma quête, et je commence à désespérer.
J'ai pour seul indice cette maison que je vois toujours dans mon rêve et pour l'instant je n'ai croisé personne à qui mon dessin rappelle un lieu connu.
Et si Maria avait eu raison? Si ce n'était qu'un rêve et pas un souvenir de mon passé?
Non, ce n'est pas possible, ce rêve est trop réel pour n'être qu'un simple rêve, et puis il revient si souvent....
Je suis sûr qu'il est l'explication... l'explication à ce vide dans ma mémoire concernant les huit premières années de ma vie, l'explication à cette absence totale de souvenirs.
Je me suis toujours demandé qui étaient mes parents, où ils étaient et pourquoi personne ne m'en parlait jamais. Il a toujours plané un lourd voile de mystère sur leur disparition. « Ils ont eu une fin tragique », c'est tout ce qu'on me disait quand je posais la question. Je pensais que ma famille d'accueil n'avait pas plus d'informations alors je n'ai jamais vraiment insisté, mais là, avec le recul, je me rends bien compte qu'ils faisaient tout pour changer de sujet de conversation quand j'abordais ce thème. Et ce que je lisais dans leur regard s'apparentait plus à de la peur qu'à de la pitié pour un pauvre orphelin....
Pourquoi m'ont-ils caché ce qui s'était réellement passé?
Pourquoi mon rêve me laisse-t-il toujours angoissé et terrorisé au réveil?
Pourquoi est-ce toujours la même image qui m'arrache brutalement du sommeil, ce gros plan sur ce couteau dégoulinant de ce qui semble bien être du sang, sur la terrasse, au pied de la grande table?
Pourquoi la maison de mes rêves est-elle toujours si silencieuse? On dirait un cimetière...
Et quel rôle ai-je joué dans tout ça moi, l'enfant à qui on ne veut pas dire comment sont morts ses parents?
Pourquoi m'a-t-on fait suivre par un psy pendant des années sans me demander mon avis et sans jamais me donner la moindre explication?
Serait-il possible que j'ai une part de responsabilité dans la fin tragique de mes parents? »
Une série de points d'interrogation clôt la page 4.

Les pages suivantes ont été arrachées.
Le cahier reprend aux alentours de la page 10.

« 25 août.
Aujourd'hui j'ai croisé un vieil homme à qui j'ai montré mon dessin. Il ne lui rappelait rien, mais il m'a dit: « ça ressemble aux vieilles maisons de famille qu'on trouve sur l'île là en face... »
Et puis il m'a demandé pourquoi je montrais ce dessin à tout le monde. Je lui ai expliqué brièvement, et pour la première fois j'ai trouvé quelqu'un prêt à m'écouter et à me croire...
Il m'a proposé de m'emmener sur son bateau de pêche sur l'île demain matin.
Et en partant il a eu cette question lumineuse: « Et pourquoi tu ne vas pas voir ce qu'il y a te concernant dans les dossiers de l'organisme qui t'a pris en charge après la mort de tes parents? Tu es majeur désormais, tu devrais pouvoir y accéder... »

Comment n'ai-je pas pensé plus tôt à cette possibilité? Comment n'ai-je pas eu l'idée d'exploiter cette piste? Ce que je peux être stupide parfois!
Et puis je vais commencer par retourner dans ma famille d'accueil et cette fois-ci je ne les laisserai pas éluder la question.
Il faut que je sache! J'ai le droit de savoir, c'est mon histoire après tout!
Demain je vais sur l'île.
Après je file à V. pour voir et ma famille d'accueil et les dossiers de l'organisme.
Pour la première fois l'horizon s'éclaircit un minimum...
Peut-être n'aurai-je pas perdu Maria en vain.... »
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MessageSujet: Partie 4   La quête I_icon_minitimeJeu 12 Aoû 2010 - 20:53

- Allo?
- Allo Maria?
- Olivier? Le ton était incrédule.
- Oui, Maria, c'est moi. Il ajouta très vite: S'il te plaît ne raccroche pas.
- Qu'est-ce que tu veux?
- Maria, je voudrais te voir. Ma quête touche à sa fin et j'ai besoin de t'en parler. Accepterais-tu de prendre un verre avec moi demain soir dans notre petit café habituel?
Un long silence tomba, chargé de doutes et d'inquiétudes. Finalement Maria accepta la proposition d'Olivier. Le rendez-vous fut fixé à 19h30.

La jeune femme arriva à l'heure pile. Elle aperçut aussitôt Olivier assis à leur table habituelle, celle cachée dans un renfoncement qui permettait de voir toute la salle sans être quasiment vu, celle qui permettait à deux amoureux d'être tranquilles, loin de tout...
Maria ne put retenir un mouvement de surprise en revoyant Olivier. En l'espace de quelques mois il avait énormément maigri, lui qui au départ n'était déjà pas bien gras. Dans son visage émacié ce qu'on remarquait en premier c'étaient les grandes cernes noires qui couraient sous ses yeux, immenses lacs bleutés empreints d'une infinie tristesse, pour ne pas dire d'un grand désespoir. Où était passé le jeune homme plein d'enthousiasme et d'énergie qui l'avait séduite quelques années auparavant? Où cette quête insensée l'avait-elle mené? Il semblait rongé par un mal profond et sournois...
Elle s'approcha de la table et s'assit.
- Bonsoir Olivier.
- Bonsoir Maria, merci d'être venue.
- Je n'ai pas longtemps à te consacrer. Ce soir mes parents reçoivent et ils souhaitent que j'assiste à la réception.
- Je ne serai pas long, ne t'inquiète pas.
- Vas-y, je t'écoute.

Après un instant d'hésitation, presque de recueillement, le jeune homme se lança.
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MessageSujet: Partie 5   La quête I_icon_minitimeJeu 12 Aoû 2010 - 20:54

- J'ai retrouvé la maison de mon rêve. Ce n'était pas un simple rêve, c'était bien une réalité. Tu vois ce dessin (et il sortit de son sac un grand cahier à spirales qu'il ouvrit à la première page), c'est ce que je vois dans mon rêve. Ça te dit quelque chose?
La jeune femme se pencha sur le dessin un bref instant puis leva un regard surpris sur son interlocuteur.
- On dirait notre maison de vacances sur l'île, tu sais, celle où nous allons tous les étés depuis que j'ai neuf-dix ans...
- Cette maison-là? Répondit le jeune homme en posant une photo couleurs à côté du dessin du cahier.
La ressemblance entre les deux était flagrante, frappante même. On aurait pu croire que le dessin était le noir et blanc de la photo. Maria ne put que remarquer cette similitude, et sa surprise fut telle qu'elle en sursauta. Olivier lui laissa le temps d'encaisser le choc, puis lorsque les grands yeux verts de la jeune fille cessèrent leur va-et-vient affolé de la photo au dessin et du dessin à la photo pour se lever, interrogateurs, vers lui, il reprit d'une voix calme et posée.
- La maison de mon rêve et ta maison de vacances sont une seule et même maison. Voilà des années que je rêve de cette maison, ou plutôt que j'en cauchemarde... parce que vois-tu le dessin est incomplet, il y manque là, sur la terrasse, au pied de la grande table, un couteau dégoulinant de ce qui pourrait bien être du sang. Pendant des années ce couteau m'a terrorisé. Je savais qu'il s'était passé quelque chose de terrible mais je ne savais pas quel rôle j'avais joué dans cette tragédie. Les seules informations qu'on m'avait jusqu'ici données étaient cette petite phrase: « Tes parents ont eu une fin tragique »... Un peu maigre hein?
- Oui, murmura Maria.
- Quand je suis arrivé sur l'île et que j'ai montré mon dessin à un vieux pêcheur en train de ravauder ses filets sur le port, il a aussitôt reconnu la maison. Et son premier réflexe a été de se signer... Tu sais comment les habitants de l'île appellent ta maison de vacances? … « La maison des morts »... Et tu sais comment ils ont surnommé votre famille? …. « Les fossoyeurs ».
D'un simple geste de la main il arrêta la jeune femme qui s'apprêtait à faire éclater sa colère et son indignation.
Chut... Écoute-moi, tu vas vite comprendre. Le vieux pêcheur m'a raconté qu'il y a des années de ça, lorsque j'avais sept-huit ans, vivaient dans cette maison une famille composée des parents et de leur fils, un petit garçon prénommé Olivier. Et un beau jour, un voisin venu apporter des figues fraîches trouva la maison étrangement silencieuse, avec la porte d'entrée entr'ouverte. Aucune trace de quiconque. Seul le vélo du petit garçon était jeté dans l 'allée à l'endroit où son père avait l'habitude de garer sa voiture. Aucune voiture de visible. Aucun bruit. Le voisin pensa d'abord poser simplement son panier de figues sur la grande table de la terrasse, ce ne serait pas la première fois, mais au moment de repartir il marcha sur un couteau tombé au sol, un couteau dégoulinant de sang.... Après le premier moment d'effroi, le voisin appela la police et attendit sur place son arrivée. Les policiers fouillèrent la maison et trouvèrent les corps des deux parents lacérés de coups de couteau, celui-là même sur lequel le voisin avait trébuché sur la terrasse. Mais de l'enfant nulle trace. C'est la dame qui venait faire le ménage une fois par semaine qui eut l'idée d'aller voir dans une des cachettes du petit. Et on retrouva un petit garçon couvert de sang recroquevillé au fond d'une vieille armoire du grenier. Il ne parlait ni ne pleurait. Il se contentait de regarder fixement devant lui. État de choc ont dit les médecins.
- Ce petit garçon c'était...?
- C'était moi, oui. Une enquête a été ouverte mais personne n'avait rien vu ni rien entendu. Les seules empreintes trouvées sur l'arme du crime étaient les miennes, et le sang dont j'étais couvert était celui de mes parents. Et je n'avais aucun souvenir de ce qui s'était passé. Les , policiers ont écarté la possibilité que ce soit moi le meurtrier, les coups étaient trop profonds et portés trop haut, si je me souviens bien de ce que disait le rapport d'autopsie. Quelques semaines plus tard ton père s'est présenté sur l'île et a fait une offre pour la maison, une offre ridiculement basse mais qui pouvait paraître intéressante au vu du drame qui s'y était déroulé. Et c'est ainsi qu'il devint propriétaire de votre maison de vacances.
Le silence tomba sur la petite table. Le jeune homme but une gorgée de la limonade qu'il avait commandé, poussa un léger soupir puis reprit:
« Tu dois te demander pourquoi je te raconte tout ça, hein? Et bien vois-tu lorsque le vieux pêcheur m'a raconté toute cette histoire j'ai vite compris que le petit garçon et moi n'étions qu'une seule et même personne. Je suis ensuite allé voir ma famille d'accueil pour avoir de plus amples renseignements. Voyant ce que j'avais déjà découvert ils n'ont pas fait de difficultés pour me laisser consulter mon dossier, celui que le centre leur avait remis quand il m'avait confié à eux. C'est là que j'ai pu lire le rapport d'autopsie ainsi que les différents éléments de l'enquête policière. J'ai été soulagé de voir qu'effectivement je ne pouvais pas être l'assassin... mais je ne comprenais toujours pas pourquoi je continuais à faire ce cauchemar de façon récurrente, et surtout pourquoi je me réveillais avec cette sensation d'angoisse et d'insécurité. Du coup j'ai continué à fouiner un peu partout, et j'ai fini par retrouver l'agent immobilier qui avait fait la vente de la maison. Il m'a appris que ton père avait déjà essayé d'acheter la maison, deux mois avant le drame, mais que mes parents lui avaient opposé une fin de non-recevoir. Et d'après lui la réaction de ton père avait été plus que violente... Et c'est pour ça que j'ai voulu te voir. Après mûre réflexion j'ai décidé de demander que l'enquête soit réouverte, en apportant comme élément nouveau la déclaration de l'agent immobilier que la police n'avait pas interrogé au moment du drame. Et ma demande a été acceptée, et de ce fait ton père devient le principal suspect de ce double meurtre...
- Mon père?! Tuer des gens à coups de couteau, mais tu es fou!
- Non, Maria, je cherche juste la vérité. Et je ne voulais pas te prendre en traître...
- Mais tu es un traître, tu es pire que le chien qui mord la main qui l'a nourri. Ça fait des années que tu connais mon père, des années qu'il fait preuve à ton égard d'une gentillesse et d'une générosité sans égards et toi tu lui colles les flics au cul....
- Pourquoi est-il si gentil, Maria? Et pourquoi ne m'a-t-il jamais invité dans votre maison de vacances malgré tes demandes? Maria, comprends-moi, il y a trop de zones d'ombre pour que je puisse rester les bras croisés... Je dois savoir....
- « Je dois savoir, je dois savoir », c'est tout ce que tu sais dire. Et bien sais déjà une chose; toi et moi c'est fini, inutile d'essayer de me recontacter. Tu es le dernier des salauds.
Et dans un grand mouvement qui fit basculer au sol sa chaise la jeune femme se précipita hors du café.
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madeleinedeproust
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MessageSujet: Partie 6   La quête I_icon_minitimeJeu 12 Aoû 2010 - 20:55

Deux ans plus tard.

Entrefilet des pages locales d'un grand quotidien.

« Le grand entrepreneur F. vient d'être reconnu complice d'un double meurtre perpétré il y a des années sur l'île et qui n'avait jusqu'ici jamais été élucidé. Il aurait en fait commandité l'assassinat des personnes habitant une maison qu'il convoitait comme résidence secondaire. C'est l'arrestation du meurtrier qui a permis d'éclaircir toute l'affaire. »

Le jeune homme assis à la table cachée dans un renfoncement du café replia lentement le journal, paya son café et quitta l'estaminet. Sa quête venait d'arriver à son terme. Désormais il pouvait commencer à vivre.
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catsoniou
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MessageSujet: Re: La quête   La quête I_icon_minitimeVen 13 Aoû 2010 - 7:03

On lit "La quête" d'un bout à l'autre sans ennui .
Comme dans un roman policier, tu as campé les protagonistes de cette étrange quête-enquête.

La ténacité avec laquelle Olivier a su réunir les ingrédients nécessaires à sa recherche est digne de Hercule POIROT !

Le suspens est maintenu d'un bout à l'autre de cette étrange affaire et donne toute sa puissance à la chute .

Seule critique si je peux me permettre : dommage que les épisodes successifs n'aient pas été espacés comme le proposait Admin, mais tu as certainement tes raisons.

Conclusion, madeleinedeproust a toujours autant de talent salut bas bravo! bravo! bravo!
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Amanda
Modératrice
Amanda



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MessageSujet: Re: La quête   La quête I_icon_minitimeMar 17 Aoû 2010 - 15:56

Je suis restée scotchée à mon écran, Madeleine.
Quelle imagination !
Quelles richesses que tes descriptions de lieux, de personnages et de faits et gestes !

Au début, on peine à y croire à ce rêve et puis habilement il rejoint la réalité quand vient s'y infiltrer le rachat de la maison par le père de Maria.

C'est très bien mené !

Mais, comme Catsoniou, j'aurais préféré le lire en épisodes, juste pour le jeu du suspense.
Mais tu as sans doute tes raisons !

En un mot comme en cent : bravo
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Feuille
Modérateur
Feuille



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MessageSujet: Re: La quête   La quête I_icon_minitimeMar 17 Aoû 2010 - 16:45

Mais pourquoi "Le grand entrepreneur F" calimero

Feuille help
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Silhène
Maîtrise le sujet
Silhène



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MessageSujet: Re: La quête   La quête I_icon_minitimeMer 18 Aoû 2010 - 9:44

Au risque de copier sur Amanda et catsoniou, moi aussi j'ai beaucoup aimé ton histoire.
Secret de famille, amnésie suspecte, passé mystérieux, j'adore quel talent !
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sprite
Kalé'reporter
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MessageSujet: Re: La quête   La quête I_icon_minitimeLun 30 Aoû 2010 - 23:19

Et bien Madeleine, quelle histoire! scotchee aussi du debut a la fin.
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pati
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MessageSujet: Re: La quête   La quête I_icon_minitimeJeu 2 Sep 2010 - 11:43

j'aime beaucoup cette quête, ce besoin qu'a ton personnage d'aller au bout de son obsession, comme un besoin vital. et j'aime aussi sa finale, qui tiendrait presque de morale à ton histoire. faire table rase et commencer à vivre, pour de bon.

bravo
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MessageSujet: Re: La quête   La quête I_icon_minitime

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